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Commentaire littéraire : « Le Pont Mirabeau »

Publié le 13/04/2023

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« Commentaire littéraire : « Le Pont Mirabeau » Deuxiéme poème du recueil Alcools datant de 1913, « Le Pont Mirabeau » est sans doute l’un des poèmes les plus connus de Guillaume Apollinaire.

Sous un titre de carte postale, ce texte aborde un topos de la littérature à savoir la tristesse ressentie après une déception amoureuse (due à la rupture avec la peintre Marie Laurencin) et face au temps qui passe.

Le poème est, néanmoins, singulier par le traitement d’une extrême originalité qu’il donne à ce thème.

En effet, le titre qui prend pour décor le pont Mirabeau et donc l’espace urbain annonce un poème moderne.

Ainsi, on peut se demander en quoi ce poème d’amour assez traditionnel est également un poème moderne et en quoi l’écriture en est originale.

Nous verrons dans un 1er temps comment le poème évoque la rupture avant de montrer en quoi celui-ci se situe entre tradition et modernité. I- L’évocation d’une rupture a) La rupture amoureuse Apollinaire fait de sa rupture amoureuse le sujet de « Le pont Mirabeau ». Pourtant, elle n’est pas annoncée dès le début du poème.

Effectivement, le substantif « amours » apparaît dès le vers 2 accompagné du déterminant possessif « nos » révélant que le sentiment amoureux va être au cœur du texte.

Cette idée est renforcée par le vers 4 : « La joie venait toujours après la peine ».

L’adverbe « toujours » laisse entendre que la félicité prime sans cesse dans cette relation.

Le bonheur est maître du jeu.

C’est un couple uni qui est peint au vers 7 avec une double répétition : « Les mains dans les mains restons face à face ».

Les amoureux en viennent même à mimer le pont Mirabeau avec leur bras tant ils sont fusionnels : « Tandis que sous / Le pont de nos bras passe » (v 8-9).

Cependant, le vers 3 formulé sous forme de question : « Faut-il qu’il m’en souvienne » semble indiquer que la relation que vivait Apollinaire est de l’histoire ancienne puisque le verbe de pensée : « souvienne » implique que parler de cet amour revient à se le remémorer.

En outre, la comparaison du v 13 : « L’amour s’en va comme cette eau courante » montre que cette passion passe de la même manière que l’eau de la Seine s’écoule.

Le poète, grâce à la paronomase « la vie est lente », « violente » aux v 15 et 16, dévoile son souhait de voir cet amour perdurer.

La diérèse sur « violente » met d’ailleurs en exergue la souffrance d’Apollinaire.

Pourtant, la dernière strophe traduit la fuite de l’amour qui s’en est effectivement allé comme le poète l’annonçait déjà au vers 13.

Le parallélisme de construction : « Passent les jours passent les semaines » du v 19 dévoile l’impact du temps sur la peine d’Apollinaire qui finit par se résigner dans les vers 20 et 21, résignation visible à travers le rythme binaire : « Ni temps passé / Ni les amours reviennent.

» b- La rupture poétique La rupture amoureuse s’accompagne d’une rupture poétique.

Si nous observons avec attention la construction du poème, il est notable que chaque strophe est composée de trois décasyllabes.

Néanmoins, Apollinaire fait le choix de l’originalité en divisant le deuxième décasyllabe en deux vers, l’un de 4 et l’autre de 6 syllabes générant une dislocation du vers.

De plus, il y a une répétition aux v 1 et v 22 : « Sous le pont Mirabeau coule la Seine » qui est assez surprenante.

Le poème respecte une certaine chronologie puisque les deux premières strophes correspondent à l’amour vécu avec Marie Laurencin, la strophe 3 à la rupture et la strophe 4 à la résignation du poète.

Cependant, la répétition du premier vers vient rompre cette chronologie.

Le lecteur s’attend, à sa lecture, à ce que la première strophe soit répétée pour créer une forme de boucle mais seul le premier vers clôt la strophe et laisse place au refrain.

Enfin, la rupture poétique est visible à travers l’absence de ponctuation.

Les vers défilent les uns après les autres sans que rien ne puisse.... »

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