Devoir 3 Français
Publié le 12/06/2015
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Devoir 3
Objet d'étude : Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIe siècle à nos jours
Question (4 points)
Vous répondrez d'abord à la question suivante :
Que peut-on dire dans ces trois extraits de la relation entre maîtres et valets ?
Vous répondrez à cette question en étant attentif à l'évolution de cette relation dans la
comédie, de l'Antiquité au Xxe siècle.
Ces trois extraits, écrits chacun à diverses époques, possèdent un même sujet en
commun : les relations entre les maîtres, et les valets.
Malgré ce point commun
existant, le moyen de traiter le sujet est nettement différent en fonction de chacune de
ces pièces.
Dans celle de Marivaux, par exemple, arrivés sur une île où la situation maîtres et
valets s'inverse, le valet Arlequin prendra finalement son indépendance et
commencera donc à traiter son maître comme il avait l'habitude de l'être lui-même.
En
effet, on retrouve une certaine similitude au sein des deux autres extraits, puisqu'on y
fait référence aux mauvais traitements que subissait autrefois Arlequin : « j'étais ton
esclave ; tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste ».
On
retrouve au sein du texte de Samuel Beckett, Lucky, tenu en laisse est également
traité « comme un pauvre animal », voir bien pire à en juger la réplique de son
maître, Pozzo : « Les vieux chiens ont plus de dignité ».
Il considère donc Lucky
comme inférieur aux chiens.
L'extrait de la pièce de Plaute n'échappe pas à la règle,
puisque la servante est également traitée et comparée à un animal : « Je n'ai jamais
vu plus méchante bête que cette vieille », comparaison faite, par Euclion lui-même.
Il
est également fait de nombreuses fois référence au faite de « chasser » Staphyla de
la maison, comme on pourrait le faire par exemple avec un animal entré sans
permission ou dont on souhaite tout simplement se débarrasser.
On voit donc que,
dans chacun de ces trois extraits, le rapport de soumission absolue des valets par
rapport aux maîtres est nettement présent, voir même dégradant.
On peut malgré ça discerner une certaine tendresse au sein de ces trois extraits, de
la part du valet ou même encore du maître, à l'égard l'un de l'autre.
Dans l'extrait de
Marivaux par exemple, cette affection est clairement démontrée par le maître envers
son valet : « Eh ne sais tu pas que je t'aime ? ».
Celle-ci est à nouveau montrée alors
qu'Iphicrate cherche à justifier sa colère par son malheur : « Juste ciel ! Peut-on être
plus malheureux et plus outragé que je le suis ? ».
Même si cette phrase n'est pas
des plus explicite, son malheur se fonde dans le fait qu'Arlequin ai décidé de partir.
On peut également voir cette certaine affection dans le texte de Plaute, Staphyla,
alors que la servante éprouve le désir d'aider sa jeune maîtresse, et ce malgré les
difficultés qu'elle a avec son maître : « Comment cacher le déshonneur de ma jeune
maîtresse ? ».
Ces mots bien que visiblement banals dissimulent un véritable soucis,
mais pas seulement, on peut y voir aussi une affection particulière que la servante
peut avoir pour sa maîtresse.
C'est tout le contraire en revanche dans l'extrait de "En
attendant Godot", on y retrouve aucune trace affection entre Pozzo et Lucky, mais
plutôt une pitié méprisante venant de Pozzo, que l'on discerne aisément lorsqu'il dit :
« Essuyez-lui les yeux.
Comme ça, il se sentira moins abandonné.
».
Il rejette l'idée
de tout geste affectif, préférant reléguer la tâche à d'autres.
On peut également assister à la rébellion du valet au sein de deux de ces extraits,
dans la scène 1 de l'Acte I de La Marmite par exemple, bien que légère la rébellion
existe néanmoins à travers cette réplique : « Mieux vaudrait que les Dieux m'eussent
fait pendre, que de me donner un maître tel que toi.
».
Staphyla exprime ici la haine
qu'elle a envers son maître, chamboulant par la même occasion le rapport de
domination exercé par le maître puisqu'elle se place sur un pied d'égalité avec
Euclion, en se servant du tutoiement.
C'est également dans L'île des esclaves que
Marivaux fait apparaître très clairement la rébellion du valet face à son maître,
notamment avec la tirade d'Arlequin : « Je l'ai été, je le confesse à ta honte, mais va,
je te le pardonne ; les hommes ne valent rien.
Dans le pays d'Athènes, j'étais ton
esclave ; tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste,
parce que tu étais le plus fort.
Eh bien ! Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi ;
on va te faire esclave à ton tour ; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons
ce que tu penseras de cette justice là ; tu m'en diras ton sentiments, je t'attends là.
Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable ; tu sauras mieux ce qu'il est
permis de faire souffrir aux autres.
Tout en irait mieux dans le monde, si ceux qui te
ressemblent recevaient les mêmes leçons que toi.
Adieu mon ami ; je vais trouver
mes camarades et tes maîtres.
».
On peut voir ici que le valet se détache littéralement
de son maître, le laissant simplement derrière lui tout en le considérant tel son égal.
Contrairement aux deux autres extraits, la rébellion reste inexistante au sein de En
attendant Godot, Lucky restant plus effrayé qu'autre chose par le traitement qu'il
pourrait recevoir de son maître considéré comme un véritable tyran.
On peut ainsi constater que les relations entre maître et valet restent inchangées à
travers les époques, puisqu'on retrouve finalement toujours le même schéma.
Une
soumission absolue venant du valet, et une domination tantôt tendre, tantôt
tyrannique venant du maître.
Le valet restera toujours dans cette optique d'injustice,
mais mais ne réagira pas toujours face à celle-ci.
Travail d'écriture (16 points)
L'île des esclaves est une pièce de théâtre écrite en 1725 par Marivaux, et mettant en
scène deux personnages : Iphicrate, ainsi que son valet Arlequin.
Juste après avoir
quitté Athènes, ils échouent tout deux sur une île où les habitants ont échangés les
rôles suite à une rébellion des esclaves, les maîtres devenant les valets, et les valets
eux prenant la place des maîtres.
Dans l'extrait que nous allons étudier, à savoir la fin
de la scène 1 ainsi que le début de la scène 2 de l'acte premier, Arlequin cherche a
récupérer sa liberté.
Grâce à ce commentaire, nous observerons comment les liens
de domination préétablis par la société peuvent être subitement renversés.
Nous
étudierons d'abord la réaction des personnages face à la situation, puis nous verrons
quelle relation unit le maître au valet avant de voir comment le personnage de Trivelin
peut influencer les autres.
Les deux personnages qui partagent pourtant un passé commun, ont chacun une
perception très différente des événements.
Ils viennent d'échouer sur une île
inconnue, où les rôles sont préalablement inversés, l'un en est véritablement
enchanté, alors que l'autre au contraire est apeuré.
Iphicrate lui demeure inquiet,
sachant pertinemment que son statut de maître est en danger.
Il va donc chercher à
amadouer son valet, lui accordant de nombreux compliments et marques d'affection.
Malgré ça son stratagème va rapidement être stoppé par Arlequin, qui va vite lui
rappeler de façon plutôt ironique les mauvais traitement qu'on a pu lui infliger, l.1 et 2 :
« vos compliments me charment ; vous avez coutume de m'en faire à coups de
gourdin qui ne valent pas ceux-là ».
Les didascalies présentes nous montrent
progressivement la réaction des deux personnages, effectivement on voit qu'Iphicrate
est d'abord « un peu ému » l.7 puis « au désespoir » l.24 tandis qu'Arlequin lui reste «
indifférent » l.8 puis « riant » l.11.
Cette prise de conscience progressive de la
situation va également amener une réaction progressive des personnages, qu'on peut
voir dans la ponctuation l.7,8 et 9 : « Oh ! Cela se peut bien, chacun a ses affaires :
que je ne vous dérange pas ! - Esclave insolent ! », les point d'exclamation dévoilant
les réactions vives des personnages ; est aussi visible dans leurs paroles l.5 : « Ainsi,
tenez, pour ce qui est de nos gens, que le ciel les bénisse ! S'ils sont morts, en voilà
pour longtemps ; s'ils sont en vie, cela se passera, et je m'en goberge.
» On voit
qu'Arlequin, au contraire de son maître, ne s'inquiète pas de la situation l.
7 : « Mais
j'ai besoin d'eux, moi.
».
On remarque avec cette réplique qu'Iphicrate est bel et bien
conscient de la situation difficile dans laquelle il se trouve, il en est apeuré et souhaite
donc rapidement repartir ; et ce, on peut le dire, à juste titre, puisque son valet va peu
à peu se rebeller l.8 : « Oh ! Cela se peut bien, chacun a ses affaires : que je ne vous
dérange pas ! » et l.11 : « Ah ! Ah ! Vous parlez la langue d'Athènes ; mauvais jargon
que je n'entends plus ».
On peut comprendre au travers de cette réplique qu'Arlequin
tourne de manière définitive la page sur son passé d'esclave.
La réplique d'Iphicrate «
Méconnais-tu ton maître, et n'es tu plus mon esclave ? » montre toute l'inquiétude du
personnage, inquiétude visiblement justifiée au vue de la tirade suivante.
La tirade d'Arlequin nous dévoile ici les pensées du valet par rapport à lui-même, à
son maître, mais également au reste du monde.
La première didascalie, l.14 « se
reculant d'un air sérieux » est en contradiction avec l'air léger qu'il possédé d'abord en
« riant ».
En plus de ça, on voit qu'il s'éloigne physiquement de son maître juste avant
de parler, marquant une distance qu'il va aussi imposer à travers ses paroles.
On voit
d'abord dans cette tirade qu'il va brusquement se mettre à tutoyer son maître,
renversant alors l'opposé domination et soumission.
Cela marque comme une
coupure, au sein de la relation maître/valet, puisque jusque là le soit disant rapport de
supériorité envers le maître avait été respectée malgré l'insolence du valet.
Arlequin
va également insister à de nombreuses reprises sur le fait que cette relation est
désormais révolue, l.14 : « Je l'ai été […] j'étais ton esclave ».
Il rejette son maître
avec une certaine force, créant une divergence entre « Athènes », où il était encore
lui-même esclave, et « ici », sur cette île où Iphicrate va maintenant le devenir.
Le
valet va également faire preuve d'indulgence l.14,15 : « mais va, je te le pardonne ;
les hommes ne valent rien.
».
Arlequin cherche à montrer qu'il se maîtrise, il est
capable de lui pardonner car selon ses dires les Hommes ne valent rien ; on suppose
donc qu'il se place au-dessus des Hommes et donc au-dessus de la réaction
rancunière dont un Homme pourrait faire preuve.
La réplique « les hommes ne valent
rien » prouve bien ici l'image péjorative dont le valet se fait de la société, image qu'il
transmet à nouveau lorsqu'il dit, l.21 : « Tout en irait mieux dans le monde, si ceux qui
te ressemblent recevaient la même leçon que toi ».
Le but premier d'Arlequin n'est
pas uniquement celui de faire souffrir son maître, mais aussi celui de lui faire voir et
possiblement comprendre ses erreurs.
Malgré tout, la répétition des mots « justice »
et « juste » nous démontrent que cela consiste aussi en une vengeance personnelle
qui fait littéralement jubiler le valet : « Eh bien ! Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort
que toi ; on va te faire esclave à ton tour ; on te dira aussi que cela est juste, et nous
verrons ce que tu penseras de cette justice-là ; tu m'en diras ton sentiment, je
t'attends là.
Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable ; tu sauras mieux ce
qui est permis de faire souffrir aux autres ».
Ses phrases sont clairement ponctuées
d'un net ressentiment, nous faisant même douter de la sincérité de son pardon ;
même si la ponctuation en question reste assez neutre tout au long de son discours.
Il
finit sa tirade par « Adieu, mon ami ; je vais trouver mes camarades et tes maîtres.
»
qui démontre l'insistance émise sur le nouveau statut d'esclave d'Iphicrate.
Après ça,
Arlequin « s'éloigne » simplement tandis qu'Iphicrate est lui « au désespoir, courant
après lui » ; on peut voir ici le paradoxe de la situation : l'esclave s'en va alors que le
maître lui court après.
C'est désormais l'esclave qui est indépendant, et le maître qui
a besoin de ce dernier et non plus le cas inverse.
Cependant hors de lui, Iphicrate
tente de rétablir leur ancienne relation par l'épée, prêt à tuer son valet pour l'outrage
occasionné.
C'est cette réaction en particulier qui montre le contraste présent entre
les personnages.
En effet, Arlequin lui reste calme et se maîtrise tandis qu'Iphicrate lui
laisse place à son impulsivité.
La toute dernière phrase de la scène établie de
manière définitive la nouvelle relation maître valet l.26 : « Doucement ; tes forces sont
bien diminuées, car je ne t'obéis plus, prends-y garde.
».
Arlequin souhaite par là faire
comprendre à Iphicrate que pour s'affirmer en temps que maître, il faudrait qu'au
moins une personne reconnaisse son autorité, et comme ce n'est à présent plus le
cas, ce dernier ne peut plus être désigné comme tel.
Ainsi, dans l'extrait de la première scène, Arlequin a visiblement réussi à s'affirmer
comme un être indépendant.
Et pourtant, l'arrivée d'un tout nouveau personnage dans
la seconde scène va encore plus approuver cet affranchissement.
L'arrivée de ce tout
nouveau personnage va également, influencer les personnages.
On nous indiquent
d'abord que Trivelin va commencer par faire désarmer Iphicrate, avant d'offrir l'épée à
Arlequin : l'épée a ici la fonction d'une métaphore, l'épée représente le pouvoir, la
domination qu'il prend des mains au premier pour la mettre dans celles du deuxième.
En apprenant qu'Arlequin n'a pas réellement de nom, il va même lui proposer
d'échanger son identité avec celle de son maître : « Eh bien ! Changez de nom à
présent ; soyez le seigneur Iphicrate à votre tour ; et vous Iphicrate, appelez-vous
Arlequin, ou bien Hé.
» or, on sait qu'à cette époque l'identité est la seule chose qui
détermine le rang de chacun.
Ces changements faits par Trivelin amusent
grandement Arlequin, qui retrouve à nouveau l'humeur joyeuse qu'il abordait au tout
début de l'extrait de la scène 1, comme indiqué ici « sautant de joie ».
La légèreté
présente dans la scène instaure une atmosphère davantage propice à un registre
comique, contrairement à la scène 1 où le ton y était nettement plus grave.
Ainsi, le
côté comique prend place plusieurs fois au travers des répliques d'Arlequin,
notamment l.45 : « Oh diantre ! Il s'appelle par un nom lui ».
Le personnage de Trivelin a également une influence sur Iphicrate, qui va au contraire
de la scène précédente s'effacer dès l'entrée en scène de Trivelin, n'ayant le droit
qu'à seulement deux courtes répliques dans cette dernière partie, l.31 : « Punir
l'insolence de mon esclave » et l.52 : « Maraud ! », cette dernière soulevant le
sentiment de trahison vécu par Iphicrate.
Iphicrate avait une chance de retrouver son
statut face à Arlequin, mais avecTrivelin à ses côtés, et à tous ces insulaires, cette
chance s'envole et le statut du maître avec elle.
C'est ainsi que le personnage de
Trivelin apparaissant dans cette nouvelle scène, possède non seulement une
influence sur le comportement des deux autres personnages, mais également sur la
pièce en elle même puisqu'il change l’atmosphère dans un registre comique.
On a donc pu voir ici que les liens unissant un maître à son valet peuvent être altérés
par plusieurs choses : une situation en la faveur du valet, premièrement, mais
également le type relation qu'ils entretiennent et finalement l'influence d'autres
personnages.
Ces trois facteurs sont présents dans la pièce, ce qui permet au valet
d'affirmer son indépendance envers son maître.
On ne peut alors s'empêcher de se
questionner sur les deux autres pièces, et si une telle situation pourrait également
mener à l'affranchissement des autres valets présents dans La Marmite et En
attendant Godot.
2.
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