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Discours de la tragédie et des moyens de la traiter selon la vraisemblance et le nécessaire, Corneille

Publié le 21/08/2012

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2) Les types de relations entre les personnages  “ Qu'un indifférent tue un indifférent, cela ne touche guère davantage, d'autant qu'il n'excite aucun combat dans l'âme de celui qui fait l'action; mais quand les choses arrivent entre des gens que la naissance ou l'affection attache aux intérêts l'un de l'autre, comme alors qu'un mari tue ou est prêt de tuer sa femme, une mère ses enfants, un frère sa soeur; c'est ce qui convient merveilleusement à la tragédie. «    « C'est donc un grand avantage, pour exciter la commisération, que la proximité du sang et les liaisons d'amour ou  d'amitié entre le persécutant et le persécuté, le poursuivant et le poursuivi, celui qui fait souffrir et celui qui souffre «    Diverses combinaisons possibles dans les alliances:  1- On connaît celui qu'on veut perdre, et on le fait périr en effet, comme Médée tue ses enfants, Clytemnestre son mari, Oreste sa mère «  2- On le fait périr sans le connaître, et on le reconnaît avec déplaisir après l'avoir perdu; et cela, dit-il, ou avant la tragédie, comme Oedipe, ou après.  3 - quand on est prêt de faire périr un de ses proches sans le connaître, et qu'on le reconnaît assez tôt pour le sauver, comme Iphigénie reconnaît Oreste (a privilégier car on atteint 

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« Lorsque cet inconvénient est à craindre, il est bon de cacher l'événement à la vue, et de le faire savoir par un récit qui frappe moins que le spectacle, et nous imposeplus aisément.

»« L'horreur de ces actions engendre une répugnance à les croire, (…) dont la représentation presque impossible excite la même incrédulité quand on la hasarde auxyeux du spectateur.

» - Le héros doit suciter la sympathie du public : « cette horreur dangereuse d'une action historique, je voudrais la faire arriver sans la participation du premier acteur,pour qui nous devons toujours ménager la faveur de l'auditoire.” (…) C'est un soin que nous devons prendre de préserver nos héros du crime tant qu'il se peut, et lesexempter même de tremper leurs mains dans le sang, si ce n'est en un juste combat” Aristote dit que « le poète n'est pas obligé de traiter les choses comme elles se sont passées, mais comme elles ont pu ou dû se passer, selon le vraisemblable oule nécessaire ».Interpétation de Corneille → “nous pouvons quitter le vraisemblable pour suivre le nécessaire; et cette alternative met en notre choix de nous servir de celui desdeux que nous jugerons le plus à propos.

“→” il y a des occasions où il faut préférer le vraisemblable au nécessaire, et d'autres où il faut préférer le nécessaire au vraisemblable.” Vraisemblance en ce qui concerne le temps et le lieu“Il faut placer les actions où il est plus facile et mieux séant qu'elles arrivent, et les faire arriver dans un loisir raisonnable, sans les presser extraordinairement, si lanécessité de les renfermer dans un lieu et dans un jour ne nous y oblige.”“L'obéissance que nous devons aux règles de l'unité de jour et de lieu nous dispense alors du vraisemblable, bien qu'elle ne nous permette pas l'impossible” Nécessité de liaison entre les scènesLa liaison: “J'appelle ainsi la manière dont une action est produite par l'autre” et “le nécessaire y est à préférer au vraisemblable, non que cette liaison ne doivetoujours être vraisemblable, mais parce qu'elle est beaucoup meilleure quand elle est vraisemblable et nécessaire tout ensemble” Réflexion sur les actions qui composent la tragédie : 1-celles qui suivent l’histoire → vraies ( il ne faut point se mettre en peine de la vraisemblance, elles n'ont pas besoin de son secours.) 2- celles qui ajoutent à l’histoire · vraisemblables et parfois nécessairesDéfinition du vraisemblable : « c'est une chose manifestement possible dans la bienséance, et qui n'est ni manifestement vraie ni manifestement fausse.”.

Autre sous-divsions à l’intérieur du vraisemblable:- Le vraisemblable général : « Le vraisemblable général est ce que peut faire et qu'il est à propos que fasse un roi, un général d'armée, un amant, un ambitieux, etc.”- et le particulier : est ce qu'a pu ou dû faire Alexandre, César, Alcibiade, compatible avec ce quel'histoire nous apprend de ses actions.

Ainsi tout ce qui choquel'histoire sort de cette vraisemblance, parce qu'il est manifestement faux; et il n'est pas vraisemblable que César, après la bataille de Pharsale, se soit remis en bonneintelligence avec Pompée… » (...)« Cette fausseté manifeste, qui détruit la vraisemblance, se peut rencontrer même dans les pièces qui sont toutesd'invention.

On n'y peut falsifier l'histoire, puisqu'elle n'y a aucune part; mais il y a des circonstances, des temps et des lieux qui peuvent convaincre un auteur defausseté quand il prend mal ses mesures.

» « Il y a des choses sur qui le poète n'a jamais aucun droit.

Il peut prendre quelque licence sur l'histoire, en tant qu'elle regarde les actions des particuliers, comme cellede César ou d'Auguste, et leur attribuer des actions qu'ils n'ont pas faites, ou les faire arriver d'une autre manière qu'ils ne les ont faites; mais il ne peut pas renverserla chronologie pour faire vivre Alexandre du temps de César, et moins encore changer la situation des lieux, ou les noms des royaumes, des provinces, des villes, desmontagnes, et des fleuves remarquables.

»Raisons :- ce sont des choses permanentes.- il court le danger du ridicule -le vraisemblable ordinaire : l'ordinaire est une action qui arrive plus souvent, ou du moins aussi souvent que sa contraire - le vraisemblable extraordinaire : l'extraordinaire est une action qui arrive, à la vérité, moins souvent que sa contraire On peut m'objecter que le même philosophe dit qu'au regard de la poésie on doit préférer l'impossible croyable aupossible incroyable, :L’impossible croyable:- “il y a des choses impossibles en elles-mêmes qui paraissent aisément possibles, et par conséquent croyables, quand on les envisage d'une autre manière.

Telles sonttoutes celles où nous falsifions l'histoire.

Il est impossible qu'elles soient passées comme nous les représentons, (…) mais elles paraissent manifestement possiblesquand elles sont dans la vraisemblance générale.- Le merveilleux mythologique (“ce que la fable nous dit de ses Dieux et de ses métamorphoses”) : “L'auditeur n'est point trompé de son attente, quand le titre dupoème le prépare à n'y voir rien que d'impossible en effet: il y trouve tout croyable” 3- celles qui falsifient l’histoire → toujours nécessairesDéfinition du nécessaire : Je dis donc que le nécessaire, en ce qui regarde la poésie, n'est autre chose que le besoin du poète pour arriver à son but ou pour y fairearriver ses acteurs.Le nécésaire est donc ce qui est utile- tant au but des personnages dans l’action (“Un amant a celui de posséder sa maîtresse; un ambitieux, de s'emparer d'une couronne; un homme offensé, de se venger;et ainsi des autres.

Les choses qu'ils ont besoin de faire pour y arriver constituent ce nécessaire”)- qu’au but du poète (plaire et instruire) :Par ajout d’ornements: “il a besoin quelquefois de rehausser l'éclat des belles actions et d'exténuer l'horreur des funestes.

Ce sont des nécessités d'embellissement où ilpeut bien choquer la vraisemblance particulière par quelque altération de l'histoire, mais non pas se dispenser de la générale” (…) Surtout il ne doit jamais lespousser au-delà de la vraisemblance extraordinaire, parce que ces ornements qu'il ajoute de son invention ne sont pas d'une nécessité absolue (…) Pour plaire selonles règles de son art, il a besoin de renfermer son action dans l'unité de jour et de lieu; et comme cela est d'une nécessité absolue et indispensable, il lui est beaucoupplus permis sur ces deux articles que sur celui des embellissements. Le non respect des unités est parfois nécéssaire car il est rare dans la réalité historique que “ces délibérations et leurs effets puissent arriver en un même lieu et en unmême jour”.

Pour y remédier il formule un conseil:“de ne marquer aucun temps préfix dans son poème, ni aucun lieu déterminé où il pose ses acteurs.

L'imagination de l'auditeur aurait plus de liberté de se laisser aller. »

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