Diderot : Vanloo (commentaire)
Publié le 22/09/2018
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« Très vivant; c’est sa douceur, avec sa vivacité; mais trop jeune, tête trop petite, joli comme une femme, lorgnant, souriant, mignard, faisant le. petit bec, la bouche en cœur ; et puis un luxe de vêtements à ruinerl e pauvre littérateur, si le receveur de la capitation vient à l’imposer sur sa robe de chambre. ( ...) On le voit de face ; il a la tête nue ; son toupet gris, avec sa mignardise, lui donne l’air d’une vieille coquette qui fait encore l’aimable; la position d’un secrétaire d’État et non d’un philosophe. La fausseté du premier moment a influé sur tout le reste. C’est cette folle de Mme Van Loo qui venait jaser avec lui, tandis qu’on le peignait, qui lui a donné cet air-là, et qui a tout gâté. Il fallait le laisser seul, et l’abandonner à sa rêverie. Alors sa bouche se serait entr’ouverte, ses regards distraits se seraient portés au loin, le travail de sa tête, fortement occupée, se serait peint sur son visage ; et Michel eût fait
Le grand souci de Diderot, en critiquant son portrait physique, est d’affirmer la vigueur de sa personnalité, et de protester contre 1 ’image efféminée qu’a donnée de lui Vanloo. « Joli comme une femme » ! Voilà ce qu’il ne saurait admettre : cette « mignardise », ce « luxe de vêtements », cet air de « vieille coquette » dont il se voit affublé. Sous cette réaction très explicite se devinent trois de ses passions les plus constantes : la haine de l’artifice, le goût de la libre réflexion, le goût des émotions tumultueuses.

«
une belle chose.
Mon joli philos ophe, vous me serez à
jamais un témoig nage précieux de l'ami tié d'un artiste ,
excel lent artis te, plus excellent homme.
Mais que diront mes
pe tits-enfants , lor squ'ils viendr ont à com parer mes tristes
ouvr ages avec ce riant, mignon , eff éminé vieux coquet-là ?
Mes enfants , je vous pr éviens que ce n'est pas moi.
J' av ais
en une journée cent physionom ies diverses , selon la chose
don t j'é tais affecté .
J'étais ser ein, rêveur, tendr e, violent,
pas sionné, enthousiaste ; mais je ne fus jamais tel que vous
me voyez là.
J'av ais un gr and front, des yeux très vifs, d' assez
gr ands traits, la tête tout à fait du caractè re d'un ancien ora
te ur, une bonhomie qui touc hait de bien près à la bêtise,
à la rus ticité des anciens temps.
»
INTR ODUCT ION
Dans ce salon de 1767 dont il s'est chargé de faire le compte
rendu, Diderot a trouvé son propr e portrait, œuvre du peintre
Vanloo.
Belle occasion de parle r de lui, de se confier, de se
camper devant le public.
Cette aubaine le met en verve .
Depuis
plus de quin ze ans il consa cre à l'E ncyc lopédie le meill eur de
son temps : lettres d'aff aires, études techniques, propagande,
éloge des sciences, des chiff res, du travail manuel, de la méca
nique ; ses hum eurs personnelles, les saillies de son imagination
et de son cœur n'y ont guère leur place .
Mais il sait bien leur
donner leur revanche : Le Neveu de Rameau, plus tard
Jacques le Fa tali ste ; les drames, les lettres, et bien d'autres pages,
dont celle-ci ; des pages où il se libère et se peint : ce qu'il ne
dit pas, son style le dit pour lui.
La lecture de ce texte, après 1 'amusement du premier contact,
peut donner lieu à une sorte de déchiff rement.
Quel homm e
découvr e-t-on, dans ces lignes et entre ces lignes ?
1.
IL SOULIGNE LA VIGUEUR DE SA PERSONNA LITÉ
Le grand souci de Diderot, en critiquant son portrait physique,
est d'affirmer la vigueur de sa per sonnalité, et de protester contre
1 'im age effémi née qu'a donnée de lui Vanlo o.
«Joli comme
une femme »! Voilà ce qu'il ne saurait admettre : cette « mi gnar
dise », ce « luxe de vêtements », cet air de « vieill e co quette »
dont il se voit affublé .
Sous cette réaction très explicite se
devinent trois de ses passions les plus constantes : la haine de
1 'a rtifice, le goût de la libre réflexion, le goût des émotions
tum ultueus es..
»
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