Devoir de Philosophie

Condé à la représentation de Cinna

Publié le 09/02/2012

Extrait du document

10 octobre 1640. - Les cochers et les laquais mènent grand bruit aux abords de l'Hôtel de Bourgogne. Les carrosses encombrent les rues; les chevaux impatients frappent le pavé; et, quand une chaise à porteurs essaie de se frayer passage à travers tant de bêtes et de gens, ce sont des cris, des apostrophes, des rires. Des rires surtout : ne faut-il pas que le menu peuple s'amuse, pendant que la fleur des beaux esprits se donne le noble plaisir d'écouter les vers de Corneille? L'affiche arbore en effet cette annonce: ....

« accablé Cinna par la révélation du complot, après avoir lutté contre les ~;ésolutions d'une juste colère, Auguste prononce ces mots : Je suis maître de moi comme de l'univers; Soyons amis, Cinna, c'est moi qui t'en convie, Condé baisse la tête comme accablé par la grandeur morale de cette scène; quand il 'la relève, son visage est inondé de larmes.

Nul ne lui demande la cause d'une émotion qu'il ne cherche pas à contenir.

Aussi bien, ~ile paraît naturelle dans un gentilhomme de son âge, que les plus rares qualités d'esprit et de cœur prédisposent à comprendre, à admirer l'idéale beauté dont rayonne le caractère d'Auguste.

: Le duc d'Enghien a dix-neuf ans; il vient de terminer ses études au cours ~esquelles les soins intelligents de ses maîtres et la sollicitude éclairée de ~on père ont développé en lui les ressources d'une nature admirablement ~puée 1.

Il est ardent, enthousiaste pour les actions d'éclat; l'héroïsme I!émeut; les calculs égoïstes ne sont pas encore venus glacer les généreuses spontanéités de son âme.

Ses études classiques l'ont accoutumé d'ailleurs à considérer les Romains comme les types d'une vertu surhumaine.

Sur la scène du théâtre de Bour­ gogne, c'est toute la Rome de Tite-Live qui prend vie à ses yeux, éclate en héroïques maximes dont l'emphase même semble ajouter à la ressemblance de l'évocation.

A cette âme née guerrière, qu'attendent la gloire et les rudes émotions des .

batailles, rien n'apparaît plus grand que la victoire dans les luttes morale&; or quelle victoire est celle d'Auguste! Depuis vingt ans, il comble de bienfaits Emilie et Cinna, ses assassins d'aujourd'hu.i; il vient de confier le plus intime de ses projets à deux traîtres qui répondent à sa confiance par une perfidie hypocrite; et quand il tient en sa main le sort des conspi­ rateurs démasqués; quand il serait facile, juste, expédient peut-être de frapper les coupables, l'Empereur réprime ses projets de vengeance, com­ mande à son cœur irrité, et, s'élevant au-dessus de la justice, atteint l'hé­ roïsme de la clémence : Soyons amis, Cinna, c'est moi qui t'en convie.

Quelle victoire, fût-ce celle de Rodrigue sur les Maures, ou celle encore ~'Horace sur les Curiaces, vaut ce pacifique triomphe? Et comment ne pas se rappeler le mot de l'Ecriture : « Celui qui dompte son cœur est plus grand que celui qui prend des villes » ? Condé ne se demande pas si l'idée du pardon est venue spontanément à Auguste ou si l'intervention de Livie en a diminué le mérite.

Le pardon a éclaté généreux et il a jeté repentants, sur les degrés du trône, Emilie et Cinna qui s'étaient fait une gloire de leur crime.

En triomphant de lui-même, Auguste triomphe aussi de ses ennemis.

La pensée de Condé ne s'éleva-t-elle pas en ce moment à ces révoltes fatales où la noblesse_ de France s'était heurtée contre l'inflexible rigueur dont Ric~e- 1.

·cc.

Duc n'AuMALE, Histoire du Grand Condé.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles