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Diderot Commentaire

Publié le 12/12/2013

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Texte 1 Gargantua, LVII De François Rabelais (1494-1553) Toute leur vie était dirigée non par les lois, statuts ou règles, mais selon leur bon vouloir et libre-arbitre. Ils se levaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur venait. Nul ne les éveillait, nul ne les forçait ni à boire, ni à manger, ni à faire quoi que ce soit... Ainsi l'avait établi Gargantua. Toute leur règle tenait en cette clause : FAIS CE QUE VOUDRAS, car des gens libres, bien nés, biens instruits, vivant en honnête compagnie, ont par nature un instinct et un aiguillon qui pousse toujours vers la vertu et retire du vice; c'est ce qu'ils nommaient l'honneur. Ceux-ci, quand ils sont écrasés et asservis par une vile sujétion et contrainte, se détournent de la noble passion par laquelle ils tendaient librement à la vertu, afin de démettre et enfreindre ce joug de servitude; car nous entreprenons toujours les choses défendues et convoitons ce qui nous est dénié. Par cette liberté, ils entrèrent en une louable émulation à faire tout ce qu'ils voyaient plaire à un seul. Si l'un ou l'une disait : " Buvons ", tous buvaient. S'il disait: "Jouons ", tous jouaient. S'il disait: " Allons-nous ébattre dans les champs ", tous y allaient. Si c'était pour chasser, les dames, montées sur de belles haquenées, avec leur palefroi richement harnaché, sur le poing mignonnement engantelé portaient chacune ou un épervier, ou un laneret, ou un émerillon; les hommes portaient les autres oiseaux. Ils étaient tant noblement instruits qu'il n'y avait parmi eux personne qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d'instruments harmonieux, parler cinq à six langues et en celles-ci composer, tant en vers qu'en prose. Jamais ne furent vus chevaliers si preux, si galants, si habiles à pied et à cheval, plus verts, mieux remuant, maniant mieux toutes les armes. Jamais ne furent vues dames si élégantes, si mignonnes, moins fâcheuses, plus doctes à la main, à l'aiguille, à tous les actes féminins honnêtes et libres, qu'étaient celles-là. Pour cette raison, quand le temps était venu pour l'un des habitants de cette abbaye d'en sortir, soit à la demande de ses parents, ou pour une autre cause, il emmenait une des dames, celle qui l'aurait pris pour son dévot, et ils étaient mariés ensemble; et ils avaient si bien vécu à Thélème en dévotion et amitié, qu'ils continuaient d'autant mieux dans le mariage; aussi s'aimaient-ils à la fin de leurs jours comme au premier de leurs noces. Gargantua, livre LVII(1534), version modernisée Texte 2 Le Misanthrope de Molière (1622-1673) PhilinteVous voulez un grand mal à la nature humaine. AlcesteOui, j'ai conçu pour elle une effroyable haine. PhilinteTous les pauvres mortels, sans nulle exception,Seront enveloppés dans cette aversion ?Encore en est-il bien, dans le siècle où nous sommes... AlcesteNon, elle est générale, et je hais tous les hommes :Les uns, parce qu'ils sont méchants et malfaisants,Et les autres, pour être aux méchants complaisants,Et n'avoir pas pour eux ces haines vigoureusesQue doit donner le vice aux âmes vertueuses.De cette co...

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« Philinte Vous voulez un grand mal à la nature humaine. Alceste Oui, j’ai conçu pour elle une effroyable haine. Philinte Tous les pauvres mortels, sans nulle exception, Seront enveloppés dans cette aversion ? Encore en est-il bien, dans le siècle où nous sommes… Alceste Non, elle est générale, et je hais tous les hommes : Les uns, parce qu’ils sont méchants et malfaisants, Et les autres, pour être aux méchants complaisants, Et n’avoir pas pour eux ces haines vigoureuses Que doit donner le vice aux âmes vertueuses. De cette complaisance on voit l’injuste excès Pour le franc scélérat avec qui j’ai procès. Au travers de son masque on voit à plein le traître ; Partout il est connu pour tout ce qu’il peut être ; Et ses roulements d’yeux, et son ton radouci, N’imposent qu’à des gens qui ne sont point d’ici. On sait que ce pied-plat, digne qu’on le confonde, Par de sales emplois s’est poussé dans le monde, Et que par eux son sort, de splendeur revêtu, Fait gronder le mérite et rougir la vertu. Quelques titres honteux qu’en tous lieux on lui donne, Son misérable honneur ne voit pour lui personne : Nommez-le fourbe, infâme, et scélérat maudit, Tout le monde en convient, et nul n’y contredit. Cependant sa grimace est partout bienvenue ; On l’accueille, on lui rit, partout il s’insinue ; Et s’il est, par la brigue, un rang à disputer, Sur le plus honnête homme on le voit l’emporter. Têtebleu ! ce me sont de mortelles blessures, De voir qu’avec le vice on garde des mesures ; Et parfois il me prend des mouvements soudains De fuir dans un désert l’approche des humains. Philinte Mon Dieu ! des mœurs du temps mettons-nous moins en peine, Et faisons un peu grâce à la nature humaine ; Ne l’examinons point dans la grande rigueur, Et voyons ses défauts avec quelque douceur. Il faut, parmi le monde, une vertu traitable ; À force de sagesse, on peut être blâmable ; La parfaite raison fuit toute extrémité, Et veut que l’on soit sage avec sobriété.. »

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