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Dans quelle mesure peut-on dire que les personnages des contes philosophiques de Voltaire ont le bonheur comme unique objectif ?

Publié le 17/01/2022

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Autres sujets possibles : • Les contes philosophiques de Voltaire sont-ils des récits d'apprentissage? • La critique de la société dans les contes philosophiques de Voltaire. Plan I. Un univers livré au mal : — catastrophes originelles ; — un monde plein de fureur ; — abus politiques ; — abus religieux ; — violences diverses. II. Le voyage comme moyen de trouver le bonheur : — quelques oasis de paix où l'on pressent le bonheur ; — bonheur et connaissance. III. En quoi consiste le bonheur ? — travailler... — sans raisonner sur l'irrationnel ; — aimer ? Introduction « Le bonheur est une idée neuve en Europe », disait Saint-Just : c'est en effet pour la plupart des philosophes du xviiie siècle — ou ce devrait être — la finalité même de la vie. Mais ce n'est pas un « don » que la nature ou Dieu ferait aux hommes. Le bonheur, s'il est accessible, est en effet le fruit d'une conquête personnelle et d'un long cheminement. Selon Rousseau, sa source est en nous-mêmes. Voltaire n'est pas loin de partager sur ce point les opinions de son ennemi intime : le bonheur ne se donne pas, il se prend, il se « fabrique ». A ce titre les contes de Voltaire sont presque tous des récits initiatiques et racontent comment un personnage, au préalable démuni, finit par atteindre, au terme d'une série d'épreuves (rencontrées le plus souvent lors de très longs voyages), une sorte de sagesse qui à elle seule, constitue une forme, forcément limitée, de bonheur terrestre. Le monde en effet y semble livré aux forces du mal : c'est l'enseignement principal de ces voyages. Mais ceux-ci ne nous laissent-ils pas entrevoir aussi quelques oasis de sérénité pour, en fin de compte, nous faire comprendre — à nous et aux héros des contes — que c'est à nous de construire, avec des moyens de fortune, notre propre art de vivre ?
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« effet, en quelques pages, s'accumule tout ce qui peut arriver d'épouvantable et de monstrueux à une femme(enlèvements par des pirates, multiples agressions sexuelles, mutilations, etc.).

Comment être heureux dans cesconditions, dans un univers livré aux déchaînements de la nature et aux exactions humaines et où, de touteévidence, nulle providence divine n'intervient pour imposer un ordre et un sens à cette folie ?Si l'on veut essayer d'être heureux, il importe d'abord de se débarrasser de certaines pratiques.

Ainsi dans laPrincesse de Babylone, le système politique dominant est souvent dénoncé : une certaine conception du pouvoir oùles rois ne savent qu'exploiter leur peuple, « on les appelait bergers parce qu'ils tondaient de fort près leurstroupeaux ».

Les souverains sont en outre abusivement protégés par une étiquette qui les isole de ceux qu'ilsgouvernent : ils deviennent invisibles (ainsi l'Ingénu ne verra pas Louis XIV dont l'approche est défendue par unlabyrinthe peuplé de bureaucrates sourcilleux et de « sous-ministres » qui interdisent toute rencontre entre le sujetet le monarque).Voltaire se déchaîne aussi contre le clergé et la justice française et sa barbarie, avec des allusions fréquentes àl'intolérance (l'affaire terrible du chevalier de la Barre revient souvent en filigrane) ; il dénonce aussi avec vigueur les« rechercheurs » de l'Inquisition espagnole ou portugaise qui condamnent et tuent pour des peccadilles...

Ainsi,dans Candide, à Lisbonne, on célèbre un autodafé où l'on brûle quelques juifs pour empêcher la terre de trembler :pourtant « le même jour, la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable ».

Les querelles religieusesstériles et criminelles, enfin, sont dénoncées avec force dans l'Ingénu: la ville de Saumur est dépeuplée parce queles protestants durent s'exiler après la révocation de l'édit de Nantes, ce qui entraîna des conséquenceséconomiques funestes ; le janséniste Gordon est enfermé à la Bastille pour délit d'opinion ; les jésuites sont desespions et des mouchards, l'un d'eux — le père Tout-à-Tous — est prêt à toutes les compromissions avec lespuissants et pour cela, renie toute morale.Mais la guerre est aussi une pratique courante : le chapitre de Candide où s'opposent sans merci les Abares et lesBulgares est célèbre.

Les victimes, hommes, femmes, vieillards et enfants, y sont décrites avec une noire ironie :l'héroïsme militaire consiste à massacrer, déchiqueter, violer plus faible que soi.

Voltaire fustige sans cesse « lafureur (des hommes) de verser le sang de leurs frères et de dévaster des terres fertiles pour régner sur descimetières », des hommes égorgés pour la simple fantaisie des monarques.

D'autres pratiques encore, commel'esclavage (épisode de Surinam), viennent un peu plus ternir, ou noircir, cette terre où l'homme est décidément unloup pour 1' homme.

Bref l'horreur est partout présente.

Comment faire alors pour être heureux ici-bas, sur ce tas deboue livré à la convoitise, à la barbarie des hommes et aux dérèglements de la nature ? La vie en effet est tropcourte pour la consumer en procès, intrigues, guerre, dispute des prêtres, « choses absurdes et horribles ». 2.

Le voyage comme moyen de trouver le bonheur Il faut donc essayer d'éviter tout cela et construire sa vie autrement : pour les héros de Voltaire, voyager estsouvent une nécessité, mais c'est aussi un moyen de s'ouvrir l'esprit.

Tous les contes, ou presque, sont des récitsde voyages : interstellaire dansMicromégas, terrestre dans Candide ou les Voyages de Scarmentado, plus modeste encore dans l' Ingénu ; lespersonnages y explorent, parfois contre leur gré, toutes les facettes du globe.

Devant eux, on l'a vu, se dressent laplupart du temps l'ignominie, la violence, l'horreur.

Mais le voyageur fait parfois aussi d'agréables découvertes, decelles qui ouvrent l'esprit dès lors qu' il sait regarder et « profiter » : ainsi dans la Princesse de Babylone, le lecteur,en même temps que l'héroïne, découvre le pays des Gangarides, où l'on ne mange que des végétaux, « cent metsdélicieux », « des légumes, des fruits d'un parfum et d'un goût » exquis ; un pays idéal de paix et de profusion.

Plusloin, en Chine, on rencontre un monarque qui rend l'agriculture respectable à son peuple en cultivant lui-même desterres : un vrai souverain, éclairé, qui donne l'exemple au lieu de se replier en despote dans sa tour d'ivoire (Demême Zadig, au terme de ses errances, finit par devenir un souverain juste, aimé et respecté : « L'empire jouit de lapaix, de la gloire et de l'abondance »).

A travers le pays des Cimmériens, Voltaire vante les mérites de la Russie dePierre le Grand, puis de Catherine II, devenue un creuset de plusieurs peuples, où règne la tolérance (car « la moraleest partout la même » en dépit des divergences de cultures et de religions).

En Angleterre, enfin, après des guerresintestines absurdes et meurtrières, la paix revenue permet de fructueuses découvertes scientifiques quitransforment et améliorent les hommes.

Voltaire garde en effet l'espoir que les meilleurs gouvernements finissent parcommuniquer aux autres leurs lumières, et réussissent enfin à transformer les brutes en hommes, car la naturehumaine n'est pas bonne : démenti cinglant à la thèse de Rousseau, les « Oreillons » de Candide sont proches de lapureté originelle, mais abominablement cruels ; ils n'ont pas encore de vêtements mais savent déjà admirablementutiliser leurs armes de fortune ; même le Huron, s'il est doux naturellement, gagne à être civilisé : c'est son itinérairemoral et intellectuel qui est relaté dans l'Ingénu où le voyage se résume à un aller simple de la Basse-Bretagne àParis.Certes, au terme de ces voyages, on ne trouve pas souvent le bonheur rêvé, mais au moins aura-t-on acquis unpeu de sagesse.

Pour Voltaire en effet, seule la connaissance peut faire évoluer les hommes dans le sens de «l'humanité » : dans l'utopique Eldorado, les prisons sont remplacées par un palais des sciences, avec une galerie «toute pleine d'instruments de mathématique et de physique ».

Mais l'Eldorado n'existe pas : il est trèssymboliquement représenté comme un rêve, un conte de fées (avec ces -fontaines d'où sortent des « liqueurs decanne de sucre »), une parenthèse inaccessible, un projet idéal peut-être, mais irréaliste tant que les hommesseront ce qu'ils sont et que le monde ira « comme il va ».

En attendant, il faut se contenter de ce qu'on a, même sic'est peu.3.

En quoi consiste le bonheur ?Cultiver son jardin : c'est la morale de Candide dont le héros, au terme de son voyage initiatique, aura en effet. »

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