Devoir de Philosophie

Dans quelle mesure la télévision a-t-elle modifié « l'aventure » ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

...

I. La télévision redéfinit l'aventure
 
 1. Elle substitue au récit le spectacle du vécu
 
 2. Elle produit des sensations plus qu'elle ne satisfait une soif de connaissances
 
 II. Certains caractères de l'aventure télévisuelle restent pourtant inspirés de modèles constants
 
 1. La plupart des gens vivent toujours l'aventure par procuration
 
 2. L'aventure est toujours le reflet des préoccupations d'une époque
  

« qui plus est, la tradition orale.

Mais si les médias audiovisuels ont métamorphosé la communication de l'aventure,celle-ci semble pourtant conserver des caractéristiques constantes. [ I.

La télévision redéfinit l'aventure ] Comment la télévision a-t-elle modifié notre conception de l'aventure ? Deux principaux traits semblent se dégager :d'une part elle substitue au récit un spectacle, d'autre part elle privilégie les sensations par rapport à la quête deconnaissances. [ 1.

Elle substitue au récit le spectacle du vécu ] Lorsqu'on lisait Jules Verne ou Jack London, les principaux attraits du récit étaient sans doute l'exotisme et levraisemblable, deux qualités littéraires qui peuvent paraître à première vue contradictoires, mais qui se réunissaientpourtant dans des œuvres propres à charmer les lecteurs en les transportant dans des univers inconnus, ou malconnus, tout en leur donnant l'impression qu'ils pourraient s'y trouver à la place du narrateur.

Il en est de même desrelations de voyages des pères jésuites et des nombreux corps expéditionnaires scientifiques des XVIIIe et XIXesiècles principalement.

On était attiré par la Chine, l'Afrique ou l'Océanie, contrées lointaines dont la littérature etles croquis des dessinateurs séduisaient l'imagination du public par leurs imperfections et même leurs partis pris.

Lestémoignages des ethnologues de la première moitié de notre siècle ont joué à peu près le même rôle.

La télévision,quant à elle, ne traite pas du vraisemblable, ni même vraiment de l'exotisme puisqu'elle montre ou prétend montrer laréalité telle qu'elle se présente aux yeux de l'observateur direct.

Les téléspectateurs recherchent avant tout ce queréclamaient les contemporains de Baudelaire dans la photographie : la fascination du réel non remodelé par aucunesubjectivité.

De l'arrangement structuré de la nature, issu des idées classiques, on est passé à l'amour inconditionnédes spectacles épurés et authentiques : « reality shows » et Futuroscope en témoignent.

[ 2.

Elle produit des sensations plus qu'elle ne satisfait une soif de connaissances ] À cette évolution est associée la recherche des sensations.

L'aventure n'est plus vraiment le rêve, c'est-à-dire leplaisir de l'inconnu, voire du surnaturel, mais la transposition de toute cette esthétique de l'imagination dansl'univers des sensations brutes, de l'émotion simple, perçues par un public qui semble vouloir les vivre sansintermédiaire, comme les vivent quelques privilégiés qui ne font en somme qu'en livrer les images et auxquels cepublic s'identifie comme les Anciens aux héros de tragédie ou d'épopée.

L'aventure des autres est-elle encoredidactique ? Certainement plus.

On ne demande plus au récit son mystère, pas plus qu'on n'en recherche un sensprofond : on se laisse fasciner par des images qui n'ont d'autre but que de nous distraire deux ou trois fois parsemaine.

N'importe quel prétexte suffit pour les légitimer, en général les records.

Puisqu'on n'a plus rien à montrer devraiment neuf à des téléspectateurs déjà repus d'images toutes semblables, on change les règles du jeu : il fautqu'un tour du monde à la voile se fasse en 80 jours, une trans-Atlantique en solitaire à l'aviron, bientôt peut-êtreune première himalayenne en bermuda ou un tour de France cycliste avec des roues carrées. [ II.

Certains caractères de l'aventure télévisuelle restent pourtant inspirés de modèles constants ] Mais si les formes de médiatisation de l'aventure ont changé, il semble que le fond soit resté le même, ne serait-ceque par ses caractères sociaux et historiques. [ 1.

La plupart des gens vivent toujours l'aventure par procuration ] On peut remarquer que, contrairement à ce que laisse entendre la démagogie médiatique, l'aventure est restéeréservée aux happy few.

Il s'agit là bien sûr de l'aventure véritable et non de gesticulations audiovisuelles du Paris-Dakar ou d'« Ushuaia ».

Il existe encore des missionnaires dans les pays difficiles, des ethnologues, des hommesd'affaires et des routards qui sont animés d'un véritable esprit d'aventure et qui vivent celle-ci comme une fuite horsdu troupeau en délaissant les caméras, les hélicoptères de secours et Europe-Assistance.

Ceux-là ne font engénéral guère parler d'eux, sauf à la rigueur lorsqu'ils se voient attribuer un prix Nobel de la paix.

L'esprit aventurierne devrait du reste pas se limiter à la quête de contrées éloignées, car on peut manifester une grandeindépendance d'esprit dans son propre pays : le mérite en est même d'autant plus grand que le conformisme ambiantnous en dissuade constamment.

En réalité, il faut distinguer l'aventure recherchée par quelques rares individus etcelle des gens qui s'ennuient.

Les premiers vivent une certaine forme d'opposition au monde en acceptant desrisques ; les seconds cherchent dans l'exemple des premiers la compensation passive d'une frustration.

Au fond, la télévision n'aguère changé ces états d'esprit : ceux qui s'ennuyaient dans les châteaux écoutaient les récits des croisades, etceux qui trouvent monotone la vie du bureau assistent en direct aux exploits océanographiques du commandantCousteau. [ 2.

L'aventure est toujours le reflet des préoccupations d'une époque ] Autre constante de l'aventure : elle est toujours le reflet des préoccupations humaines de chaque époque.

Larecherche de l'objet sacré (Toison d'or, Graal) fut ensuite celle des terres inconnues (de Christophe Colomb à Paul-. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles