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Dom Juan acte III scene 1

Publié le 05/12/2013

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COMMENTAIRE - DOM JUAN, Acte III, Scène 2 INTRODUCTION ? Mise en situation Après l'interdiction de sa comédie Tartuffe, Molière n'abandonne pas le combat contre l'hypocrisie et la fausse dévotion : il reprend en 1665, dans Dom Juan, un personnage à la mode à cette époque, mais transforme le simple séducteur en marginal libertin, pourfendeurs des valeurs traditionnelles. ? Bref résumé de l'action Pourchassés par les frères d'Elvire que Don Juan a séduite, épousée et abandonnée, Don Juan, en habit de campagne, et son valet Sganarelle, en habit de médecin, se sont égarés dans une forêt tandis qu'ils débattaient sur le thème de la médecine et de la croyance. Avisant un pauvre homme sous les arbres, Don Juan charge Sganarelle de l'appeler et de lui demander leur chemin. ? Préciser l'extrait - Annoncer les thèmes d'étude Cette scène 2 de l'acte III, extrêmement brève, qui aurait pu se résumer à une simple demande et fourniture de renseignements, fort banale donc, évolue en une pénible scène de tentation, véritable confrontation entre des positions inconciliables, mais qui doivent entraîner de profondes réflexions : Don Juan est-il aussi noir, aussi cynique qu'il n'y paraît ? le Pauvre est-il si digne de respect? Première partie : une forte progression dramatique 1. Situation conventionnelle : le riche et le pauvre (A REDIGER) - un contraste social puissant étude de l'énonciation, tutoiement / vouvoiement - confusion initiale normale du pauvre en raison des déguisements : glissement de Messieurs à Monsieur - insistance sur la misère pour apitoyer le Seigneur Gradation dans les propos décrivant sa misère : je suis un pauvre homme, je suis dans la plus grande nécessité du monde, je n'ai pas un morceau de pain à me mettre sous les dents - rappel explicite du code de la charité => la prière en retour je ne manquerai pas de prier le Ciel qu'il vous donne toute sorte de biens 2. Les réactions de Don Juan : ? Irritation, impatience, raillerie en accord avec sa révolte contre les codes en vigueur Il apparaît vite que le mendiant n'a pas trouvé la bonne clé pour la bourse d'un homme à qui l'idée qu'on prie pour lui ne peut que donner de l'humeur. Faisant fi du devoir de charité, très contraignant à l'époque, Don Juan abandonne toute aménité pour lui exprimer une claire fin de non-recevoir "Eh ! prie-le qu'il te donne un habit", en lui conseillant froidement de s'adresser à Dieu en son nom personnel. A ce point de la scène, qui semble s'achever, Don Juan peut nous apparaître comme un être intransigeant, opposant aux habitudes, aux co...
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« Le caractère pathétique de la scène est accentué par une des rares interventions de Sganarelle, brave bougre, qui se sent plus proche du pauvre que de son maître et qui souffre de voir le pauvre pareillement torturé.

Elle a un effet de dédramatisation : en suggérant un compromis, " jure un peu ", il laisse entendre que le péché n'est pas si grand, qu'" il n'y a pas de mal ".

Peut-être Sganarelle joue-t-il dans cette scène le rôle symbolique de la mauvaise conscience qui pousse à la faute, à la trahison des principes.

Mais peut-on jurer " un peu "? La foi, la morale souffrent-elles de tels accommodements ? Revoilà notre Sganarelle en piètre défenseur de la morale et de la religion, reproche souvent adressé à Molière au XVIIème siècle.

Mais voir le pauvre comme représentant du Bien, Don Juan comme l'expression du Mal, n'est-ce pas en réalité trop simple? Deuxième partie - approfondissement La véritable nature du pauvre · le rôle du pauvre : vocation, profession utile ? A la précision du pauvre qui se pose en ermite, " retiré tout seul dans ce bois depuis dix ans " pour apitoyer le Seigneur et donner plus de valeur à sa prière, Don Juan réplique plus loin, du tac au tac, par la question " Quelle est ton occupation parmi ces arbres ? " Le choix du terme " occupation ", la reprise de " ce bois " par " ces arbres " révèlent le peu de considération de Don Juan pour la sainte activité de l'ermite et sa volonté de le réintégrer dans le monde matériel, tout en mettant en cause sa véritable utilité. · le pauvre est-il si désintéressé ? Le renseignement sur le chemin à suivre est complété par des conseils du pauvre qui avertit les seigneurs que " depuis quelque temps il y a des voleurs ici autour ".

Comment interpréter cette extrême sollicitude? Est-ce politesse du miséreux face au grand seigneur, prévenance réellement sincère envers autrui ou sorte de monnaie d'échange anticipée ? · Le pauvre a-t-il une conception véritablement chrétienne de la prière ? Une réponse du pauvre mérite d'être examinée avec soin : en effet, " Prier le Ciel tout le jour pour les gens de bien " peut paraître une sainte résolution, quoique la réponse fuse comme une leçon bien apprise ; mais la relative qui suit, " qui me donnent quelque chose " fait tomber, si l'on y regarde bien, l'auréole ; la prière du pauvre apparaît bien sélective, surtout si l'on donne à l'expression " gens de bien " deux sens opposés, moral ou matérialiste, gens à la recherche du bien ou gens qui possèdent des biens.

La prière ne devrait-elle pas être pure manifestation de la foi, sans condition aucune ? LA LECON DE DON JUAN : LES refus successifs (charité, prière, Dieu) · un être sans illusion, perspicace, sûr de lui : Il prévient en fait la demande d'aumône en répondant à la prévenance du pauvre par une politesse extrême, tout à fait surprenante dans la bouche d'un grand seigneur, ironique dans l'accumulation des verbes conventionnels " te suis bien obligé , te rends grâce ", accompagnés hyperboliquement de l'apostrophe " mon ami ", du complément de manière " de tout mon coeur ".

En fait il le paye en paroles plutôt qu'en argent, attitude d'ailleurs fréquente chez Don Juan.

Sans doute veut-il signifier par là que ses politesses valent bien les prières du pauvre ermite.

Il contraint ainsi le pauvre à formuler sa demande pour lui assener alors : " Ton avis est intéressé à ce que je vois ".

· un logicien impitoyable Plus subtilement ensuite, il met en oeuvre un interrogatoire afin d'enfermer son interlocuteur dans des contradictions et l'amener à ses propres conclusions.

L'ironie qui perce dans la surprise feinte de l'interro-négative " il ne se peut donc pas " et du constat " Voilà qui est bien étrange " révèle la volonté critique de Don Juan.

La maïeutique fonctionne à merveille et le malheureux pauvre, qui ne peut qu'avouer sa misère, est tombé dans le piège.

En logicien, Don Juan utilise les réponses successives du pauvre, les additionne en quelque sorte pour parvenir à l'audacieuse déduction : la fervente dévotion ne paie pas.

L'adjectif " étrange " renforcé par le présentatif " Voilà " doit entraîner la réflexion sur un phénomène qui jusqu'alors paraissait normal.

Le " et " qui précède " tu es bien mal reconnu de tes soins " termine la démonstration.

Don Juan s'efforce ainsi de pousser le Pauvre à conclure sur l'inutilité de la prière. Conclusion partielle et transition Il est certes bien facile pour un homme nanti de faire dire par un infortuné qui jeûne et attend des secours, que sa prière est vaine....

Est-ce de la cruauté de la part de Don Juan ? Peut-être, mais il se pourrait que Don Juan ne puisse s'empêcher, en minoritaire qu'il est, - les esprits forts n'ont pas le dessus au XVII° - de démontrer à tout prix; ne prend-il pas le même plaisir avec Sganarelle.

Il reprend en fait la même technique face au pauvre. · un révolté contre un ordre établi S'il termine par une déduction cinglante qui renvoie le pauvre à la misère terrestre d'un malheureux qui souffre, abandonné de Dieu, et non pas d'un représentant de Dieu, Don Juan veut en fait insister sur le cycle infini qui emprisonne ce pauvre : pauvreté, aumône, prière, pauvreté...

Don Juan ne peut accepter cette soumission à un ordre des choses immuable, qui ne trouverait compensation que dans l'au-delà.

Non seulement la misère du pauvre pour Don Juan est la preuve de l'ingrate indifférence voire de l'inexistence de Dieu, mais ce pauvre prie pour des gens aisés qui le maintiennent dans sa pauvreté et qui peuvent en outre se donner bonne conscience grâce à la charité. · le blasphème comme acte, exercice libérateur. »

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