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Les Romantiques ont mis Corneille fort au-dessus de Racine. Comment vous expliquez-vous cette préférence ?

Publié le 12/02/2012

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corneille

Introduction. - La gloire de Corneille et de Racine a subi en France maintes fluctuations. La mobilité du goût français, a-t-on pu dire à ce sujet, oscille sans cesse entre l'apologie. et le dénigrement. De leur vivant déjà, on opposait ces deux rois de notre scène et l'on prenait parti pour l'un contre l'autre. Mme de Sévigné ne souffre pas que l'on puisse comparer à son «vieil ami« l'auteur d'Andromaque. La Bruyère, dans son fameux parallèle, tout en s'efforçant de tenir la balance égale, penche visiblement pour Racine. Au xviiie siècle, le célèbre Commentaire de Voltaire semble faire loi; on ...

corneille

« Scott ouvre aux Frangais les tresors inexploites de leur histoire; Lope de Vega leur transmet le mepris des regles.

N'a-t-il pas declare que, lorsqu'il commengait une comedie, son premier coin etait d'enfermer les preceptes a six clefs?...

Qu'est-ce que Cervantes, sinon un e grotesque ) genial? Dante est l'Epopee faite homme; n'y aurait-il pas place pour repopee comme pour 'le lyrisme dAns le nouveau drama? Manzoni est le tombeur des trois unites, it etablit qu'elles nuisent a la verite historique autant qu'a la verite psycho-logique.

Le drame nouveau sera le resultat de touter ces conceptions.

Il utilisera l'histoire et renoncera a la legende; it la concevra, a la ma- niere de Michelet, comme une resurrection.

Done reconstitution exacte des milieux, des époques, des costumes...

de la vie en un mot, dans toute sa corn- plexite, son mélange de sublime et de grotesque; introduction du lyrisme et de l'epopee qui ont droit de cite au theatre; personnages choisis dans tons les milieux, foules intervenant sur la scene; suppression des unites de temps et de lieu; seule l'unite d'action, ou, plus exactement, d'interet, a sa raison d'etre; elargissement du vocabulaire, assouplissement du vers.

Mais ces theories ne vent pas sans quelque incoherence.

Victor Hugo, apres avoir pose cette double equation : etre lyrique = etre soi; etre dramatique = etre Les autres, est mal fonde a reclamer l'introduction du lyrisme dans le drame.

Ne signalons que cette anomalie; it en est d'autres. II.

- L'on comprend maintenant pourquoi Racine ne pouvait etre per- sona grata dans les cercles romantiques.

Sou époque, sa personne, son oeuvre, repugnent a nos e bousingots ).

Le a Louis quatorzieme ) a cesse de .plaire.

Musset raille e ennuyeux pare de Versailles ), Rousseau a substitue aux jardins de Le Notre les pares a l'anglaise; les palais royaux sont desertes pour les chateaux moyenageux, les burgs du Rhin ont seduit les imaginations; Notre-Dame de Paris fait palir Saint-Sulpice; la cour, e temple de l'etiquette, a fausse l'art de Racine,, affirme Stendhal; l'epopee napoleonienne rejette dans l'ombre la gloire du 4 Roi Soleil ).

Racine courtisan, historiographe; Racine ami et disciple de Boileau; Racine transfuge du theatre; Racine contempteur de Corneille, ne pouvait inspirer la sympathie a des gens pour qui le mot e perruque constituait la plus sanglante injure.

Et par la on entend designer tout ce qui a subi l'influence du gait classique.

Le grand tort de Racine, aux yeux des romantiques, c'est d'avoir ete la plus parfaite incarnation du classicisme.

Il est le nourrisson de la sacro- sainte antiquite; ii est epris de simplicite et se vante de faire quelque chose de rien; it meprise dans le drame ce qui ne s'adresse qu'aux yeux et aux nerfs; le monde exterieur n'existe que dans ses recits; it est l'homme des regles; it ne vent etre que dramatique, c'est -A-dire 4: les autres ) et se garde, comme d'un crime de lese-beaute, de temperer de lyrisme, de grotesque, la majeste tragique : it la vent integrate, dans l'action, dans la langue, dans le vers; ii est l'esclave des bienseances...

Et comme on ne prete qu'aux riches, on lui attribue genereusement tout ce qui deplait dans la tragedie tradi- tionnelle.

II devient, ce noble poke - ce a divan poete ), dira V.

Hugo - le bone emissaire des claqueurs d'Hernani.

C'est sa faute si chaque heros est flanque d'un confident; c'est lui qui a introduit an theatre ces amours Ian- goureux, ces propos trop galants qui font de la tragedie. »

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