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DISSERTATION CRITIQUE FELMAN ADIEU

Publié le 06/09/2018

Extrait du document

L’Histoire conduit ses victimes à des actions radicales et laisse des marques : Stéphanie pour continuer à vivre malgré ses séquelles choisit la folie, les soldats de la Bérésina connaissent la mort dûe au froid ou à la faim ne cherchant plus à se battre, Geneviève en perdant son amant, perd toute once d’intelligence. Le tragique de l’Histoire trouve même une résonnance des années après les horribles faits sur la rivière soviétique. Philippe se donne la mort, accablé par ce fardeau : «cette catastrophe, dernière scène d’un drame qui avait commencé en 1812 ». La Comtesse de Vandières est morte elle aussi suite au choc qu’a causé le retour à la Bérésina. L’Histoire montre ici sa fatalité inexorable.

       Une fatalité que les personnages essaient de combattre. L’auteur développe en effet un intérêt pour la médecine dans cette nouvelle et en particulier la psychanalyse. Malgré une conclusion sur la mort de Philippe comme quoi l’Histoire nous entraîne tous vers un destin tragique, cette nouvelle traite aussi des techniques de guérison de ces gens rendus fous par leur passé. Le cas de Stéphanie, femme ayant perdue toute conscience et donc livrée à son inconscient, nous fait penser aux cas d’hystérie auquel s’est intéressé Freud postérieurement à cette nouvelle. Balzac est précurseur de cette méthode qui consiste à faire revivre oralement ou visuellement dans ce cas-ci les traumatismes engendrés dans le passé des malades. La fiction tend donc ici à une réelle réflexion sur les méthodes thérapeutiques pour guérir de cette Histoire qui reste dans les consciences.

« Balzac, dans son œuvre, est explicite face à la folie qui empare ses personnages féminins, cependant il l’est moins quant à celle de ses personnages masculins.

Nous constatons que Philippe est l’exemple même de l’aliénation non-déclarée.

Une fois qu’il retrouve Stéphanie, il est clairement dépendant d’elle, ses actes et ses paroles nous le prouvent.

L’ancien-officier partage des moments très intimes avec Stéphanie, au détriment de son oncle, et passe la quasi-totalité de son temps aux Bons-Hommes.

Il se montre possessif envers elle et son humeur dépend des réactions de la jeune comtesse : « Elle ne me reconnaît pas, s’écria le colonel au désespoir.

» Cette dépendance quant aux actions de Stéphanie finit même par le rendre fou. Philippe de Succy est lui aussi atteint d’une folie qu’il camoufle en faisant passer pour un plan ingénieux : reconstituer la bataille de la Bérésina afin de rendre la raison à Stéphanie par un choc, faire revivre l’épisode d’une histoire qui a ébranlé l’Europe et concerné des milliers d’hommes.

Une bataille traumatisante où la faim, le froid, l’horreur et la mort ont marqué les esprits.

L’ancien officier, immergé dans son projet, ne voit pas la connotation morbide qui se trouve dans la recréation de cette scène historique.

Il y a même un côté destructeur lors de la création du décor : « Il ravagea son parc, afin de compléter l’illusion sur laquelle il fondait sa dernière espérance.

[…] Il éleva des cabanes, des bivouacs, des batteries qu’il incendia.

Enfin, il n’oublia rien de ce qui pouvait reproduire la plus horrible de toutes les scènes ».

L’ancien officier est dans ce passage semblable à un fou pris d’une crise et détruisant tout ce qu’il touche.

Ainsi, l’apparente raison que détienne les hommes est contrebalancée par une folie sous-jacente, tout aussi bien que le discours qu’ils semblent maîtriser cache en vérité des silences. L’amant de Stéphanie a en effet bien du mal à rentrer en communication avec elle, abattu de ses échecs il en arrive même à vouloir mettre fin à leurs jours.

Il préfère un silence éternel plutôt que des monologues n’amenant aucune réaction.

De plus, Philippe est enfermé dans un certain mutisme par rapport à ce qui s’est passé sur la Bérésina, pas une seule fois il ne délivre son point de vue sur cet épisode de sa vie. C’est un narrateur extérieur qui en délivre le contenu, quelqu’un qui ne l’a pas vécu : le docteur Fanjat, oncle de Stéphanie.

Un narrateur extérieur qui se transforme au fur et à mesure en narrateur omniscient.

Le mutisme de Philippe sur la Bérésina est révélateur d’un événement douloureux, un événement du passé traumatisant et tragique qui ne laissa pas indemne ses survivants.

Tout compte fait, les hommes aussi bien que les femmes sont victimes du passé, ils sont victimes de l’Histoire. L’Histoire est facteur de leur folie commune.

Les femmes de cette époque sont connues pour leur hystérie, cette folie soudaine qui les pousse à se comporter de manière irrationnelle s’explique en partie par la société dans laquelle elles vivent.

Une société où la domination masculine, puisant ses sources dans la grandeur de Napoléon et son Empire, écrasent les femmes condamnées à suivre leurs maris où qu’ils aillent.

De nombreuses épouses sont présentes à la Bérésina n’ayant pourtant aucun but militaire mais leur présence respecte ainsi les mœurs du XIXème.

Elles subissent l’Histoire. L’Histoire conduit ses victimes à des actions radicales et laisse des marques : Stéphanie pour continuer à vivre malgré ses séquelles choisit la folie, les soldats de la Bérésina connaissent la mort dûe au froid ou à la faim ne cherchant plus à se battre, Geneviève en perdant son amant, perd toute once d’intelligence.

Le tragique de l’Histoire trouve même une résonnance des années après les horribles faits sur la rivière soviétique.

Philippe se donne la mort, accablé par ce fardeau : «cette catastrophe, dernière scène d’un drame qui avait commencé en 1812 ».

La Comtesse de Vandières est morte elle aussi suite au choc qu’a. »

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