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DIDEROT. — L'ENCYCLOPÉDIE.

Publié le 14/04/2011

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Diderot. Sa vie ; son caractère. — Ses écrits. — L'écrivain. L'Encyclopédie. — Les Encyclopédistes. L'Encyclopédie est au centre même du mouvement des esprits au XVIIIe siècle et tient une grande place dans l'histoire des idées : elle en tient une moins grande dans l'histoire de la littérature. Ceux qui y ont collaboré assidûment n'étaient pour la plupart que de médiocres écrivains. C'est Diderot qui a conçu, dirigé, mené à bien cette vaste entreprise, destinée à grouper en corps de doctrine toutes les idées du siècle et à les mener à l'assaut de l'opinion en ruinant toutes celles dont avait vécu la France du XVIIe siècle et de toujours.

Denis Diderot est né à Langres en octobre 1713 : il était fils d'un coutelier. Il commença ses études au collège des jésuites de sa ville natale, puis vint les achever à Paris. Il avait été destiné d'abord à l'état ecclésiastique, mis ensuite chez un procureur : finalement, il ne demanda de ressources qu'à des occupations littéraires, donnant des leçons, exécutant des travaux pour des libraires, traductions, essais, romans. Sa situation matérielle fut d'ailleurs toujours précaire, souvent misérable. Sa vie offre peu d'événements : la meilleure part en est remplie par les soins donnés à la publication de l'Encyclopédie. Dans les derniers temps, il allait être obligé de vendre sa bibliothèque : l'impératrice de Russie, Catherine II, la lui acheta, en lui en laissant la jouissance. Diderot ne put entrer à l'Académie. Il est mort à Paris le 30 juillet 1784.

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« Diderot demande qu'on « lui pardonne une page commune en faveur d'une bonne ligne ».

C'est ainsi qu'il fautsupprimer des ouvrages entiers, alléger les meilleurs de beaucoup de fatras, passer les endroits emphatiques, etceux où l'auteur applique sa théorie de « préférer toujours l'expression la plus cynique, qui est toujours la plus simple» : il reste à détacher de cet ensemble si inégal et si mêlé, un certain nombre de pages d'un grand éclat, qui valentpar la rapidité, le mouvement et la couleur. L'Encyclopédie » L'œuvre à laquelle Diderot a consacré la plus grande partie de sa vie et à laquelle son nom est resté attaché estl'Encyclopédie.

L'étendue de ses connaissances, la curiosité de son esprit, sa facilité à disserter sur toutes lesmatières le désignaient pour cet énorme travail.

Invité par le libraire Le Breton à traduire la Cyclopœdia de l'anglaisChambers, il conçut l'idée de refaire ce dictionnaire sur un autre plan beaucoup plus vaste.

C'est un des traits duXVIIIe siècle que la manie des dictionnaires. Il s'agissait de résumer l'état des connaissances d'alors sur les questions de science, d'art, de littérature, dephilosophie et de politique. L'ouvrage, est-il dit dans le Discours préliminaire, a deux objets : comme Encyclopédie, il doit exposer autant qu'ilest possible l'ordre et l'enchaînement des connaissances humaines ; comme Dictionnaire raisonné des sciences, desarts et des métiers, il doit contenir sur chaque science et sur chaque art, soit libéral, soit mécanique, les principesgénéraux qui en sont la base, et les détails essentiels qui en font le corps et la substance. Restait, et à vrai dire c'était l'essentiel, à animer d'un même esprit toute cette masse, à faire concourir vers unmême but tous ces articles dus à des plumes différentes.

C'est à quoi Diderot va travailler, aidé dans les premièresannées par d'Alembert qui devait se retirer de l'entreprise en 1757. En 1750 paraissait le Prospectus où Diderot exposait le but de l'entreprise : réunir en un dictionnaire « ce quiconcerne les sciences et les arts » et « faire sentir les secours mutuels qu'ils se prêtent », et ainsi « former untableau général des efforts de l'esprit humain dans tous les genres et dans tous les siècles ».

A son tour, d'Alembertdans le Discours préliminaire (1751), faisait le tableau des progrès de l'esprit humain et dressait une classificationdes sciences.

La publication de l'Encyclopédie s'étendra sur vingt-deux années, traversées d'obstacles, de luttes etd'orages.

Interdite une première fois après le deuxième volume, reprise, interrompue de nouveau, elle ne futterminée qu'en 1772. Diderot est-il arrivé à réaliser complètement son dessein ? Non certes, si l'on entre dans le détail et si on examine unà un tous les articles de l'Encyclopédie.

« Votre ouvrage est une Babel, lui écrivait Voltaire ; le bon, le mauvais, levrai, le faux, le sérieux, le léger, tout est confondu.

Il y a des articles que l'on dirait rédigés par un fat qui court lesboudoirs, d'autres par des cuistres de sacristie : on passe des plus courageuses hardiesses aux platitudes les plusécœurantes.

» Et, de son côté, d'Alembert : « Vous avez bien raison de dire qu'on a employé trop de manœuvres àcet ouvrage...

C'est un habit d'Arlequin où il y a quelques morceaux de bonne étoffe et trop de haillons.

» Quoi qu'ilen soit de ces inégalités et de ces bigarrures inévitables dans une œuvre collective, on peut dire qu'un mêmecourant circule dans l'œuvre entière ; en philosophie, les Encyclopédistes tendent à ruiner Descartes au profit deLocke, en politique le principe des institutions établies, en religion l'autorité du dogme.

De là se dégage, enopposition avec le respect du passé et en hostilité contre la religion, l'adhésion exclusive à la connaissancerationnelle, la foi intrépide dans la continuité du progrès. L'Encyclopédie a été essentiellement une machine de guerre.

C'est par son moyen que le XVIIIe siècle a livré etgagné sa grande bataille.

Elle a été une entreprise de démolition, une œuvre de destruction dirigée contre toutes lesinstitutions et toutes les idées du siècle précédent ; disons plus : contre tout ce qui compose la tradition française. La méthode employée est celle que nous avons déjà signalée, à propos du Dictionnaire de Bayle : c'est une méthodedétournée et fuyante, qui consiste à soulever les questions sans les résoudre et se contente d'avoir fait naître ledoute : on témoigne d'un respect apparent pour les opinions reçues, mais on en expose faiblement les preuves, ondéveloppe avec force les objections, on renvoie à d'autres articles qui en contiennent la négation. Quoi qu'il en soit, l'Encyclopédie, où l'on retrouve toutes les opinions du siècle et où dominent surtout, avec cellesde Bayle, les idées anglaises, fut le point de ralliement des « philosophes » et, agissant sur l'opinion, arriva, commele voulait Diderot, à « changer la façon commune de penser».

Les ministres réformateurs, comme Turgot, plus tardles révolutionnaires, sont nourris de l'Encyclopédie. C'est Diderot, on vient de le voir, qui a assumé la part la plus considérable dans le travail de l'Encyclopédie et en aporté presque seul le poids sur ses épaules : non seulement il a composé de nombreux articles, en particulier ceuxqui avaient trait à la philosophie ancienne et aux arts mécaniques, dont il avait fait une étude spéciale, mais il arevu tous les autres, supporté toutes les difficultés de la publication1, les difficultés matérielles et les autres, etsurtout c'est lui qui en a conçu et maintenu l'esprit.

Il n'est que juste de dire que l'Encyclopédie est l'œuvre deDiderot.. »

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