Correction sonnet XIV Problématique : Ce sonnet célèbre-t-il la force vitale de la passion, ou bien celle de l’écriture ?
Publié le 11/12/2023
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«
Correction sonnet XIV
Problématique : Ce sonnet célèbre-t-il la force vitale de la passion, ou bien
celle de l’écriture ?
I.
Un chant d’amour et de deuil
A.
La plainte amoureuse
- Champ lexical de la tristesse : « larmes », « sanglots et soupirs »,
« regretter »
- Amour = mélange d’émotions intenses et contradictoires (parallèle
possible avec sonnet VIII) : bonheur et malheur sont suggérés par
la proximité des mots « larmes » et « heur » ; le je poétique adopte
une attitude changeante : il souhaite à la fois « larmes épandre, / A
l’heur passé avec toi regretter » et « aux sanglots et soupirs
résister »
- L’énonciation lie un « je » et un « toi » > poème visiblement adressé
à un être aimé
B.
La force de la passion
- Cet amour est absolu : v.
8 la restriction et l’hyperbole mettent en
relief le caractère essentiel de la passion ; voir aussi la polysémie du
verbe « comprendre »
- Cette passion obsessionnelle tend alors à l’abstraction : le
destinataire s’efface dans les tercets, centrés davantage sur le je
poétique, mais aussi sur la notion de mort qui apparaît.
En effet, s’il
ne peut plus montrer « signe d’amante », le je poétique perd sa
raison de vivre
C.
Le tragique
- Forme d’urgence et de menace découle de l’anaphore de « Tant
que »,
conjonction
introduisant
plusieurs
subordonnées
circonstancielles de temps rythmant les quatrains et créant un effet
d’attente qui ne se voit résolu qu’au v.
9 > proposition principale
courte mettant en valeur le verbe « mourir », où l’adverbe
« encore » évoque un sursis.
- Annonce du thème de la dégradation physique liée au passage du
temps : reprise des éléments cités dans les quatrains (yeux, voix,
main, esprit) associés cette fois à l’impuissance (qui contraste avec
le verbe « pouvoir » au futur dans les quatrains)
- La construction du sonnet paraît donc mettre en évidence une
opposition entre un certain espoir, celui d’une attitude active, et le
-
désespoir lié au vieillissement et à la perte des capacités, entraînant
la mort.
La prière à la Mort (v.
14) peut rappeler l’épitaphe finale de l’élégie
II > fort lien entre ce sonnet et la poésie élégiaque
II.
Une prise de distance avec les codes d’écriture masculins
A.
Effacement du destinataire au profit du je
- Un blason revisité : les parties du corps de l’être aimé sont
remplacées par une évocation des parties du corps du je lyrique,
définies non par leur beauté mais par leur puissance.
B.
Affirmation de la puissance du je poétique féminin
- Si le destinataire reste très abstrait (on ne connaît même pas son
genre), on sait que le je poétique est féminin : « signe d’amante »
v.
13 le prouve.
- Contrairement aux codes pétrarquistes, la femme n’est pas l’objet,
mais le sujet de la passion : les quatrains soulignent sa volonté et
son pouvoir > verbes à l’infinitif à la rime
- C’est seulement à partir du moment où le je subit la passion qu’il
souhaite mourir : « mes yeux », « ma....
»
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