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Dissertation Théâtre Antoine Vitez

Publié le 18/02/2014

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HENRY Lucas, M1 Lettres modernes, enseignement Dissertation : Le théâtre Né en 1930, Antoine Vitez est d'abord comédien, avant de devenir un metteur en scène prolifique; il s'engage de plus dans l'enseignement de ce métier, sa passion, et devient ainsi une figure particulièrement influente du théâtre français d'après-guerre, marquant ce dernier de sa vision singulière de l'art théâtral. Directeur du Théâtre de Chaillot puis de la Comédie-Française, il vise un idéal de création théâtrale quasi utopique qu'il résume par la désormais fameuse formule oxymorique: un "théâtre élitaire pour tous", et réinvente ainsi l'horizon du théâtre populaire. Il fonde en outre, en 1984, la revue L'art du théâtre, et y écrit, dans le premier numéro: « Le théâtre est un champ de forces très petit , mais où se joue toute l'histoire de la société, et qui, malgré son exiguïté, sert de modèle à la vie des gens, spectateurs ou pas. Laboratoire des conduites humaines, conservatoire des gestes et des voix, lieu d'expérience pour de nouveaux gestes, de nouvelles façons de dire [...] pour que change l'homme ordinaire, qui sait? «. Antoine Vitez suppose ici un paradoxe constitutif au théâtre, du point de vue de sa portée. Celle-ci toucherait « toujours « à l'« histoire de la société «, et ainsi le théâtre servirait de « modèle à la vie des gens «, sans distinction, en dépit de son rapport au monde des plus étroits, son expression ne tenant que sur une simple scène, au travers de quelques acteurs et quelques décors, quand il y en a, le tout le temps de quelques heures tout au plus. L'expression « champ de forces « donne verbalement forme à l'idée d'un lieu - soit un « champ « - de théorie et de mise en pratique d'idées et de tensions, de mouvements et d'images, de voix et de silences, d'impasses et de solutions... ce qu'il appelle « forces «, en somme. La deuxième phrase de cette citation assigne deux autres rôles à l'art théâtral, celui de « lieu d'expérience «, de « laboratoire « pour le langage et les attitudes humaines (ces « conduites humaines «), et de « conservatoire des gestes et des voix «, soit le moyen d'attester des problématiques et attitudes du passé, de les comprendre, tel un musée vivant consistant en mouvements, paroles et images. Et puisque le théâtre se caractérise justement par son aspect vivant, en mouvement et démonstratif, dans quelle mesure cet art sert-il de modèle à la vie et de modèle théâtral de la vie, pour le passé, le présent et le futur? Nous expliciterons ce paradoxe entre l'exiguité de l'espace scénique (physique et thématique) théâtral et sa large portée d'enseignements pour la société et les individus, ces « gens «, pour ensuite considérer ce qui semble échapper à une définition trop restrictive d'un théâtre qui serait alors l'exemple des conduites à adopter. Enfin nous apprécierons les spécificités définitoires du théâtre en tant qu'elles favorisent la monstration, la sensibilisation et la spéculation, plus que la démonstration, l'enseignement pur et la doctrine, faisant de cette art un gardien privilégié d'idées du passées, du présent, et le siège d'expérimentation pour l'avenir. Le théâtre est un espace réduit qui pourtant s'emploie à mettre en jeu et à confronter les caractères humains et l'histoire de la société, en y collant au plus près. Il obéit en effet à des contraintes qui lui sont propres. Aux origines, l'amphithéâtre antique, lieu ouvert plutôt vaste était pourtant nettement circonscrit au regard de ce que l'on voudrait représenter, et les changements de décor étaient peu nombreux. Par ailleurs, on devine aisément que la règle des trois unités (lieu, temps, action) du théâtre classique s'explique aussi, outre les éxigences de pureté stylistique revendiquées par les classiques, par un certain handicap technique alors particulièrement pregnant. Comment met...

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