Devoir de Philosophie

Corneille des romantiques

Publié le 22/10/2012

Extrait du document

corneille
Fiche de lecture : Corneille des Romantiques Catherine Lanne (n° étudiant : 10803611) Textes réunis et présentés par Myriam Dufour-Maître et Florence Naugrette, Corneille des Romantiques, Mont-Saint-Aignan : Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2006, 313 p., EAN 9782877754125. Les actes des communications présentées dans cet ouvrage prennent place dans le cadre d'une réflexion beaucoup plus vaste sur la réception de Corneille et de son oeuvre : en janvier 2002, un colloque intitulé « Corneille après Corneille « avait examiné la réception ambigüe et complexe de l'oeuvre de Pierre Corneille, depuis sa mort en 1684 jusqu'à 1791, date de la suppression de la Comédie Française. Le parallèle entre Corneille et Racine deviendra, dès la fin du XVIIe siècle, une topique de la critique littéraire dont la fortune ne cessera plus, mais l'opposition entre « l'héroïsme aristocratique « cornélien et la « sensibilité « racinienne jouera plutôt en défaveur de Corneille qui apparaitra comme un « poète froid «. De plus, son théâtre subira l'influence des nombreux partis pris de l'édition commentée par Voltaire : le répertoire joué se limitera désormais à ses quatre grandes tragédies et le reste de son oeuvre subira une relative désaffection, malgré les interprétations du critique Lekain qui valorisait les irrégularités mêmes de l'oeuvre. En 1984 déjà, à l'occasion du troisième centenaire de la mort du dramaturge français, la fortune de Corneille auprès de la génération romantique avait fait l'objet d'un colloque qui avait abordé la réception de son oeuvre à l'aune de la connaissance et l'influence croissantes de Shakespeare, de l'invention du drame romantique et des batailles qu'il engendre, de la popularité du mélodrame et de l'inscription des « auteurs français « dans les programmes d'enseignement. Ainsi, cette étude Corneille des Romantiques s'inscrit-elle très naturellement dans la lignée de ce précédent colloque, et se donne pour tâche d'explorer la fortune de Corneille et de son oeuvre auprès des auteurs romantiques, selon quatre grandes directions qui structurent l'ouvrage. L'introduction annonce d'emblée le caractère fragmentaire de cette étude, aisément justifié par la nature même de l'ouvrage puisqu'il s'agit d'un compte-rendu de colloque réunissant les actes des différentes communications. Ainsi, le thème principal est abordé sous divers angles de vue, par des auteurs fort nombreux : cette multiplicité des approches apporte une grande richesse à cet ouvrage fort intéressant et permet au lecteur de se forger une idée précise et très étayée de la réception de Corneille à l'époque romantique. La première partie, intitulée « Corneille et ses lecteurs romantiques «, aborde l'oeuvre du dramaturge à travers la lecture qu'en ont fait plusieurs auteurs romantiques, et la façon dont celle-ci a nourri leur poétique. Elle est constituée de six articles qui présentent chacun le rapport particulier entretenu par l'auteur en question avec l'oeuvre de Corneille. À travers les pièces de théâtre, analyses critiques et autres textes de Dumas, Barbara T. Cooper examine sa profonde admiration pour l'auteur dramatique et analyse l'influence du théâtre cornélien sur sa propre production littéraire, et plus particulièrement sur l'écriture de sa tragédie « à l'antique...
corneille

« • Françoise Court-Pérez s'efforce de montrer combien les feuilletons dramatiques de Théophile Gautier ont contribué à placer Corneille parmi les auteurs de génie, aux côtés de Shakespeare et Lope de Vega ; ses « beautés choquantes » l'érigent d'ailleurs en moderne avant l'heure, précurseur des romantiques dans la voie d'une dramaturgie libre.

• Bouleversé par les interprétations de Rachel du répertoire cornélien, Alfred de Musset rend hommage au génie de Corneille dans un article intitulé « De la tragédie » ; Sylvain Ledda souligne la finesse d'analyse de Musset qui, rompant avec l'opposition traditionnelle entre classiques et romantiques, voit dans le dramaturge français le premier peintre cet « homme seul » qu'est l'homme moderne. • La prédilection marquée d'Alfred de Vigny pour « l'homme de pensée » qu'est Corneille nourrit sa réflexion sur l'idéal associé à l'histoire antique, et justifie qu'il revendique son appartenance à la même « famille héroïque », selon l'expression de Lise Sabourin, où la morale de l'honneur s'exprime par une poésie épique et dramatique du devoir. • Ironiquement surnommé le « Corneille du Boulevard », Pixerécourt va revendiquer ce titre et chercher dans la tragi-comédie cornélienne une noble ascendance au genre mélodramatique qu'il a créé ; cette récupération du nom de Corneille est l'occasion pour Olivier Bara de mener une réflexion intéressante sur l'histoire littéraire comme instance de légitimation ou d'exclusion. • Yvan Leclerc propose de revenir sur l'Éloge de Corneille composé par Flaubert à l'âge de dix ans : hommage précoce autant qu'ambigu puisque le jeune auteur subvertit le genre académique de l'éloge, allant jusqu'à renverser le parallèle canonique entre Corneille et Racine. La deuxième partie du recueil réunit trois articles sous le thème fédérateur de « Corneille, héros de théâtre romantique » : il s'agit d'une approche fort originale du rapport paradoxal qu'entretiennent les auteurs romantiques avec le « père de la Tragédie française », puisqu'elle s'effectue par le biais de pièces mettant en scène le grand dramaturge.

Emblème d'un classicisme qu'ils rejettent, Corneille n'en est pas moins l'incarnation du génie luttant contre les règles, prônant l'imitation face à l'invention, et finalement le type même du héros de théâtre romantique. • Les hommages à Corneille ont parfois pris la forme de courtes pièces dont le dramaturge était le héros : ainsi l'ébauche de Corneille, écrite en 1825 sur le modèle de La Galerie du Palais , permet à Victor Hugo d'expérimenter quelques-uns des principes qu'il formulera un an plus tard dans la Préface de Cromwell ; Georges Zaragoza montre aussi le lien étroit qui unit le politique et le poète chez Corneille amorce et nourrit la réflexion de Hugo. • Jean-Marie Thomasseau s'intéresse à l'à propos joué avant la représentation de Rodogune au second Théâtre-Français le 6 juin 1823 ; sous un hommage assez convenu à Pierre et Thomas Corneille qui exalte l'affection et la complicité intellectuelle des deux frères, Romieu et Monnières se livrent en fait à un pastiche de Sertorius afin d'orienter vers une lecture plus politique de leur pièce. • Dans une étude générale sur la réception de la figure de l'écrivain dans le théâtre du XIX e siècle, Roxane Martin analyse la quinzaine de pièces mettant en scène l'auteur du Cid : celui-ci apparaît toujours comme un écrivain courageux bravant l'autorité politique, la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles