Dissertation : Décrire le corps ou le montrer, quel est le plus audacieux ?
Publié le 08/11/2022
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Décrire le corps ou le montrer, quel est le plus audacieux ?
Vous qui êtes attentifs à ce récit possédez un corps.
Nous pouvons faire une infinité de choses avec celuici vous vous direz, c’est vrai.
Ici nous nous concentrerons principalement sur deux de ces fonctions :
le montrer, et le décrire.
Nous pouvons le faire dans toutes les conditions, qu’il soit splendide, laid, mort ou
vivant, tellement de détails et de minutie portés envers ce dernier le rendant comme une figure artistique,
tellement qu’il en devient un véritable sujet audacieux à part entière.
Montrer le corps, partager une représentation visuelle du corps grâce aux arts visuels permet de nous faire
une idée plus précise de ce dernier malgré qu’elle soit l’une des choses les plus dures à représenter.
La
peinture emprunte les symboles littéraires : en le voyant, il nous marque, nous avons devant nos yeux l’idée
qu’on se fait du corps, sans avoir à passer par la parole, le rendant expressif.
Tandis qu’expliquer les
spécificités du corps par les mots nous offre également tellement de possibilités de représentation, mais aura
finalement pour but de la visualiser, d’y donner une image, mais nous n’aurons qu’une idée abstraite de sa
visualisation.
La peinture est un art de combler le manque par le langage, et de cette manière, le décrire ou le
montrer naissent d’un désir à combler, et d’un désir d’entretenir, de rendre présent l’absent ; ainsi, nous
pouvons nous demander lequel serait le plus audacieux.
Pour cela, nous verrons dans un premier temps comment montrer le corps est plus audacieux, puis dans un
second temps que décrire est plus osé, et enfin nous nous évoquerons le rapport avec le corps entre ces deux
derniers.
Afin d’éclairer nos propos de cette première partie, nous commencerons par souligner que montrer le
corps est plus audacieux que de le décrire ; nous évoquerons d’une part le maniérisme des œuvres picturales,
puis de l’autre la peinture macabre baroque.
On sait que l’illettré ne peut comprendre une description, un texte ; la compréhension et l’idée faites des
mots ne sont pas accessibles à tous.
Il faut avoir de bonnes compétences pour comprendre un récit, une
culture personnelle ne suffit pas.
Une véritable éducation est nécessaire pour assimiler ce qu’on lit.
Le
maniérisme est un mouvement plutôt ardu : on représente le corps de manière méprisée, sans hésiter à le
marquer par la vieillesse, ou encore par la maladie mais ce, sans oublier sa représentation sacrifiée.
On tente
de représenter le corps de la manière la plus parfaite possible, en jouant avec les proportions du corps, les
mouvements, afin de mettre en avant l’expressivité plus que la perfection.
On cherche à faire parler le corps,
qui possède un goût très prononcé de la représentation érotique.
Dieu a créé l’Homme à son image, le corps
n’est donc pas individualisé puisqu’il a une représentation symbolique permettant de mettre en lien avec le
monde divin.
Par exemple dans l’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci, le corps humain est représenté
avec des proportions idéales, on dessine le corps de sorte qu’il entre parfaitement dans le carré et dans le
cercle.
Le corps parfait serait donc mathématisable ? Ces progrès vont conduire les artistes à adopter une
pratique picturale nouvelle, qui est la peinture du nu.
Dans La dispute du Saint-Sacrement de Raphael, les
personnages sont d’abord représentés nus, de sorte à plus ressembler à la réalité.
Il y a un enjeu de vérité lié
au corps.
Pour sa publication, ils seront évidemment vêtus.
La représentation du nu reste un travail
préparatoire jusqu’au milieu du 16e siècle, où le nu est principalement lié aux sujets mythologiques.
Dans
Vénus et Cupidon ou Triomphe de Vénus de Bronzino, on remarque que les corps sont en ligne serpentine,
c’est-à-dire qu’ils forment un ‘S’.
L’impression de ressemblance avec la réalité n’est plus importante, le plus
important est l’effet plastique ressentie.
La peinture est surchargée de signes et de symboles comme le
coussin, ou encore les roses qui ne sont pas forcément ordonnés.
On remarque également une très forte
théâtralisation, montrée par les rideaux dignes d’une véritable pièce de théâtre.
Les couleurs majeures sont
plutôt froides, et permettent de contextualiser la scène.
Lorsqu’on prête attention, on remarque qu’ici est mis
en avant l’aspect artificiel des symboles : l’exaltation de la chair érotique ou du corps n’est pas forcément
liée à une bonne chose : on nous invite à se tenir à distance du vice.
Ainsi, un corps maniériste est
paradoxal : il est tendu vers la perfection, mais également étrangement déformé.
Au lieu d’orienter le regard
vers l’idéal, il interroge l’ambigüité du regard du spectateur.
L’émergence du baroque est liée au la situation au 16e siècle, marquée par les guerres de religions et les
troubles politiques entre les catholiques et les protestants.
A partir de 1560, cette période marquée par la
violence va provoquer un nouveau goût littéraire, le baroque.
Ce mouvement est caractérisé par un goût pour
Décrire le corps ou le montrer, quel est le plus audacieux ?
GEBAVI.
T
la multiplication des formes mais également par une fascination pour le spectaculaire, la souffrance, la
violence, et le macabre.
Il repose sur le sentiment déraciné de la fragilité des choses terrestres, du caractère
éphémère de la vie humaine, du goût du macabre, de l’horrifique et a pour condition de rappeler aux
hommes leur position de mortel, en bref, la beauté terrestre n’est pas vouée à durer, nous y reviendrons en
détail plus tard.
Elle renonce ainsi à la beauté, ainsi l’art n’est plus un objet de plaisir, de délectation, l’art est
conçu comme une mise en spectacle du monde dans son intégralité, passant aussi par la laideur et la
souffrance.
Dans La Crucifixion de Grünewald, est représenté le Christ lors de sa crucifixion.
On y remarque
particulièrement ses émotions et sa souffrance.
Le corps du Christ a un caractère d’emblée fantastique, il est
énorme.
La peinture est faite pour faire parler le corps : sa représentation est éloignée du Christ qu’on
retrouve dans les peintures religieuses traditionnelles, ici on ne voit pas sa gloire, ni son triomphe mais sa
souffrance et sa déroute.
Sa peau est verte, pétrifiée est couverte de tâches, ses mains sont déformées.
Ce moment de la mort du Christ s’inscrit dans une temporalité radicalement humaine, celle de la maladie :
l’ignominie de la crucifixion du Christ est représentée.
Il y a une volonté de susciter chez le spectateur une
émotion et non de transmettre une leçon.
On peut comparer cette œuvre aux créations de Caravage, un
peintre de la fin du 16e siècle dont sa technique est caractérisée par une extrême volonté de représenter le
corps du Christ à l’expérience vécue du spectateur pouvant être la perfection ou la laideur.
Caravage refuse
la solennité et l’atténuation, il représente des personnages dépourvus de grâce, de perfection : ils sont
marqués par la vie, et le travail.
Il n’y a pas de perspective et de profondeur dans ses tableaux puisqu’il peint
sur fond noir, ainsi ces créations ne représentent plus le récit d’une histoire mais d’un moment isolé qui tire
ses effets non dans sa signification mais dans sa force plastique, dans sa dédramatisation.
Sa peinture est une
leçon de ténèbres à la fois esthétique que morale, l’idée est que les plus grandes actions humaines abritent
une forme de noirceur même dans les actions des personnages bibliques et sacrés.
Il a une préférence pour
les scènes de décapitation : elles représentent le paroxysme de l’horreur, de la violence et de la cruauté.
Dans David de Caravage, on voit David tenant le visage de Goliath d’une main, et de l’autre une épée.
L’expression de David est méditative, presque douloureuse faisant transition avec le visage de Goliath.
La
noirceur de l’arrière-plan nous donne l’impression d’être dans un rêve, elle possède une dimension
homérique.
Finalement, un corps macabre est comme dans le maniérisme rempli de symboles, mais à çà
s’ajoute le caractère éphémère de l’humanité, la mort : la vanité.
Dans cette deuxième partie, nous tenterons de mettre en évidence que décrire le corps est plus audacieux ;
nous nous intéresserons d’une part à la poétique du corps maniériste, et d’autre part aux corps torturés de la
poésie baroque.
Lorsqu’on décrit un corps, on essaie de le visualiser mais tellement de possibilités de
représentation s’offrent à nous.
Nous pouvons le faire dans toutes les langues et dialectes possibles, de toutes
les cultures, il est accessible à énormément de personnes.
Mais comme évoqué lors de l’introduction, il est
nécessaire d’avoir un véritable apprentissage de la langue pour bien décrire.
Ainsi, il faut trouver les mots
justes afin de montrer la beauté du corps, ce qui n’est pas chose facile.
Pour évoquer cette poétique du corps maniériste, nous prendrons l’exemple....
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