Des personnages médiocres peuvent-ils être les héros d'un roman?
Publié le 28/09/2011
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Depuis l'écriture des premiers romans, au XIIème siècle, le « héros « d'un roman est le personnage principal de celui-ci. Les héros se distinguent par leur grandeur d'âme, leurs capacités extraordinaires... Cette vision du héros est opposée à celle d'un personnage médiocre. En effet, l'adjectif « médiocre « désigne ce qui est « sans éclat «, « en dessous de la moyenne «. C'est sur cette opposition que repose notre sujet : « Des personnages médiocres peuvent-ils être les héros d'un roman? «. Nous pouvons donc nous poser la question : « Des personnages peuvent-ils être à la fois médiocres et héros d'un roman? «. Pour le savoir, il convient d'abord de voir les caractéristiques et de comprendre le rôle du héros « traditionnel « dans le roman, ensuite, de voir que pourtant certains personnages de romans sont médiocres, puis nous verrons les conditions pour lesquelles un roman admet des héros médiocres.
«
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Un personnage médiocre est, par définition, un personnage terne, sans intérêt.
Or un héros se distingue par ses
actions, son charisme, suscitant l'intérêt du lectorat en le plongeant au coeur des aventures du personnage.
Mais un héros peut -il être médiocre ?
Dans un premier lieu, nous montrerons la place du héros dans le roman, ensuite nous étudierons l'existence des
personnages médiocres et enfin nous terminerons sur les conditions de la médiocrité dans un roman.
Le héros est un élément essentiel du roman, et il se doit de posséder un destin d'exception : le roman ne raconte
pas d'histoires banales, elles doivent sortir de l'ordinaire.
Par exemple, les romans d'apprentissage : Dans Bel-Ami
de Maupassant, le personnage de Duroy est un jeune homme plein de grâces à la conquête de la capitale malgré
sa pauvreté ; il est désireux d'échapper à son milieu et prêt à tout pour y parvenir.
Ce personnage représente
l'ambition et la réussite.
Les romans de cape et d'épée tels que Les 3 Mousquetaires sont devenus des sortes de
légendes.
En effet, les personnages de roman ont des caractères non communs et possèdent souvent
une forte personnalité.
Prenons Michel Strogoff, de Jules Verne : c'est un personnage sûr de lui capable de
prendre une décision rapidement sans éprouver le moindre regret.
Les héros sont aussi possesseurs d'un
^physique particulier, souvent lié à leur personnalité (cF toujours Michel Strogoff, à l'allure massive, rude et
musclée).
Par ailleurs, il est nécessaire que le héros soit exemplaire.
Un romancier a besoin que ses histoires soient lues, et
il va tout faire pour intéresser les lecteurs.
L'auteur peut rendre héroïque la vie ou l'action d'un personnage par les
images, le rythme...
et rendre exemplaire le destin de personnages pourtant médiocres.
Le roman met en scène
des personnages qui ne sont pas sans éclat, des personnages qui ont du tempérament ou une histoire incroyable,
comme Dom Juan et ses innombrables conquêtes amoureuses.
Or, bien que les romans apprécient beaucoup les héros, certains auteurs ont préféré insister d'avantage sur la
médiocrité de ces héros.
Les romans réalistes représentent les personnages et leurs milieux de manière objective,
et les auteurs peuvent ainsi montrer les mauvais aspects des
personnages : Charles Bovary de Madame Bovary est en vérité une sorte d'anti-héros : il est sans envergure et ne
fais pas vraiment penser à un prince charmant...
Et Georges Duroy de Bel-Ami est aussi un personnage assez
médiocre aux manières quelques peu douteuses.
Certains héros médiocres ont un comportement proche de l'absurde : Meursault, dans l'Etranger de Camus tue
l'Arabe sut la plage sans aucune raison valable.
Michel Houellebecq, dans l'Extension du domaine de la lutte,
critique également la vie absurde des gens de la société contemporaine, où m'ennui est omniprésent mais l'envie
de mourir absente.
La médiocrité dans le roman est donc tolérée, mais sous réserve de certaines conditions.
Zola par exemple insistait
sur le caractère médiocre de ses personnages, sur leurs défauts et leurs vices (comme l'alcoolisme de l'oncle
Macquart), donnant une vision très négative de l'homme.
Le fait de rendre un héros peu sympathique ne
s'approche pas forcément de la réalité, son image est peut -être un peu trop négative.
Si un personnage est
médiocre, il faut malgré tout faire la part de l'époque ; cette esthétique est celle
du XXe siècle.
Comment un personnage médiocre devient-il un héros ? Un lecteur n'a pas envie de lire la vie qu'il mène, une vie
banale.
Meursault dans l'Etranger est quelqu'un de peu intéressant, mais le fait de tuer l'Arabe fait de lui un être
exceptionnel qui accède lentement à un destin hors du commun.
Un roman raconte l'histoire d'une destinée, d'un
mythe.
Emma Bovary n'a rien d'une héroïne : elle s'ennuie, méprise son mari et prend deux amants mais pourtant
Flaubert a su magner sa plume afin d'en faire un mythe.
Le héros de roman a donc généralement des caractéristiques hors du commun, faisant de lui un être à part.
Cependant, des romanciers ont mis en scène des héros médiocres et par leur talent d'écrivain et l'histoire racontée
ont su faire de ces personnages ternes des héros reconnus.
Le lectorat peut avoir envie d'explorer l'histoire d'une
femme ou d'un homme comme lui, sans histoire, Mais malgré cela le lecteur cherche avant tout l'évasion : un
héros, non pas celui qui est bassement médiocre, mais plutôt celui qui fait rêver ou que l'on déteste, qui ne laisse
pas indifférent, va favoriser cette évasion..
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