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Publié le 22/03/2015
Extrait du document
«
Ce qui frappe d’abord, c’est sa revendication d’une liberté absolue.
L’inconstance suppose en effet
une disponibilité complète et le refus de s’attacher : » je ne puis refuser mon cœur mon cœur à tout
ce que je vois d’aimable, et dès qu’un beau visage me le demande, si j’en avais dix mille, je les
donnerais tous ».
Don Juan ne supporte pas l’idée d’être lié définitivement à une femme.
C’est
pourquoi sa frénésie amoureuse est aussi une fuite et une peur de la dépendance.
D’une façon
provocante, il remet en cause les règles morales traditionnelles et notamment le mariage qui
consacre socialement l’amour : « Quoi ! tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous
prend, qu’on renonce au monde pour lui, te qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ? » En disant cela
il pense à sa femme Elvire qu’il vient de quitter et à qui il va devoir rendre des comptes.
Mais ce
désir de liberté totale a pour conséquence une instabilité et une insatiabilité sans répit.
Don Juan ne
peut demeurer en repos.
Sa vie est une perpétuelle fuite en avant.
Il lui faut agir sans arrêt sous
peine de tomber dans l’ennui : « j’ai sur ce sujet l’ambition des conquérants, qui volent
perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits «.
Le
libertin est donc au moins esclave de son désir sensuel.
Il le justifie par la très haute idée qu’il a de
lui-même.
II-Orgueil et mépris des autres
Don Juan est en effet plein d’orgueil.
Ceux qui choisissent la tranquillité bourgeoise de la fidélité,
les amours molles et souvent médiocres du mariage, s’attirent son mépris : « Non, non, la constance
n’est bonne que pour les ridicules ».
Il a besoin quant à lui du risque et du danger de la passion
amoureuse, qui le met au ban de la société.
Il devra par exemple affronter les frères d’Elvire qui
voudront venger le déshonneur de leur sœur.
Cette situation lui plaît.
Il considère qu’il est le plus
fort et que rien ne peut entraver son appétit de domination : « Il n’est rien qui puisse arrêter
l’impétuosité de mes désirs ».
Cet orgueil l’entraîne à la mégalomanie.
Il se compare à Alexandre,
le célèbre conquérant antique, qui était au XVIIème siècle, chez les moralistes et les prédicateurs, le
symbole de la démesure.
L’amour n’est donc pas pour lui une fin, mes un moyen de s’affirmer.
Il le considère en esthète, c'est-à-dire en attachant plus d’importance à sa façon d’aimer qu’aux gens
qu’il aime.
L’amour est un art, indépendant de ceux qui le pratiquent.
Les femmes sont pour le
libertin des jouets dont il se lasse aussi vite qu’il s’est épris d’elles.
Plus que des individus, il a le
culte de la beauté : « la beauté me ravit partout où je la trouve ».
En esthète raffiné, il sait jouir du
plaisir de la contemplation, comme en témoignent les nombreuses références au regard : « tu veux
[…] qu’on n’ait d’yeux pour personne », « les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux «, «
je conserve des yeux pour voir », « tout ce que je vois d’aimable ».
Quand il séduit une femme, Don
Juan attache, par ailleurs, un grand soin à chacune des opérations qui le conduisent à la victoire
finale.
III- Hypocrisie, corruption, volonté de pouvoir
Manipulateur subtil et maître absolu des apparences, Don Juan a, comme arme favorite,
l’hypocrisie.
L’amour est pour lui une comédie dont il connaît tous les mécanismes.
Il sait
habilement flatter la proie qu’il approche, en lui rendant « cent hommages ».
Il sait utiliser la pitié
grâce qu pouvoir « des transports » [au XVIIème siècle, émotion vive et passionné qui emporte
celui qui l’éprouve], « des larmes et des soupirs ».
Son plaisir est accru par sa conscience de faire
mal.
Il aime corrompre les jeunes femmes naïves et salir « l’innocente pudeur d’un âme qui a peine
à rendre les armes ».
Avec sadisme, il se délecte des tourments qu’il inflige à la femme qu’il dévoie,
en venant à bout des « scrupules dont elle se fait honneur ».
Hypocrisie, corruption, tels sont les
piments dont le libertin a besoin pour aimer.
Sans aucun respect de la personne humaine, il fait de
l’amour une occasion d’améliorer son style et d’affirmer sa maîtrise.
Le sentiment joue pour lui un
rôle moins important que la volonté.
Son plaisir suprême est de voir les faits coïncider avec son
désir et le résultat confirmer son projet, en menant sa victime où il a « envie de la faire venir ».
Dans cette affirmation de soi, le langage joue un rôle primordial, qu’il importe maintenant de
préciser.
C – Un brillant plaidoyer
Cette tirade est en effet un brillant plaidoyer, qui malgré l’immoralisme du contenu, séduit le.
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