De la mort de quel héros, ou de quelle héroïne, aimeriez-vous mourir ? Pourquoi ?

« - humaniste : Gandhi...

; - artiste : Orphée...

; • Il est bien possible que l'on ait la tentation d'être successivement l'un ou l'autre! B.

Pourquoi être tenté par la mort d'un héros ? • Car héros très souvent associé à immortalité. • S'il plaît, c'est précisément souvent parce qu'il échappe à échec, parce qu'il réussit, d'où ne meurt pas. • Originelle ment pourtant est allié à notion de mort, car si demi-dieu, c'est que fils de dieu (ou déesse) et d'une ouun mortel(le), donc mortel lui-même. • Mais sa mort est presque toujours suivie d'une re-nais-sance : Roland, « à la droite de Dieu »..., et il vit dansl'âme et le souvenir des peuples. • De plus, la mort lui apporte grandeur supplémentaire et à peu près toujours une apothéose ou un accomplissement(Polyeucte). • Notons que selon l'époque et le type de héros, celui-ci est plus ou moins allié avec la mort. • Ainsi les romantiques aiment fins pathétiques : tous héros romantiques meurent dans le grandiose, l'émouvant (RuyBlas) ou l'horreur (autre procédé de multiplication). • Fréquent aussi au XXe siècle (peut-être plus en fin de siècle), particulièrement dans films. • Héros d'amour très souvent accompagné de mort.

Car difficile de voir les amours parfaites se maintenir à ce niveaude passion toute une vie, d'où nécessité de mort (Tristan et Yseut). • La mort ajoute donc encore à la valeur du héros même quand elle s'accompagne d'orgueil et bravade. IIe partie Ainsi héros est situé au-delà du bien et du mal allant « droit son chemin hors de nos petites distinctions humaines...» A.

Artaud.• C'est bien au-dessus du commun des mortels que se situe en effet Antigone, — qui serait mon choix s'il s'agit demourir comme un héros.

Car elle est ...

une des héroïnes les plus complètes et les plus complexes, ce qui expliquenaissance de son mythe.• Fille d'Oedipe, elle enterre — malgré les ordres de Créon successeur de son père maudit — un de ses deux frèresauquel sont interdites funérailles rituelles.

Enterrée vive elle-même en punition dans tombeau creusé dans roc.Quand, effrayé, Créon fera rouvrir le tombeau, Antigone est morte, elle s'est pendue avec sa ceinture.• Création littéraire de Sophocle, dans plusieurs de ses tragédies.• Dès l'origine, elle a au moins deux dimensions.• A (5) L'une est grandeur morale.

Antigone applique sereinement le devoir envers les parents ; tout homme — qui abien du mal souvent à se surpasser lui-même mais en a nostalgie — aspire à cette hauteur.

Véritable héroïnefamiliale.• D'abord fidélité à son père.

Elle est pieuse, douce, apaisante.

D'où suscite l'admiration.• Accompagne son père aveugle (Oedipe s'est crevé les yeux), mendiant sur la route, l'assiste jusqu'à mort, aprèsavoir demandé pour lui asile et honneurs funèbres.• [Thème repris par Phéniciennes d'Euripide].

Véritable image qui parcourt humanité.

On dit « une Antigone » =modèle de piété filiale.

Véritable idéalisation.• Fidèle aussi à ses frères — sens de pitié — charité — amour fraternel.

Donc héroïne pure, touchante, pathétiquequi entraîne le désir de l'imiter.

Mais Sophocle lui-même donne une autre dimension à son héroïne dans sa tragédieAntigone.• Elle est dépositaire et gardienne des « lois non écrites » qu'elle porte en son cœur, décrets de la conscience,preuves de la noblesse humaine: « Je ne pense pas que tes (ceux de Créon) décrets soient assez forts pour que toi,mortel, tu puisses passer outre aux lois non écrites et immuables des dieux.

Elles n'existent ni d'aujourd'hui ni d'hiermais de toujours; personne ne sait quand elles sont apparues ».

(Sophocle, Antigone).• Grandeur exceptionnelle de celle qui défend les valeurs supérieures, absolues.

D'où conflit contre lois humaines,mesquines, partisanes ou égoïstes.• Antigone défend une éthique : nul n'a le droit d'édicter ses lois personnelles, tout homme est soumis à une loinaturelle.

Elle la défend jusqu'au bout, c'est son héroïsme.• Bien que femme (handicap) petite, fragile (même pas belle chez Anouilh) elle a courage de résister : « fille auxmains nues (8) », puisqu'elle gratte la terre de ses ongles pour en recouvrir rituellement son frère, mais surtoutsymbole de sa lutte elle qui ne s'aide de rien sauf de sa conscience.• Elle sait ce qu'elle risque, ira jusqu'à la mort d'où grandeur, d'où admiration.. »