Critiques sur les Confessions de Rousseau
Publié le 19/10/2013
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«L'homme de l'âge baroque se plaisait entre l'être et le paraître, mettant à l'un le masque de l'autre. Rousseau, au contraire, se fait un devoir de ne paraître que ce qu'il est, il veut obéir à une vocation de sincérité sans alibi, maintenir son coeur en état d'absolue transparence. Mais cette voie est celle de l'orgueil, la bonne intention n'y est pas récompensée : on risque de s'y perdre, d'être réduit à mentir, d'épouser les ténèbres. D'où la soif lancinante d'une disculpation, qui va de pair avec l'affirmation de l'innocence. Car cette affirmation est pénétrée d'angoisse, bien qu'elle s'appuie sur la persuasion que le moi, s'aimant lui-même sans esprit de concurrence, participe à l'innocence de la nature. Le sentiment de la faute, nié toujours, mais partout diffus, se fixe ici ou là suivant les circonstances ; à chaque instant débusqué par la conscience, mais se reformant toujours au zénith comme un point noir. Rousseau est dans la situation d'un chrétien qui se déroberait à l'action de la grâce (trop humiliante), mais qui demanderait que sa non-culpabilité foncière fût proclamée au siècle des siècles. Il interjette appel devant !'Être éternel, il consent à reconnaître ses indignités et ses misères ; mais c'est pour que les autres en gémissent, en rougissent à sa place. Peut-être que la faute est précisément de se croire sans faute, peut-être que le mal est de se juger incapable d'un mal qui serait spontané. Il est de fait que la délivrance n'est possible, dans le cas de Rousseau, ou le sursis, que par l'oubli, ou par une occultation provisoire d'un moi qui ne se sent plus exister que par ses sensations. «

«
Le rôle du lecteur
« Si je me chargeais du résultat et que je lui dise : tel est mon caractère, il pour
rait croire sinon que je le trompe, au moins que je me trompe.
Mais en lui détaillant
avec simplicité tout ce qui
m'est arrivé, tout ce que j'ai fait, tout ce que j'ai pensé,
tout ce que
j'ai senti, je ne puis l'induire en erreur [ ...
].C'est à lui d'assembler ces
éléments et de déterminer
l'être qu'ils composent : Je résultat doit être son
ouvrage; et s'il se trompe alors, toute l'erreur sera de son fait.» (Livre IV, p.211)
«Dans l'entreprise que j'ai faite de me montrer tout entier au public, il faut que
rien de moi ne lui reste obscur ou caché.
» (Livre II, p.97)
Le destin
« Ma naissance fut le premier de mes malheurs.
» (Livre 1, p.45) «Ma place n'était pas celle qui m'était assignée par les hommes.
»(Livre III,
p.137) «Plus j'y pensais, plus je m'indignais contre moi-même; et je gémissais du sort
qui
m'avait amené là, comme si ce sort n'avait pas été mon ouvrage.
»(Livre II,
p.100)
L'imagination
« Ayant une imagination assez riche pour orner de ses chimères tous les états,
assez puissante pour me transporter, pour ainsi dire à mon gré, de
l'un à l'autre, il
importait peu dans lequel je fusse en effet.
» (p.79) «J'ai donc fort peu possédé, mais je n'ai pas laissé de jouir beaucoup à ma
manière, c'est-à-dire par l'imagination.» (p.55)
La mémoire ou le temps retrouvé
« L'attrait que son chant avait pour moi fut tel que non seulement plusieurs de
ses chansons me sont toujours restées dans la mémoire, mais
qu'il m'en revient
même, aujourd'hui que
je l'ai perdue, qui, totalement oubliées depuis mon
enfance, se retracent à mesure que je vieillis, avec un charme que
je ne puis expri
mer.
» (Livre 1, p.49)
«Près de trente ans se sont passés depuis ma sortie de Bossey sans que je m'en
sois rappelé le séjour d'une manière agréable par des souvenirs un peu liés : mais
depuis qu'ayant passé
l'âge mûr je décline vers la vieillesse, je sens que ces mêmes
souvenirs renaissent tandis que les autres s'effacent, et se gravent dans ma mémoire
avec des traits dont
Je charme et la force augmentent de jour en jour.
Les moindres
faits de ce temps-là me plaisent par cela seul
qu'ils sont de ce temps-là.
Je me
rappelle toutes les circonstances des lieux, des personnes, des heures.
Je vois la
servante ou le valet agissant dans la chambre, une hirondelle entrant par la fenêtre,
une mouche se poser sur ma main tandis que
je récitais ma leçon.
» (Livre 1, p.59)
Amour et transparence*
«Rien de tout ce que m'a fait sentir la possession des femmes ne vaut les deux
minutes que
j'ai passées à ses pieds sans même oser toucher à sa robe.
Non, il n'y a
point de jouissances pareilles
à celles que peut donner une honnête femme qu'on
aime; tout est faveur auprès d'elle.
Un petit signe du doigt, une main légèrement
pressée contre ma bouche, sont les seuls faveurs que je reçus jamais de Mme
Basile, et le souvenir de ces faveurs si légères me transporte encore en y pensant.
»
(Livre Il, p.113).
»
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