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Publié le 06/02/2013

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Ce poème daté de 1924, est placé dans le recueil Capitale de la douleur, il est le quatrième de la seconde section « Mourir de ne pas mourir «. Eluard écrit un recueil évoquant presque entièrement, le voeu d'arrêter le temps pour pouvoir tenir entre ses bras sa bien-aimée pour l'éternité. Beaucoup d'importance est accordé aux sens et en particulier au regard, dans Capitale de la douleur. D'autre part, l'artiste insiste sur le fait que les deux amants ne ressentent pas le besoin de se toucher ou de se parler pour s'aimer. Il leur suffit de se contempler pour trouver dans les yeux de leur partenaire la force de vivre, tout en s'aimant à la fois. « L'Amoureuse « fait partie des poèmes qu'a écrits Eluard pour surmonter la douleur d'un amour agonisant qu'il subissait en assistant aux infidélités de sa femme Gala avec son ami Ernst, peintre dadaïste. Comme l'ensemble des poèmes de la section dont il fait partie, « L'Amoureuse « défini la rupture du lien amoureux, et particulièrement la période qui a suivi cette rupture, toutes ces nuits de réflexion et de solitude passées à méditer sur la fin d'un amour auquel il tenait réellement. A la lecture de ce poème, on doit comprendre que le poète nous révèle qu'il souffre et que la manière qu'il a choisi pour guérir cette souffrance est l'écriture. Eluard a songé de nombreuses fois à abandonner d'écrire mais y a renoncé car c'est en écrivant qu'il combat et tente de vaincre ses échecs. Dans « l'Amoureuse «, l'artiste nous narre une histoire amoureuse dont on ne peut faire disparaître le souvenir. Capitale de la douleur est souvent comparé aux Fleurs du mal de Baudelaire, car la ressemblance de « L'amoureuse « avec le poème « Hymne « est ...

« perdu à jamais nul part.

Les noms « pierre », « ciel », « lumière », « soleils » introduisent le champ lexical de la nature qui se réfère au lyrisme et à l’expression des sentiments par la nature.

L’oxymore « rêves en pleine lumière » montre qu’Eluard n’a pas besoin d’être couché et seul pour rêver de Gala, il le fait même en plein jour, sans en être forcément conscient.

L’image poétique « Font s’évaporer les soleils » fait partie des images révélant l’imaginaire et le Surréalisme, car le fait que le soleil s’évapore est improbable ; de plus, il existe un seul soleil et non pas « les soleils ».

Les deux derniers vers évoquent une fois de plus des oppositions : « pleurer » et « rire », « Parler sans avoir rien à dire ». Après « paupières » et « yeux » on note une seconde fois « yeux » ce qui intensifie le fait que le poète soit obsédé par la femme, les yeux de Gala sont un miroir et une source de vie dans lesquels il puise la lumière.

L’état de la femme « les yeux ouverts » entraîne une conséquence chez Eluard, elle « ne [le] laisse pas dormir ».

Gala le poursuit, même s’il ferme les yeux et qu’elle n’est plus là.

Il continue de voir même en dormant, projetées sur ses paupières -qui jouent le rôle d’écran- des images de la femme qu’il aime.

Eluard vit par ses yeux, mais fait aussi appel au toucher avec l’expression « Elle a la forme de mes mains » pour la reconnaître, car l’amour l’a rendu aveugle.

La particularité de la vision de la femme est qu’elle est intérieure, c’est une rêverie qu’il est le seul à pouvoir voir. La longueur des vers octosyllabiques, inférieurs aux alexandrins témoignent d’une rupture de relation amoureuse anticipée.

La première strophe est très personnelle au poète, c’est son imagination.

Quant à la deuxième strophe, c’est la représentation de la réalité, la réalité qui est pour Eluard : la solitude.

L’opposition « pleurer et rire » renforce le fait que l’artiste ne sait plus où il en est, jusqu’à ne pas savoir exprimer les sentiments adaptés à la situation dans laquelle il se trouve, il se demande s’il doit rire, ou pleurer, en repensant à son bonheur.

La construction anaphorique désignant l’Amoureuse par le pronom « Elle » porte une accusation sur la femme qui a rompu.

Il ne peut se défaire de Gala et n’arrive pas à l’oublier, c’est ce qui le pousse à imaginer, jusqu’à dépasser le réel.

Eluard marque un parallélisme entre un monde imaginaire présent dans son souvenir, et une femme réelle qui n’est plus présente.

L’expression « Elle s’engloutit dans mon ombre » peut sous-entendre un désir sensuel de Gala dans une position allongée, dans l’obscurité.

Le poète entreprend d’accumuler des images, ce qui produit une logique surréaliste.

Eluard écrit un poème novateur en utilisant les principes des images et du Surréalisme, mais cela reste tout de même une œuvre traditionnelle ou l’on retrouve le lyrisme.

Eluard n’est pas anarchique et structure son œuvre de façon à ce que le regard de la femme aimée justifie la conception de son monde. Il veut se projeter dans le futur mais se fait rattraper par son passé qui le poursuit, lui renvoyant des anciennes images de bonheur et le remonte dans le temps, le descendant à la fois dans une solitude des plus profondes.

Le poète est triste, pensant au passé, d’autant plus que la femme aimée a disparu, qu’il est seul et parle à présent pour ne rien dire, car elle ne l’écoute plus.. »

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