Dom Juan de Molière : ACTE I, SCÈNE 3 (commentaire)

« Un comique mêlé de drame Le dialogue à voix basse entre Don Juan etSganarelle constitue, dans cette scène tragique,un intermède comique.

L'inversion des rôles, lalâcheté de Don Juan devant sa femme et laréponse saugrenue de Sganarelle sont autantd'éléments qui allègent la tension dramatique.L'utilisation d'un double langage, détourné de sonsens, est d'un comique plus relevé.

Il n'est pasjusqu'au personnage de Done Elvire, qui, par sonéloquence exagérément soignée et quelque peucérébrale, ne soit comique, surtout si l'on chargele rôle. Le drame pourtant domine ; la situation estpénible, et la malédiction de Done Elvire ainsi queses menaces voilées laissent planer sur cette find'acte une inquiétude riche en possibilitésdramatiques et en effets d'attente. Don Juan et le temps L'acte I en entier saisit en Don Juan un êtrepressé par le temps.

À peine a-t-il enlevé safemme d'un couvent, après un long siègeromanesque, et l'a-t-il épousée, qu'il en estlassé.

Il suffit qu'il rencontre une jeune fiancéepour décider de l'enlever à son tour.

Entre lesdeux, la fuite.

C'est que Don Juan n'a pas tropd'une vie terrestre pour en épuiser les plaisirs.Chaque obstacle décuple son désir, mais celui-cis'évanouit dès que l'obstacle est surmonté.

Entrele passé de la dernière conquête et l'avenir de laprochaine/le grand seigneur vit dans un éternelprésent, en bon épicurien qui ne croit en nulle viefuture, et aussi en homme au-dessus des lois. La structure des scènes Le schéma de l'acte, dans sa structure tripartite,est rigoureux : trois personnages, plus uncomparse, trois combinaisons.

Sganarelle etGusman, à leur niveau de valets, nousrenseignent sur la situation et le caractère deleurs maîtres.

Parallèlement, Don Juan estconfronté à Done Elvire, dont la souffrance attiretoute notre sympathie.

Entre ces deux scènes,se reforme le couple maître/valet, unis à la vie àla mort, et qui représente en quelque sorte lesdeux faces de l'humanité : d'un côté, l'hommesimple, partagé entre sa foi, son honnêteté. »