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Dissertation Antoine Adam

Publié le 11/02/2014

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Dissertation Sujet  Antoine Adam écrivait : « Point de raison universelle, mais la Nature, infiniment diverse, jamais identique en deux êtres. Pas de traditions imposées, pas de conformisme, pas d'orthodoxie. Réaliser pleinement sa propre originalité, sa Nature. La poésie c'est cela. « Théophile de Viau et la libre pensée française en 1620, Genève, Slatkine Reprints, 1965, (p235) Commentez et discutez ce jugement. La poésie est un genre littéraire très ancien aux formes et aux styles variés, privilégiant une expressivité dans la forme, mais aussi au moyen de combinaisons verbales et au moyen d'images. Depuis ses origines, la poésie évoque l'idée d'une forme fixe consistant à organiser les mots en vers et en strophe d'une manière précise. L'utilisation du vers s'imposera comme la première caractéristique de la poésie, la différenciant ainsi de la prose. D'un point de vue formel, dès le Moyen Age, avec La chanson de Roland par exemple, on trouve pour ces textes un type de vers, une façon de les agencer et un type de rhétorique qui prouve déjà une certaine rigueur. Il y a l'emploi du décasyllabe, vers typique de l'épopée médiévale, qui est un vers ni trop court pour ne pas pouvoir contenir une phrase complète, ni trop long pour empêcher l'émission chantée d'un vers. Sa césure se fait après la quatrième syllabe du vers. Ces décasyllabes ne riment pas, ils assonent seulement pour permettre la mémorisation des mots. Le rondeau et la ballade sont des formes fixes qui apparaissent durant le Moyen Age. La ballade comporte trois strophes à refrain, auxquelles peut s'ajouter un envoi (plus court au moins de la moitié des strophes). Chaque strophe présente le même nombre et le même type de vers, ainsi que le même schéma rimique (même disposition, même timbre de rimes d'une strophe à l'autre). Le refrain se limite majoritairement à un seul vers, mais peut parfois en occuper deux. Il y a aussi l'ode, qui est une forme fixe héritée de l'antiquité, ou le sonnet, rendu célèbre par l'italien Pétrarque, apparut en France au XVIème siècle avec Marot. Ce sonnet va trouver une vie poétique très longue. Il est toujours formé de quatorze vers : deux quatrains et deux tercets, et se compose d'une forme canonique. Le sonnet est la forme privilégiée de toute poésie amoureuse. La plupart de ces formes vont perdurer dans le temps, tout autant que certains thèmes abordés. Toutes ces formes poétiques sont définies par des contraintes. Toutefois, si l'on remonte aux origines du mot, « poésie « vient du grec poiein qui signifie fabriquer, créer. Le poète est donc un créateur, un inventeur de formes expressives, il est libre de sa propre création. Et c'est à ce propos que la citation du théoricien du XXème siècle, Antoine Adam, rejoint cette définition étymologique. En effet, dans la citation, l'auteur emploie l'infinitif « réaliser « dans la phrase : « Réaliser pleinement sa propre originalité «. Cela résume parfaitement ce que, selon lui, le poète doit faire : il doit créer de « l'originalité « pour ne pas être dans un « conformisme « littéraire. L'auteur va définir la poésie par ce qu'elle n'est pas et non pas par ce qu'elle est, à travers de nombreuses négations : « point de raison universelle [...] jamais identique en deux êtres. Pas de traditions imposées, pas de conformisme, pas d'orthodoxie «. On remarque que la citation se constitue de trois phrases nominales antéposées, renvoyant par cataphore au groupe nominal « la poésie « et à l'assertion « c'est cela «. Cette énumération de négation et cette antéposition confèrent un effet d'attente. De plus, il y a une forme de gradation dans les termes qu'il emploie pour définir ce que ne devrait pas être la poésie. Tout d'abord avec « traditions imposées « qui renvoie à toutes les formes fixes de la poésie comme la ballade, l'ode, le sonnet. Mais aussi, tout ce qui relève de la métrique, avec le vers en alexandrin, très utilisé dans la poésie française. Le mot « tradition « connote un sens de l'ordre du rite, de l'habitude, et le participe passé « imposées « a l'idée de la contrainte. Puis il y a le terme « conformisme « qui a pour signification de se soumettre aux normes, aux règles. Et enfin le terme « orthodoxie «, qui vient du grec. Orthos veut dire droit, et doxa opinion. Et de fait, distingue ce qui est dans « le droit chemin « de tout ce qui s'en éloigne. Il y a quelque chose de l'ordre de l'endoctrinement, comme si les poètes n'avaient pas le choix dans leur propre écriture et qu'ils agissaient pour répondre à une force ou à une mode. Tous ces termes sont des antonymes du mot « originalité «. Par conséquent, il ne faut pas que le poète soit astreint et se soumette aux règles conventionnelles de la poésie sinon il ne sera pas « original «, et s'il n'est pas « original «, il ne fera pas de la poésie, comme l'entend Antoine Adam. D'autre part, dans la première phrase, l'auteur emploie l'expression « raison universelle « venant s'opposer par la conjonction « mais « à « la Nature, infiniment diverse «. La raison est « une faculté propre à l'homme par laquelle il peut penser « (Le petit Larousse) et vient s'opposer à la « Nature «, qui a pour sens premier, « l'ensemble des êtres et des choses qui constituent l'univers « (Le petit Larousse). On note que le mot « Nature « comporte une majuscule portant une signification allégorique, prenant tout son sens lorsqu'il est écrit la seconde fois, après le pronom possessif « sa «, renvoyant à la nature humaine, à ce qui lui est propre, à ce qui fait que le poète est différent des autres. Autrement dit, à la poétique de son auteur. Par ailleurs, le premier emploi de « Nature «, précédé de l'article indéfini « la «, renvoie sémantiquement au nom, c'est-à-dire à l'environnement, au paysage sauvage. De la même façon, le mot « universelle « renvoie à la totalité des êtres, tandis que « diverse « renvoie à leur différence. La notion d'identité de l'homme, et particulièrement du poète, est importante dans cette citation, se révélant aussi à travers les termes « pleinement «, « propre «, mais aussi à travers les deux pronoms possessifs « sa «. Antoine Adam soulève donc le problème de l'originalité d'une oeuvre poétique, qui selon lui se réalise lorsque le poète ne s'assujettit pas aux « traditions imposées «. Dès lors nous pouvons nous demander où se trouve l'originalité d'un poète ? Ne réside t-elle seulement dans la transgression des codes, imposées par la poésie, ou peut-elle aussi émerger de cette rigueur? Dans un premier temps nous verrons l'originalité, comme vouloir faire quelque chose de différent par rapport aux formalités, aux traditions imposées. Puis nous verrons qu'à travers les principes que constituent la poésie, l'auteur va pouvoir se différencier d'un autre. Pour enfin voir que, l'originalité de la poésie c'est aussi de pouvoir prendre toutes les formes possibles. Ainsi, la citation d'Antoine Adam est tirée de son livre Théophile de Viau et la libre pensée française en 1620. Ce paratexte nous permet de mieux situer la citation de l'auteur. En effet Théophile de Viau est un poète du XVIIème siècle. Siècle où L'académie française se propose de codifier le vocabulaire, la syntaxe, la poétique et par conséquent, la codification du langage prend une place importante dans les écrits littéraires. En effet, Théophile de Viau pratique l'élégie mais aussi la satire. La forme des poèmes qu'il écri...

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