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Comparez les textes de Madame de Sévigné, Lettre à Madame de Grignan, et de Choderlos de Laclos, Lettre 1, Les Liaisons dangereuses.

Publié le 31/08/2014

Extrait du document

choderlos

Le rapport mère-fille est un rapport infantilisant. Cécile apparaît en effet comme une jeune fille sous l'influence maternelle; il est à cet égard significatif de noter que le substantif «Maman« n'apparaît qu'en fonction sujet dans les phrases (« Maman m'a dit «l« Maman me fait dire«) : Cécile ne décide de rien et est dépendante des ordres maternels. Elle est ainsi tenue à l'écart des négocia­tions sur son mariage (« Voilà toujours un nom«) et ne reçoit aucune éducation sociale. Cécile dispose donc de son « temps «, qu'elle ne sait comment remplir (« il ne tiendrait qu'à moi d'être toujours sans rien faire«). Lautonomie et la liberté apparentes que semble offrir Madame de Volanges à sa fille (« elle (Maman] me traite beaucoup moins en pensionnaire que par le passé« ; «j'ai une chambre et un cabinet dont je dispose«) ne sont qu'un leurre : elles font de Cécile une jeune ingénue livrée à elle-même et 

choderlos

« Chapitre 5 L.:épistolaire Cependant, une différence est à noter.

La jeune Cécile Volanges semble ne faire aucun cas de l'existence de son amie, pourtant restée au couvent(« comme je n'ai pas ma Sophie pour causer et pour rire »l.

Les peu nombreuses occurrences des marques de la deuxième personne («te dire »l soulignent l'égocentrisme enfan­ tin de Cécile, qui ne se soucie guère de ce que son ancienne amie de couvent éprouve ou ressent.

Excitée par son nouveau mode de vie, Cécile en oublie d'être attentionnée et compatissante à l'égard d'une amie restée« pensionnaire» et pri­ sonnière de la« Mère Perpétue».

Elle s'enferme donc dans un babillage de collé­ gienne au moi hypertrophié.

À l'inverse, la fonction conative du langage est très présente.

Madame de Sévigné, en mère aimante, interpelle sans cesse sa fille chérie afin d'obtenir de ses nouvelles («Trouvez-vous toujours que le Rhône ne soit que de l'eau ?»l.

Aux abondantes marques de la première personne, répon­ dent donc les marques tout aussi présentes de la deuxième personne.

Alors que la lettre de Cécile tourne au soliloque égocentrique, la lettre de Madame de Sévigné révèle une mère aimante et attentionnée.

Cécile de Volanges et Madame de Sévigné présentent néanmoins un fort point commun : elles se dessinent comme des femmes apeurées, qui écrivent sous le coup d'une forte émotion.

La forte présence d'une ponctuation expressive renforce la valeur expressive des missives.

Les exclamatives (texte 1 : «quelle lettre!»; texte 2 : «Oh! Je crois que c'est lui »l disent la terreur qui saisit les deux femmes; de même, les interrogatives (texte 1 :«n'avez-vous point été effrayée d'une mort si proche et si inévitable?»; texte 2 :«Si c'était le Monsieur?») soulignent leur désarroi et leur incompréhension face à une situation qu'elles ne maîtrisent pas.

Cependant, cette peur a des causes divergentes et s'exprime avec une intensité différente dans les deux lettres.

Madame de Sévigné ne cesse de crier sa frayeur quand elle a appris qu'elle avait failli perdre sa fille.

La lettre est ainsi dominée par la présence d'un champ lexical de la peur, placé sous le signe de l'hyperbole («effrayée, frémir, peur, je ne soutiens pas cette pensée, frissonne, sursauts, effrayée, dangers>>) et par une multiplicité d'exclamatives, qui montrent que Madame de Sévigné revit son angoisse en écrivant.

Cette peur, cette terreur même, témoigne de l'amour intense éprouvé par Madame de Sévigné pour sa fille : les termes affectifs abondent pour qualifier Madame de Grignan («Ma bonne'») et l'expression prépositionnelle «pour vous>> dit la dévotion et la passion mater­ nelles.

Cécile, elle, est effrayée à l'idée de rencontrer le mari que sa famille lui destine.

Les signes physiques du trouble s'emparent d'elle dans un premier temps («la main me tremble et le cœur me bat») mais c'est finalement la curiosité et l'excitation qui l'emportent sur la peur.

Ainsi, l'asyndète(« Oh! Je crois que c'est lui! Je reviendrai sûrement te raconter ce qui se sera passé »l révèle la multipli­ cité de gestes désordonnés et anarchiques d'une jeune fille hâtive de découvrir ce que le mariage signifie; de même, le passage de l'appellatif froid et impersonnel («le Monsieur>>) à une nomination personnelle(« C'est M.

C*** [...]Voilà toujours un nom >>l montre que Cécile s'habitue et est moins effarouchée à l'idée d'être prochainement mariée à un homme qu'elle ne connaît pas encore.

Madame de. »

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