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DESNOS Robert Pierre : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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DESNOS Robert Pierre (1900-1945). Robert Desnos, né à Paris, est issu d’un milieu de petite bourgeoisie commerçante. Son père, mandataire aux Halles, espérait trouver en lui un successeur capable de faire fructifier l’affaire qu'il avait laborieusement fondée. Le jeune Robert déçut très vite les espoirs placés en lui : élève dissipé et rêveur, il arrête ses études après le brevet; pour subvenir à ses besoins, il pratique divers métiers (c’est ainsi qu’il devient le secrétaire de Jean de Bonnefon, journaliste et écrivain, ce qui lui ouvre l’accès à la bibliothèque de son maître de même que celui de la Bibliothèque nationale). Il est très tôt saisi du démon de la littérature; il fréquente le cercle de Louis de Gonzague Frick, l’ami d’Apollinaire, lit passionnément, découvre les mouvements d’avant-garde (Dada) ainsi que les milieux anarchistes (la bande à Bonnot jouit à ses yeux d’un immense prestige), écrit des poèmes, où s’entend l’écho de toutes ces découvertes (« l’Ode à Coco », « le Fard des Argonautes », « Prospectus »), et publie trois poèmes de facture symboliste dans la Tribune des jeunes, en 1918. Il rêve de créer une revue : la Brocante aux chimères. Cette effervescence littéraire est mise en veilleuse par deux années de service militaire (1920 en France; 1921 au Maroc).
 
La formation du jeune homme est donc beaucoup plus autodidacte que scolaire; il n’a pas fait les mêmes études qu’un Aragon ou un Breton. En outre, de quelques années plus jeune qu’eux, il n’a pas participé à la guerre 1914-1918. Enfin, cette formation est moins ouverte : quelle que soit sa passion des voyages, il est d’abord parisien, et passionnément attaché à sa ville.
 
L'expérience surréaliste (1922-1930)
 
C’est au début de 1922 qu’il entre en contact avec le groupe de Littérature. Quand, par l’intermédiaire de Benjamin Péret, il rencontre Aragon, Breton, Éluard, Soupault, le mouvement dada est finissant mais le mouvement surréaliste est encore à naître : les expériences d’écriture automatique, dont le modèle a été donné par Breton et Soupault dans les Champs magnétiques, se poursuivent; on consigne les récits de rêve, on interroge ce qui, dans la personnalité, ne relève pas de la conscience claire et rationnelle : Desnos se lance avec passion dans cette aventure de l’esprit par laquelle la révolution se trouve portée dans les lettres (« littérature » se renverse alors en « erutarettil! »). C’est dans la pratique dite des sommeils hypnotiques que Desnos révèle des dispositions exceptionnelles : sous l’œil admiratif ou soupçonneux de ses amis, il s’endort, profère d’abondants discours, répond aux questions de l’entourage, griffonne des mots ou des dessins sur la feuille de papier qu’on lui présente, prétend être en relation médiumnique avec Robespierre (il est lui-même prénommé Robert Pierre) ou avec la Rrose Sélavy de Marcel Duchamp. Bref, avec l’« Entrée des médiums » (titre d’un article d’André Breton dans les Pas perdus), un nouveau pouvoir d’énonciation s’affirme, et « les mots font l’amour » (Breton); la poésie se définit désormais par sa charge passionnelle et non plus par la reconnaissance de règles formelles : « l’homme propose et dispose. Il ne tient qu’à lui de s’appartenir tout entier, c’est-à-dire de maintenir à l’état anarchique la bande chaque jour plus redoutable

« L'expérience radiophonique (1930-1939) «C'est bien autour de 1930 que les esprit déliés s'avertissent du retour prochain.

inéluctable de la catas­ trophe mondiale ».

Cette formule d'André Breton donne le juste arrière-plan des ruptures au sein du mouvement surréaliste comme des difficultés individuelles -dont celles de Desnos : la crise économique l'oblige à un métier de survie (la gérance d'immeubles).

la mort d'Yvonne George le laisse désemparé, la montée du fas­ cisme lui apparaît très vite comme un danger d'une extrême gravité.

Mais il ne sc décourage pas, et, grâce à Paul Deharme - un des créateurs de l'« art radiophonique» -, il devient, à partir de 1934, réalisateur d'émissions radio­ phoniques pour le Poste parisien et Radio-Luxembourg; métier contraignant par ses exigences publicitaires, par la nécessité d'innover sans cesse, par le travail d'équipe qu'il impose, métier auquel Desnos apporte sa verve créatrice, son �ens de la communication et un respect de l'auditeur qui le sauve de la vulgarité.

Il a évoqué ainsi cette activité : «Toute substance poétique gratuite.

toute inspiration étant pour longtemps consommées, je me livrai avec pa�sion au travail quasi mathématique mais cependant intuitif de l'adaptation des paroles à la musi­ que, de la fabrication des sentences, proverbes et devi­ nettes publicitaires, travail dont la première exigence était un retour aux règles proprement populaires en matière de rythme >> (postface d'État de veille); diverses émissions sont restées célèbres, par exemple « la Grande Complainte de Fantômas >> , avec une musique de Kurt Weil, « le Salut au monde >> de Walt Whitman, travaillé en « poème radiophonique » par Desnos, « la Clé des songes>>, où les rêves des auditeurs sont l'objet d'un montage radiophonique et d'une interprétation que Des­ nos fonde sur l'hypothèse d'un inconscient collectif.

Alejo Carpentler.

avec lequel il s'était lié d'amitié lors d'un voyage � La Havane, participe fréquemment aux créations de Desnos.

En 1936, Desnos s'installe rue Mazarine avec sa com­ pagne Youki, à laquelle le lie une passion intense et souvent orageuse.

S'il ne publie plus- à l'exception de la plaquette des Sans cou (1934) -,il écrit des chansons pour diverses chanteuses, ainsi que des cantates -dont une, pour l'inauguration du musée de l'Homme, est mise en musique par Darius Milhaud.

Enfin, passionné de cinéma- il a fait de la critique cinématographique dans les années 20 et a écrit divers scénarios d'inspiration surréaliste -.

il contribue à certaines productions soit par des chans·:>ns.

soit en rédigeant le commentaire de films documentaires (Records 37: Sources noires).

Face au péril nazi, il est favorable au Front commun de Gaston Bergery, puis au Front populaire; il écrit dans Ce soir (dirigé par Aragon et Jean-Richard Bloch) et dans Commune.

qui rassemblent diverses tendances de la gauche dans la lutte contre le fascisme.

>.En 1939, Desnos est de ceux qui pensent que la défen e de la liberté passe par une guerre désormais inévitable.

'' Ce cœur qui haïssait la guerre, voilà qu'il bat pour le combat et la bataille ,, ( 1 939- 1 945) En septembre 1939, Desnos est mobilisé; découvrant la mentalité défaitiste de 1' arrière lors de sa première permission.

il dénonce «les bobard � de �eux qui, P.our éviter la fascisation de la France, latsseratent volontiers Hitler triompher.

On se demande s'ils sont fous».

Vien­ nent la retrait. »

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