Devoir de Philosophie

D'après la comédie du 18e siècle que vous avez lue, qui, selon vous, du maître ou du valet est le plus dépendant de l'autre ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Le sujet pose un double problème : la dépendance sociale et matérielle est nette, le valet a besoin de son maître pour avoir un salaire, un métier, un statut dans la société. Mais le maître a, lui aussi, besoin du serviteur : psychologiquement, humaine-ment, socialement, il est surtout défini par sa propriété. Le fait d'avoir un domestique le situe également dans la société. La problématique est donc claire : puisque chacun d'eux a besoin de l'autre, qui est le plus dépendant, le moins autonome ? Quel est celui qui pourrait le moins se passer de la présence de l'autre à ses côtés ? Le sujet exige donc une réflexion approfondie autour du «plus» contenu dans l'énoncé.

« service de Figaro ; Iphicrate, lorsqu'il est privé des services d'Arlequin, ne sait quoi faire ni comment vivre sansesclave à diriger. Le maître reçoit parfois des leçons de son valet.

Figaro doit rappeler à Almaviva pourquoi il avait aboli le droitdu seigneur, il lui montre la nécessité d'améliorer la condition de ses gens ; Dubois apprend la patience,l'optimisme à un Dorante désemparé ; Arlequin dévoile à son ancien maître la véritable générosité qui devraitêtre la sienne.

Le serviteur est alors souvent celui qui guide, qui mène son maître et l'intrigue. 2. Sans son serviteur, en effet, le maître ne peut parvenir à ses fins ou verse dans le mal.

Dorante n'épousera lariche Araminte que si Dubois s'en mêle, Almaviva évite la débauche et l'avilissement moral grâce auxmanoeuvres de Figaro et de Suzanne.

Le valet est le meneur de jeu, celui qui guide ou constitue un obstaclepour son maître.

Il est toujours celui qui, dans les comédies, permet un dénouement heureux, la résolution desconflits. 3. Transition Le maître, bien qu'investi de pouvoirs sur son domestique, a finalement besoin de son valet, on peut donc sedemander qui est le plus dépendant de l'autre. III.

1.

Le valet ne se définit que par rapport à un maître.

S'il mène le jeu, ce n'est que parce qu'il y est mêlé par sacondition subalterne.

Il ne peut apparaître dans les comédies que grâce à l'existence de son dominateur.Socialement, il n'existe que parce qu'il sert, Figaro ne peut triompher d'Almaviva qu'en employant la ruse, Duboisn'espère aucune promotion sociale après son succès, Arlequin redevient l'esclave d'Iphicrate à la fin de la pièce.

Ilest en fait déterminé par son emploi dramatique ; si son rôle est essentiel dans la pièce, il passe souvent au secondplan au moment du dénouement.

Même dans le Mariage de Figaro, bien qu'il soit victorieux, c'est surtout sur laréconciliation du couple Almaviva qu'insistent les dernières scènes.

Dans les comédies du XVIIIe siècle, toutefois, lesvalets gagnent souvent quelque chose lorsque la pièce s'achève.

Dubois y trouve une assurance de reconnaissance et de récompense, Figaro semarie sans avoir à subir le « droit du seigneur », Arlequin s'est révélé généreux et Iphicrate lui accorde respect etgratitude.

Cependant, ils demeurent tous des domestiques, sans espoir de promotion sociale ou financière.2.

Mais le maître devient, au XVIIIe siècle, plus dépendant de son valet que dans les pièces de l'époque précédente.Le valet est beaucoup plus pour lui qu'un adjuvant, un auxiliaire précieux.

Il prend une part plus importante à sesaventures, lui parle parfois durement comme Dubois que les hésitations de Dorante irritent ; il s'oppose directementà lui, comme Figaro, ou lui montre la voie qu'il aurait dû suivre avec Arlequin.

Le valet devient même plus importantque le maître si l'on considère certains titres.

Le Mariage n'est plus celui du maître (comme dans le Barbier deSéville), il est celui du valet ; l'île où Iphicrate va prendre de bonnes résolutions est celle des Esclaves.

Le serviteurdevient plus important, le maître lui est soumis, doit parfois même solliciter son pardon, sa compréhension.

Sans sonvalet, le maître échouerait ou verserait dans le mal.3.

Enfin, les maîtres ne sont définis socialement qu'en tant que tels.

Sans leurs valets, ils ne sont pas aussi bienassis dans leur société.

De plus, c'est parce que leurs domestiques le désirent qu'ils les aident.

Figaro a accepté deredevenir le serviteur d'Almaviva, Dubois sert les intérêts d'un ancien maître qui ne peut plus rien pour lui, Arlequinreprend sa place de bon cœur.

Souvent humainement supérieurs à leurs maîtres, ils leur sont nécessaires.

Dorantene connaît pas les méandres du coeur féminin, Almaviva sombrerait dans le mal, Iphicrate ne parviendrait pas às'améliorer...

Tous ont compris qu'ils avaient besoin d'eux, que leur vie dépendait de l'intervention et de la bonnevolonté de leurs valets.

Ceux-ci acquièrent ainsi des droits qui leur permettent de se dresser devant leur maître ; s'iln'y a pas encore de véritable égalité, ils sont devenus conscients de leurs pouvoirs, leurs maîtres ont lucidementaccepté l'idée qu'ils étaient moins autonomes que leurs serviteurs.

Almaviva, sans l'aide de Figaro, opposé même àson domestique, est ridiculisé, berné, conduit à s'excuser et à se repentir...

Les maîtres ont, finalement, davantagebesoin de leurs valets que leurs serviteurs d'eux.

Ils n'ont pas les ressources psychologiques que confèrentl'habitude de la pauvreté, l'accoutumance à une activité quotidienne ; sans domestique, pas d'amour ni de réussitepour les maîtres. Conclusion Si le valet, personnage traditionnel de la comédie, demeure très proche de la tradition dramaturgique dans les piècesdu XVIIIe siècle, s'il dépend toujours financièrement et socialement de son maître, on peut constater que son statutchange.

Devenu un personnage important, il se dresse souvent face à son maître.

S'il n'en est pas encore l'égal, ilest du moins essentiel dans l'intrigue, plus autonome que lui.

Le maître découvre dans le théâtre du siècle desLumières qu'il n'a de pouvoir que tant qu'il a des serviteurs sur qui l'exercer, que tant qu'il est obéi.

Il prend aussiconscience du fait qu'il n'existe socialement que s'il a à ses côtés un tel personnage, c'est un garant de son statut.Il faut donc proposer une analyse nuancée : si le valet est soumis, c'est sans doute le maître qui, dans les comédiesdu XVIIIe siècle, est le plus dépendant de l'autre.

Sans valet, pas de reconnaissance sociale, pas de dénouementheureux, pas de réussite (ou bien le propriétaire sombrerait dans une déchéance morale regrettable).

La comédien'est pas encore un lieu où bouillonnent les revendications révolutionnaires, mais elle nous permet de mieuxcomprendre, cependant, comment ces idées vont ensuite s'imposer rapidement dans la société française.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles