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Commentaire Littéraire : La Fable

Publié le 17/05/2013

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La fable est un genre ancien qui remonte à l'Antiquité. C'est à l'origine un genre oral qui depuis toujours est le support d'une sagesse populaire. La fable est un court récit en vers d'une légèreté apparente mais qui cache en réalité une réflexion profonde. Elle permet d'échapper à la censure, car la satire est indirectement exprimée. Le fabuliste Jean de la Fontaine est une figure indissociable du classicisme au XVIIème siècle. Il appartient à la branche des Moralistes et insère de ce fait une morale, un enseignement dans la plupart de ses fables. Inspiré par Esope, philosophe grec du VIème siècle avant JC, l'?uvre intégrale de La Fontaine s'étale sur vingt cinq ans. Le texte que nous allons étudier s'intitule Les obsèques de la Lionne, paru en 1694. Il est extrait du deuxième recueil de fables, destiné à Mme de Montespan, maîtresse de Roi Louis XIV. Le ton du fabuliste y est plus sombre et pessimiste et ses morales sont plus politiques et philosophiques que dans son premier recueil. La Fontaine devient l'observateur lucide du monde dans lequel il vit. Il rapporte dans cette fable, quelques portraits de la vie de Cour qu'il a fréquentée. Comment l'art du récit est-il au service de la critique morale et sociale ? Nous analyserons dans un premier temps le dynamisme de la fable qui en fait un récit plaisant. Nous étudierons par la suite la portée satirique de cette fable. La Fontaine a construit sa fable de 55 vers comme une pièce de théâtre, ce qui lui donne un caractère dynamique. Elle est relativement longue, comme le sont souvent les fables du deuxième recueil. Dès le premier vers, la situation initiale est présentée : "La femme du Lion mourut". Elle est rapide et précise, on pourrait la qualifier de scène d'exposition. Cependant, ce premier vers paraît un peu redondant par rapport au titre qui précise déjà la situation : "Obsèques". Ce mot insiste sur la gravité et la solennité de la situation, et nous renseigne sur le rituel funèbre mis en place avec son protocole et son étiquette très stricte au temps de la monarchie absolue : les "prévôts" règlent une "cérémonie" à laquelle "chacun accourt" à l'appel du Prince, la "compagnie" est placée (v. 9-10-11). Le récit suit une progression claire, où l'on peux distinguer deux principales parties : le deuil de la Lionne à la cour (v. 1 à 16) et l...
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« On distingue également le talent dans La Fontaine dans la subtile alternance de r écit et de paroles,   rapport ées au discours direct ou indirect. Toujours  à la mani ère de personnage de th éâ tre, le lion est per çu   dans sa tristesse, puis dans une terrible col ère (v.33  à 38). De plus, on observe une mise en ab îme (le   discours de la Lionne est au sein m ême du discours du cerf) au vers 44 puisque le cerf raconte sa rencontre   avec la Reine, en la "laissant parler" pour donner plus de poids  à son discours.   La r éaction des courtisans est d’ailleurs imm édiate puisqu’ils crient : "Miracle ! Apoth éose !" (v. 50) En   revanche, la d énonciation du comportement du cerf aupr ès du Roi est racont ée au discours indirect comme   pour mieux en souligner le secret : "Un flatteur l’alla dire, et soutint qu’on l’avait vu rire" (v.28­29). L'auteur de cette fable op ère un adroit m élange entre les r éférences au monde humain et celles au monde   animal. On retrouve le monde animal  à travers les noms des personnages : "Lion, cerf, loups", leur lieu   d'habitation : "antre, dans les bois" ainsi que le cri du Lion : "rugit". Cependant, le monde humain prends   rapidement le dessus sur les caract éristiques animales. On observe une personnification des animaux. D ès le   titre, "Les obs èques" ne s'appliquent qu' à des hommes. Au vers 36, le lion est d éfinit avec de "sacr és ongles".

  De plus, le lion a « une femme » comme le cerf qui a aussi « un fils ». Le rapport hi érarchique est  également   conserv és : "roi, reine, prince, pr évôts, courtisans". Le comportement des animaux est semblable  à la   psychologie humaine. Le fabuliste exprime la souffrance, la col ère, la violence et l'autorit é du Lion et le m épris   qu'il  éprouve  à l'égard du cerf trait é de "ch étif h ôte des bois" (v. 33). L'hypocrisie et la m échancet é des   courtisans est mise en valeur, ils ne ratent pas une occasion de d énoncer un autre aupr ès du Roi. On   remarque  également la coquetterie et l'orgueil de la reine qui aime se savoir regrett ée : "Laisse agir quelque   temps le d ésespoir du Roi" (v. 48) renforc é par le rejet au vers 49 : "J'y prends plaisir".  La Fontaine utilise  également des r éférences propre au monde humain. Ainsi, on trouve dans cette fable le   champs lexical chr étien : "saint, profanes, immolez, Salomon, miracles" et pa ïen :  apoth éose". Il ins ère   é galement des termes mythologiques comme "champs Elysiens, les dieux, m ânes".  L'art du r écit qui s éduit autant le lecteur est mis au service de la critique morale et sociale. En effet,   l'implication du fabuliste est tr ès importante dans cette fable. Il intervient fr équemment et prend  à témoin le   lecteur : "Jugez" (v.11). Il fait une digression du vers 17 au vers 23 qu'il souligne avec le vers 24 : "Pour en   revenir  à notre affaire". Il est important de noter qu'il y prend la parole  à la premi ère personne, ce qui est   assez rare dans les fables de La Fontaine : "Je d éfinis" (v.17). L'auteur commente aussi son r écit  à travers de   remarques subtilement ins érées "Comment e ût­il pu faire ?" (v.25) ; "comme dit Salomon (v.30) ; "mais ce   cerf n'avait pas accoutum é de lire" (v.32).  Quelques fois, il ins ère un commentaire ironique par le choix habile d'un mot plut ôt qu'un autre : les   Courtisans qu'il appelle "messieurs les courtisans " qui "rugissent en leur patois" (v. 16). Ces remarques   inspire le faux respect, le m épris des gens de cour. Dans sa fable, Jean de La Fontaine fait une lourde critique de la cour et du pouvoir royal. Il condamne   l'absence de sens moral, la servilit é et l'hypocrisie de la cour,  à la fois dans son r écit quand dans sa   digression. Il marque l'opposition de l' être et du para ître dans les vers 19 et 20 : "[...] ou, s'ils ne peuvent l' être,   t âchent au moins de le para ître" qui est mis en valeur par la rime en fin de chaque vers.  Les courtisans sont d ésign és par des m étaphores qui soulignent leur capacit é du faire semblant : "Peuple   singe, peuple cam éléon" (v. 21). Ils sont compar és à "de simples ressorts" (v.23), comme s'ils  étaient des   machines sans esprits ni  âmes. Ils r éagissent en fonction de l'attitude du roi et pleurent ainsi " à son exemple"   (v. 15).

  Il montre aussi l'instabilit é des comportements qui fait de la cour un milieu o ù les changements   d’humeur et de sentiments sont fr équents par la juxtaposition des adjectifs oppos és : « tristes, gais » (v. 18) et   par le chiasme . »

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