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Dans quelle mesure la littérature peut-elle être argumentative ?

Publié le 16/11/2011

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Elle n’est pas accessible à tous, d’un point de vue financier mais surtout d’un point de vue intellectuel. Il faut un minimum de culture et de connaissances afin de comprendre une œuvre. On peut citer, par exemple, Montesquieu, dont le texte extrait de l’essai De l’esprit des lois (1748) (p423) peut être mal interprété et faire penser le contraire de ce que l’auteur veut vraiment. A première lecture, on pourrait penser que Montesquieu est pour l’esclavage alors quand fait, c’est le contraire, il critique les esclavagistes. Il utilise la fausse logique, qui est un procédé de l’ironie. Les procédés ironiques induisent en erreur les lecteurs dans un premier temps, et dans un deuxième temps le lecteur comprend que son erreur l’amène à réfléchir et à adhérer à une thèse. Certains ouvrages argumentatifs sont trop compliqués ; le lecteur les ne comprend donc pas ou rejettent ses œuvres réservées aux élites. La lecture argumentative peut aussi passer par la censure qui est la limitation de la liberté d’expression de chacun. De nombreux écrivains comme Voltaire, Rousseau ou l’abbé Morellet sont soumis à la censure et pouvaient être emprisonnés.

« d'apprendre à élever « son esprit » ; elle sait déjà le faire.

On a donc vu que la littératurepeut être au service de l'éducation en écrivant des traités et des essais sur la meilleuremanière d'éduquer un enfant, le faisant dans la plaisir. Mais la littérature peut aussi proposer une réflexion sur autrui.

Dans le texte de MontesquieuDe l'esclavage des nègres (1748), on assiste à un plaidoyer en défense des esclavagistes« Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves (…) » (l1,p423) pour mieux mettre en valeur le réquisitoire qui est une attaque cinglante contre eux.

Ilavance les arguments des esclavagistes, mais tous ces arguments sont inacceptables etirrecevables.

Par exemple, Montesquieu vise à minimiser le caractère injuste de l'esclavageen soulignant que les princes d'Europe ne se sont pas élevés contre l'esclavagisme « Depetits esprits exagèrent trop l'injustice que l'on fait aux Africains.

(…) ne serait-il pas venudans la tête des princes d'Europe (…) d[e faire une convention] générale en faveur de lamiséricorde et de la pitié ? ».

Ce n'est pas l'esclavage qu'il faut minimiser mais condamnerles princes.

Toute la démonstration se détruit d'elle-même dans le texte.

Par le biais de la« fausse logique », le lecteur doit être convaincu du caractère inacceptable de l'esclavage.Le texte de Jean-Claude Carrière, La controverse de Valladolid (1992), met en scèneSépulvéda et Las Casas.

Ce dernier tente de convaincre le cardinal que les Indiens sont deshommes égaux, en rien différent des chrétiens alors que Sépulvéda veut convaincre ducaractère d'esclaves des Indiens.

Les arguments de Sépulvéda sont contredis pas Las Casas.Par exemple, sur le sujet de la nourriture, Sépulvéda dit qu' « ils mangent des œufs defourmis, des tripes d'oiseaux… », ce à quoi Las Casas répond que « nous mangeons destripes de porc ! Et des escargots ! ».

On peut parler de contre-argumentation dans la mesureoù Las Casas répond aux arguments de Sépulvéda.

Le plaidoyer de Las Casas en faveur desIndiens a le registre polémique.La pièce de théâtre comique de Marivaux L'île des esclaves (1725), met en scène deuxmaîtres avec leurs valets, ayant fait naufrage sur une île, l'île des esclaves.

C'est un endroitoù tous les citoyens sont égaux, où il n'existe pas de souverains.

Cette île est peupléed'anciens esclaves venus de la Grèce.

Les deux maîtres, Iphicrate et Euphrosine doivent alorschanger de position avec leurs serviteurs respectifs, Arlequin et Cléanthis.

Ils se rendrontcompte de la difficulté d'être esclave et, après qu'ils soient redevenus maîtres, ilspromettent de ne plus jamais faire subir cela à leurs valets, les traitants avec plus d'égalité.Dans cette pièce, il est question de nature humaine.

Marivaux, en dénonçant la volonté depuissance, montre qu'il y a un désir de tyrannie chez les hommes.Les fables de Jean de La Fontaine propose de même une réflexion sur l'autrui.

La fable « LeRenard et le Bouc » (p19) est un apologue (petit récit allégorique exposant une véritémorale).

Nous avons d'un côté le Renard fourbe « [Le Renard] était passé maître en fait detromperie » (v4) et le Bouc naïf ; ayant tous les deux soif, ils descendirent dans un puitsmais se retrouvèrent dans l'incapacité d'en remonter.

Le Renard mis en pratique sa stratégie,ce qui rend le Bouc admiratif ; le Renard se trouve arrogant.

La morale « En toute chose ilfaut considérer la fin » (v31) est formulée de manière concise ; le Renard stigmatise lastupidité du Bouc et la référence à l'homme est implicite, à travers une formule quiressemble à un proverbe.

Cette fable illustre la nécessité de bien examiner les conséquencesavant de se lancer dans une aventure.

Nous avons vu, à travers quatre exemples, que lalittérature argumentative permet une réflexion sur l'autrui en s'interrogeant sur la place deshommes dans le monde ainsi que sur leur égalité. Elle se met de plus au service des grandes causes.

Dans le conte philosophique de VoltaireCandide, ou l'Optimiste (1759), il fait la dénonciation de l'esclavage, tel que vu par Candideà Suriname.

Son précepteur lui enseigna que « tout est bien dans le meilleur des mondes »,mais il se rendit compte que cela était faux « il faudra (…) [que] je renonce à tonoptimisme » (l24).On retrouve également la poésie de l'engagement au XX siècle.

On peut citer Paul Eluardavec le poème « Liberté ».

Pendant la guerre, engagé dans la Résistance, Eluard participe augrand mouvement qui entraîne la poésie française, et le poème « Liberté » ouvre le recueilPoésie et Vérité (1942), composé de poésie de lutte ; ils doivent entrer dans la mémoire descombattants et soutenir l'espérance de victoire.

Le poème « Liberté » a été, à l'époque,parachuté dans les maquis.

C'est un poème incantatoire, destiné à être lu et transmisoralement, de façon à frapper les esprits par sa ligne mélodique.Le roman de Zola Germinal (1885), est un plaidoyer en faveur des déshérités et desexploités ; c'est un roman de la lutte des classes et de la révolte social.

Cette œuvre. »

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