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Dans quelle mesure l'humour engagé serait-il un outil de dénonciation social et politique ?

Publié le 17/04/2012

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 Intro : En France pays de démocratie et de liberté d’expression, l’humour a souvent pu devenir une forme de contre-pouvoirs ou de remise en question des valeurs et des normes sociales. Cet humour-là, véritable levier démocratique plus, est appelé « humour engagé «. Pas besoin de faire la guerre, les humoristes mènent un autre combat, presque aussi dévastateur. Leur arme secrète : « faire rire «. 

 L’humour engagé peut intervenir dans un champ d’action très vaste. Il s’illustre dans toute forme d’engagements d’un intellectuel ou d’un artiste, qui prenant conscience de son appartenance à la société et au monde de son temps, renonce à une position de simple spectateur. Il met alors sa pensée ou son art au service d’une cause ou pour critiquer certaines attitudes politiques ou sociales du monde contemporain. Il utilise cette arme qu’est l’humour, pour prendre du recul, et révéler certains aspects de la réalité qu’il ne peut accepter. Racontés avec humour, certains faits deviennent même inacceptables pour le grand public. L’opinion a parfois basculé sous le poids des comiques et du rire.  L’humour est à l’humoriste ce que la musique est aux musiciens. Il le maîtrise pour faire entendre sa voix et pour interpréter sa partition. Son secret à lui, c’est de rendre plaisants et insolites les aspects honteux du système dont il est membre. Il cultive le rire comme d’autres étudient le solfège. Ses deux grands champs d’actions sont le social et le politique. En effet, les critiques humoristiques attaquent directement le pouvoir politique ou les normes sociales. L’humour devient alors une sorte de contre-pouvoir, un outil de  correction des mœurs. Ces deux domaines très distincts laissent le rire s’exprimer à travers un certain nombre de techniques. Cela va de l’activisme des « clowns révolutionnaires « aux caricaturistes, en passant par les Guignols de l’Info sur Canal + et d’autres émissions satiriques. Cependant, l’humoriste professionnel reste le plus apte à faire usage de l’humour pour faire entendre son indignation. Même si les dessins de Plantu ou les marionnettes de Canal + participent à cet éveil des consciences dans la décontraction. Nous allons donc consacrer ce TPE à l’humour engagé chez l’humoriste depuis Molière jusqu’à Coluche et Guy Bedos.

« qui vont entraîner avec eux une foule de comédiens jouant aux noctambules et parasites sociaux, riant d’unecatégorie jusqu’ici sous représentée : l’urbain branché, cultivé mais oisif.

Cegenre de cas de figure, où l’humoriste joue avec les conventions sociales, va se reproduire de plus en en plus avecd’autres comiques qui vont se moquer de nos habitudes parfois ridicules… Gad Elmaleh avec le « pot dans l’entrée ».

Florence Foresti avec « l’avion Barbie » pour les filles, et le « Steak Frittes » pour les garçons.

À l’autre bout duspectre, la compagnie de Jérôme Deschamps et de Macha Makeïeff est parvenue, sous le nom des Deschiens, à fairerire du monde rurale comme de l’indigence sociale et intellectuelle sans sombrer dans la méchanceté gratuite, avecmême une certaine tendresse et une poésie proche de celle de Tati ! B.Historique« Castigat mores ridendo », corriger les mœurs par le rire, nous dit cette citation latine.

On peut y voire un signeprécurseur de ce que va devenir l’humour engagé.

Indiscutablement, si l’humour s’invite dans le social, c’est pourfaire une correction sévère des mœurs de son temps.

Ce principe de remise en question des valeurs n’est passeulement un phénomène récent, fraîchement monté en puissance à la télévision par le biais de jeunes comiques.

Ilest aussi beaucoup plus ancien.

Le penseur grec Aristophane, qui se moquait des puissants de son époque, seraitpeut-être le maître le plus ancien en la matière.

Mais aujourd’hui, l’héritage de cet humour est revendiqué par ceuxqui ont entamé « l’étude des mœurs ».

Une sorte de Comédie Humaine comique, de la fin du XXème à aujourd’hui.Nous connaissons tous Charlie Chaplin et ses nombreuses réalisations cinématographiques, comme les Tempsmodernes.

On peut lui associer un autre cinéaste, Jacques Tati, dont l’humour tendre et grinçant reste aujourd’huiune référence.Lancée par le duo Guy Bedos et Sophie Daumier, au milieu des années 1970, l’étude des mœurs revient à la mode aumilieu des années 1980, sous l’impulsion de Sylvie Joly ou d’Alex Métayer.

Mais c’est véritablement Pierre Palmade,commentateur acide et lucide de ces réunions de famille qui s’éternisent, et de ces épuisantes journées de départen vacances passées dans la voiture, qui en livre l’approche la plus réjouissante.

Seul ou aux côtés de Muriel Robinet Michèle Laroque, Palmade a dressé en un peu moins de dix ans, le portrait robot de toutes ces belles mères quiénervent, de tous ces beaux-frères qui parlent trop et de ces innombrables couples sérieusement au bout durouleau.

Cultes, ses sketches sur le service militaire ou sur la partie de Scrabble en famille qui dégénère sont destableaux grinçants, toujours très justes, de la comédie humaine.

Mais quand nous pensons à humour et à critique social, nous ne pouvons oublier Molière.

En effet, il fut l’un despremiers à oser critiquer les valeurs et les principes d’une société, très souvent hypocrite, sous l’emprise despouvoirs politique, économique et religieux.

Il a reçu quelque hostilité en retour.

Molière affirmait : « Si l’emploi de lacomédie est de corriger les vices des hommes, je ne vois pas pourquoi il y aurait des privilégiés ».

Il s’agit ici d’uneréponse de Molière à l’institution de l’Église qui s’était fortement opposée à la publication de Tartuffe.

Elle y trouvaitune sorte de blasphème, dans le fait que ce soit la comédie qui critique les traditions religieuses.

Mais l’Église n’étaitpas la seule.

D’autres grands intellectuels de l’époque, comme Boileau ont été très déçus par une partie de sesœuvres qu’il jugeait trop populaires.

Lorsque Molière a voulu sortir du registre classique du Misanthrope, on a penséqu’il voulait plaire au « bas peuple » souvent discriminé par les grands de son temps.

Boileau disait dans son ArtPoétique : « Mais son emploi n’est pas d’aller, dans une place, de mots sales et bas, charmer la populace.

»Pourtant, Molière persiste et signe : « Nous avons vu que le théâtre a une grande vertu pour la correction.

Les plusbeaux traits d’une sérieuse morale sont moins puissants, le plus souvent, que ceux de la satire ; et rien ne reprendmieux la plupart des hommes que la peinture de leurs défauts.

C’est une grande atteinte aux vices que de lesexposer à la risée de tout le monde.

On souffre aisément des répréhensions, mais on ne souffre point la raillerie.

Onveut bien être méchant, mais on ne veut pas être ridicule.»Certes, Molière a vécu il y a trois siècles, mais ce qu’il dit est toujours vrai.

Pour le grand public, il faut savoiradapter, et il est vrai qu’une bonne comédie passera toujours mieux qu’un grand discours, parfois démagogique.Aujourd’hui comme hier, les puissants sont toujours déstabilisés par ce fort contre-pouvoir qu’est l’humour.

Ceci esttoujours vrai : les dictateurs ne rient jamais d’eux-mêmes et les régimes totalitaires n’acceptent pas l’humour sousquelque forme que ce soit.Pour illustrer cette forme d’humour engagé au XXème siècle, nous avons étudiés Charlie Chaplin et Jacques Tati.

Nous allons maintenant voir comment l’humour engagé a pu servir de contre-pouvoir politique.

II/ Contre pouvoir politique : A.Historique rapideBeaucoup plus récent que la satire sociale, l’humour comme contre-pouvoir politique est apparu en France avec lapremière vraie démocratie Le XIXe siècle est l’âge d’or des feuilles satiriques.

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A partir de 1848, des individus ont pucommencer à s’opposer à leurs gouvernants et à remettre en cause le pouvoir politique.

On peut voir dans l’humourengagé et politique, un véritable enfant de la démocratie, et toute démocratie peut se féliciter d’avoir permis etparfois soutenu cette liberté.

C’était au départ les dessins de presse épinglant les gouvernants, puis les cabaretsparisiens mettant en scène des chansonniers et imitateurs pour qui les mœurs de la vie politique constituaient lesujet de prédilection.Mais avec la montée des nationalismes et la Grande guerre, au XXe siècle, la caricature se confond avec lapropagande, et se met au service des régimes totalitaires.

Il faudra attendre les années soixante et les événementsde 1968 pour que la satire politique s’épanouisse de nouveau en France.

Avec l’arrivée de la télévision, l’humourpolitique prendra une autre dimension qui souvent permettra de dénoncer la langue de bois.

Pour l’humoristecontemporain Marc Jolivet, « tout comique se doit de s’opposer à toute formes de pouvoirs.

Il doit s’opposer à tousles puissants, de gauche comme de droite, il est là pour tout remettre en question ».

A la télévision, ils sontnombreux à avoir appliqué ce principe : Pierre Desproges, Raymond Devos, Coluche, Guy Bedos ou Thierry LeLuron… Mais aujourd’hui le choix est beaucoup plus vaste.

C’est non seulement les guignols qui investissent le terrainpolitique, mais aussi des humoristes de toutes générations, aux styles très divers qui se relancent dans la grandetradition de la satire politique.

Revues de presse grinçantes et sketches féroces triomphent à la radio, à la TV et. »

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