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CONTEXTE LITTÉRAIRE DU NATURALISME

Publié le 31/12/2019

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Cette volonté n’a pas été comprise. Madame Bovary, par exemple, a été mise en accusation, nous l’avons vu, pour « délits d’outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs. » Dans son réquisitoire, le substitut Pinard attaque, plus largement, la littérature réaliste, en s’appuyant sur la morale chrétienne, « fond des civilisations modernes », et conclut :

« L’art sans règle n’est plus l’art; c’est comme une femme qui quitterait tout vêtement. Imposer à l’art l’unique règle de la décence publique, ce n’est pas l’asservir, mais l’honorer. On ne grandit qu’avec une règle. »

Ces caractéristiques vont aussi être celles du roman naturaliste qui va subir les mêmes attaques de grossièreté, de vulgarité, de mauvais goût que le roman réaliste. En 1860, on proscrit de façon générale l’imagination déformatrice, on aspire à plus de réalité, mais on juge excessive, voire scandaleuse, la place donnée au corps et à la sensation qui prennent le pas sur l’analyse psychologique traditionnelle ; on trouve aussi excessive la place donnée à la vie quotidienne des petits bourgeois provinciaux ou des « basses classes » (voir, sur ce point, les jugements donnés ci-dessous en Annexes).

Ce sont pourtant les sujets que vont privilégier les naturalistes.

Profusion des types de romans

Le roman remonte à l’Antiquité gréco-latine, c’est donc un genre très ancien. Mais on ne le considère pas comme un genre sérieux. Il n’a été codifié par aucun art poétique, comme la Poésie ou la Tragédie (ce que fait, entre autres, Boileau dans son Art poétique}.

Le roman n’est pas tributaire d’une écriture spécifique ou de conventions comme la poésie. Il n’est pas soumis à des nécessités d’espace ou de temps comme le théâtre. Il est à la fois récit, descriptions, dialogues. Il mélange tous les tons, tous les genres, tous les niveaux de langue. C’est une forme libre, que l’on ne peut pas définir, ce qu’affirme Maupassant en tête de l’importante étude dont il fait précéder Pierre et Jean (1888) :

« Le critique qui, après Manon Lestant, Don Quichotte, Les liaisons dangereuses, Werther, Les Affinités électives, Clarisse Harlorve, Émile, Candide, Cinq-Mars, René, Les Trois Mousquetaires, Mauprat, Le Père Goriot, La Cousine Bette, Colomba, Le Rouge et le Noir, Mademoiselle de Maupin, Notre-Dame de Paris, Salammbô, Madame Bovary, M. de Camors, L’Assommoir, etc., ose encore écrire : “Ceci est un roman, et cela n’en est pas un”, me paraît doué d’une perspicacité qui ressemble fort a de l’incompétence. »

De nombreux types de romans fleurissent au XIXe siècle : roman noir ou gothique (au tournant du siècle, sur le modèle du roman noir anglais), roman historique (influencé par Walter Scott), roman psychologique, roman d’aventures, roman pour la jeunesse, roman de science-fiction, roman-feuilleton, roman policier (qui naît sous le Second Empire avec le développement des grands centres urbains et le refoulement des classes

« Le roman naturaliste est un des nombreux types de roma ns q ui caracté risent la seco n de moitié du siècle .

Zola, son principal théoricien, l 'a défini par rap port et par oppositio n aùX autre s formes romanesques qui c onn aissaient alors du succès.

Il nous faut donc, d'abord, dresser un bref panoram a du roman du XJX• siè cle pour comp rendre contre qu oi s'affirme le roman naturali ste et pourquo i il a fini par l'emporter, au point que nou s pensons, plus d'un siècle apr ès, qu'il était la seule form e de roman dans la deuxième moitié du siè cle.

Ce qui est faux .

E n fait ,-le roman naturaliste s'est imposé difficile­ ment.

li a été violemment critiqué à son époque par c e ux qui détenaie nt le pouvoir littéraire : cri tiques , r evues, institutions comme l'Université ou l'Académie.

Précisons seuleme nt que Zola s'est présenté près de vingt foi s à l'A cadénùe franç ais e, sans succès.

Il n'a par­ fo is o bte nu auctme voix.

Mais ont été élu s, aux fauteu ils vacants, d es écrivains dont nous ne connaissons même plus le nom! Zo la choq uait, nous verrons en quo i.

Le roma n r éalist e, puis le roman naturaliste ont été, parfois, menacés par la jus tice et la censu re.

En 1857 , Madame B ov ary a été pou rsuivi po ur « atteintes aux bonnes mœurs et à la religion ».

En 188 4, Louis Desprez est conda mné à un mois de prison et à 1 000 francs d'amende pour Auto11r d'im clocher, écrit e n co llab oratio n avec Henry Fèvre.

Zola a dû inter­ rompr e la pub lication de La Cu rée dans le journal La Cloche, ce qui lui a inspiré une violente l ett re o uverte dans laque lle il dénonce l'absence de liber té de la presse et de la littérature.

La publication de UAssommoir, commencée dans Le Bien p1~blic, a été interrompue à cause de la polémique que l'œuvre sus ­ citait : à droite on r eproch ait à Zola sa trivialité, voire sa pornographie, à gauche on l'accusa it de salir le. »

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