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Du roman épistolaire au théâtre

Publié le 18/01/2020

Extrait du document

► Ce que l’on vous demande

La question vous invite à chercher les différences entre les deux textes, puis les ressemblances.

Interrogez-vous sur la longueur des textes ; les éléments du récit (lieu, identité des personnages, événements et détails concrets...) ; la psychologie des personnages ; la situation d’énonciation.

Vous pouvez faire un tableau à deux colonnes et pour chaque point noter les éléments de chaque texte côte à côte ; vous découvrirez alors concrètement les ressemblances et les différences.

Il est plus logique d’inverser l’ordre propos dans la question et de traiter des ressemblances, puis des différences.

Interrogez-vous sur ce qui a pu déterminer les différences.

La réécriture par imitation : esclavage ou création ?

La Fontaine, tout en revendiquant de nombreux emprunts aux fabulistes grecs et latins Ésope et Phèdre, avertit ses lecteurs : « Mon imitation n’est pas un esclavage. » (Épître à Huet)

Pascal, quand il emprunte à Montaigne, précise que son imitation est aussi une émulation : « Qu’on ne dise pas que je n'ai rien dit de nouveau : la disposition des matières est nouvelle ; quand on joue à la paume [jeu de balle, ancêtre du tennis], c’est une même balle dont jouent l’un et l’autre, mais l’un la place mieux. » (Pensées, 22)

Plusieurs facteurs déterminent les écarts entre le texte et son modèle : le contexte, les buts de l’auteur, le public visé.

Les réécritures

 La réécriture peut être étudiée par rapport aux formes qu’elle prend, à son ampleur (de la simple allusion ou citation à la reprise d’un texte intégral), aux opérations d'écriture qu’elle met en œuvre pour s’éloigner de l’œuvre source : par imitation, par transposition et adaptation.

Documents

A - Pierre Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses, lettre XXI, 1782.

B - Pierre Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses, lettre XXII, 1782.

C - Christopher Hampton, Les Liaisons dangereuses, 1988.

Vous répondrez d’abord à la question suivante.

Question (4 points)

En analysant la transposition au théâtre (textes A à C) de l’acte de charité accompli par Valmont, vous montrerez en particulier comment la lettre a été adaptée aux nécessités théâtrales et en quoi le texte original de Laclos a été respecté.

Vous traiterez ensuite un de ces sujets au choix.

Commentaire (16 points)

Vous commenterez, dans le texte A, le passage qui va de la ligne 43, « Cependant, j’arrive au village [...] » à la fin.

Dissertation (16 points)

Le récit est-il la fonction essentielle d’une lettre ?

Vous répondrez à cette question en un développement composé, en prenant appui sur les textes du corpus et les lettres ou romans épisto-laires que vous avez lus ou étudiés.

■ Ecriture d’invention (16 points)
En partant du texte B, écrivez la scène de théâtre qui met en présence la présidente de Tourvel et Madame de Volanges. Vous ferez part notamment des réactions de cette dernière, compte tenu de ses doutes à l’égard de Valmont.

Lorsque Hampton, au xxe siècle, réécrit l’œuvre que Laclos avait composée quelque trois siècles auparavant, Les Liaisons dangereuses, il transpose le roman épistolaire en pièce de théâtre ; ce faisant, il a dû adapter le texte original aux nécessités théâtrales. En effet, réécrire un texte, c’est en garder certains traits, l’« imiter », mais aussi s'en démarquer.

Hampton a gardé les éléments clés du récit, notamment, parmi les personnages, ceux de l’espion qui « observai© » et de « la famille » de paysans, qui présente les mêmes caractéristiques que chez Laclos : « nombreuse, respectable et larmoyante. Et sur le point d’être saisie ». Les données financières sont aussi les mêmes : il est fait mention de la « taille » et la somme d’argent donnée s’élève à « cinquante-six livres ».

Le personnage de Valmont ressemble beaucoup, du point de vue psychologique, à son modèle du xvme siècle : il montre le même vanité et le même sens du spectacle (« as-tu vu comme je les payais noblement ? » fait écho à « je paie noblement... » de la lettre XXI), le même cynisme ; en effet, il se réjouit de la misère de la famille, parle d’« un coût raisonnable », fait la même réflexion sur « les gens vertueux » ; comme chez Laclos, il fait part de son émotion à faire le bien, renforcée par la didascalie « un temps ».

Enfin, dans les deux textes, l’épisode repose sur un jeu de regards complexe : il s’agit d’une scène jouée pour un tiers, l’espion ; un autre personnage en perçoit le double sens : dans la lettre, c’est Madame de Merteuil ; dans le dialogue, c’est le valet Azolan qui regarde l’espion regardant ; on est dans les deux cas dans une double énonciation ; au théâtre le spectateur jouit de la situation de voyeur qui est celle du lecteur dans le roman épistolaire.

« • Écriture d'invention (16 points) En partant du texte B, écrivez la scène de théâtre qui met en présence la présidente de Tourvel et Madame de Volanges.

Vous ferez part notam­ ment des réactions de cette dernière, compte tenu de ses doutes à l'égard de Valmont.

i•ifrlu%'!·1 Lettre XXI : le vicomte de Valmont à la marquise de Merteuil Le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil sont deux séducteurs, appelés au xvm• siècle " libertins "· Valmont veut conquérir la présidente de Tourvel pourtant renommée pour sa pruderie et ses convictions religieuses.

Sachant qu'elle le fait surveiller, il a monté un stratagème pour s'attirer ses faveurs.

Enfin, ma belle amie, j'ai fait un pas en avant, mais un grand pas, et qui, s'il ne m'a pas conduit jusqu'au bout, m'a fait connaître au moins que je suis dans la route, et a dissipé la crainte où j'étais de m'être égaré.

J'ai enfin déclaré mon amour ; et quoiqu'on ait gardé le silence le plus obstiné, 5 j'ai obtenu la réponse peut-être la moins équivoque et la plus flatteuse: mais n'anticipons pas sur les événements, et reprenons plus haut.

Vous vous souvenez qu'on faisait épier mes démarches.

Eh bien! j'ai voulu que ce moyen scandaleux tournât à l'édification publique, et voici ce que j'ai fait.

J'ai chargé mon confident de me trouver, dans les 10 environs, quelque malheureux qui eût besoin de secours.

Cette com­ mission n'était pas difficile à remplir.

Hier après-midi, il me rendit compte qu'on devait saisir aujourd'hui dans la matinée, les meubles d'une famille entière qui ne pouvait payer la taille 1• Je m'assurai qu'il n'y eût dans cette maison aucune fille ou femme dont l'âge ou la figure 15 pussent rendre mon action suspecte ; et quand je fus bien informé, je déclarai à souper mon projet d'aller à la chasse le lendemain.

Ici je dois rendre justice à ma Présidente : sans doute elle eut quelques remords des ordres qu'elle avait donnés ; et, n'ayant pas la force de vaincre sa curiosité, elle eut au moins celle de contrarier mon désir.

Il devait faire 20 une chaleur excessive; je risquais de me rendre malade; je ne tuerais rien et me fatiguerais en vain ; et, pendant ce dialogue, ses yeux, qui parlaient peut-être mieux qu'elle ne voulait, me faisaient assez connaître qu'elle désirait que je prisse pour bonnes ces mauvaises raisons.

Je LES RÉÉCRITURE·• SUJET IEI 1 :3QQ. »

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