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Electre de Giraudoux: ACTE I, SCÈNE 2

Publié le 17/01/2022

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Commentaire complet de la scène 2 de l'acte I de cette pièce. LE JARDINIER. - Électre adore mon jardin. Les fleurs, si elle est un peu nerveuse, lui feront du bien. AGATHE. - Mais elle ne fera pas de bien aux fleurs.

« Des personnages ambigus L'« impossible » Électre La question centrale de la scène concerneÉlectre : qui est-elle vraiment ? En serontproposées plusieurs définitions ou approches : — Le Jardinier en donne une image positive.Pour lui, elle est « la plus belle fille d'Argos » etelle est « pieuse ». — Voyant en elle une concurrente, Agatherectifie en indiquant qu'elle « n'est pas mal ». — Nettement plus développée est la vision duPrésident.

Pour lui, Électre est trop droite, «comme toutes les fleurs qui ne croient point ausoleil », elle est « l'intelligence même ».

« C'estle type de femme à histoires » affirme-t-il.

Ilreconnaît qu'elle est « la justice, la générosité, le devoir ».

Elle est « la plus grande innocente de Grèce » et a pour alliée la « justiceintégrale ». Elle apparaît donc essentiellement comme un principe d'exigence, mais surtout comme un élément dynamisant quiréveille les morts aussi bien que les vivants, au nom d'idéaux particulièrement dérangeants.

En tous points, sa soifde pureté et d'absolu s'oppose au goût ordinaire de la tranquillité et du bonheur.

Électre est donc une fille «impossible ». L'humble jardinier Apparemment, ce personnage est d'une parfaite banalité.

Il prononce une dizaine de répliques assez brèves,souvent plates, représentatives d'un être égaré dans le contexte où on l'a placé.

Lorsqu'il s'exprime, c'est souventpour avancer des idées assez niaises, des sentiments assez mièvres : — « Moi, je suis un peu de l'avis d'Électre.

Je n'aime pas beaucoup les méchants.

J'aime la vérité.

» — « Électre adore mon jardin.

Les fleurs, si elle est un peu nerveuse, lui feront du bien.

» Mais le personnage est peut-être moins niais, moins ordinaire qu'il n'y paraît.

Sa réalité n'est pas seulement celle desradis et des courges auxquels on veut le renvoyer.

Certes, il représente la vérité sans fard et la pureté dessentiments, la délicatesse d'un personnage humble et simpliste.

Mais peut-être Giraudoux rend-il également, àtravers lui, un hommage à cette France profonde, au terroir qu'il aimait tant.

Dans sa simplicité, qui deviendrarusticité, le personnage est émouvant.

Coupable d'une mésalliance qui lui est imposée, il est sans doute aussi lareprésentation dérisoire d'une nostalgie : celle d'un jardin de l'innocence perdue.

À bien y réfléchir, serait-ce unemésalliance que d'unir la justice et l'innocence ? Le Président et Agathe Couple-dérision, doublet vulgaire du couple Clytemnestre/ Égisthe, Agathe et le Président sont des parvenusmédiocres.

Le mari est second président ; sa jeune femme est une cervelle d'oiseau.

Giraudoux s'amuse à unchassé-croisé entre les ana-lyses-péroraisons d'un président bavard et les interruptions cocasses de son épouse.Ce qui est donné à voir et à entendre, c'est une réalité conjugale fort quelconque (au « Ne m'interromps pas,chérie, pour dire la même chose » fait écho le « Ne m'interromps pas, surtout pour me contredire »).

Il y a là letableau d'un bonheur bourgeois, insipide et ennuyeux, qui prête à sourire parce qu'il est déplacé dans le contexted'une tragédie. Le Président est un personnage prétentieux.

Il méprise le Jardinier, son cousin éloigné qu'il qualifie de « rameau le plus médiocre », et juge que sa femme est un être inférieur.

Capable de péroraisons creuses (« Famille tranquille,estimée, en pleine ascension ») aussi bien que de métaphores (« Électre au jardin, c'est la justice et la mémoireentre les fleurs, c'est la haine »), il représente la justice officielle.

Caricature de la magistrature, il affirme le refus desacrifier bonheur et confort.

« Le bonheur n'a jamais été le lot de ceux qui s'acharnent », explique-t-il.

Il symbolisel'incapacité à atteindre la vérité, par pur conformisme bourgeois.

Il est autant empêtré dans sa veulerie d'unarrivisme médiocre que dans sa rhétorique besogneuse.

Autant Électre est une femme de l'absolu, autant lePrésident est l'homme du relatif. Agathe est un personnage étonnant.

Elle réussit à associer un prénom apparemment très banal (qui travestit cependant ses origines grecques) et un malicieux patronyme grec (on peut longuement s'interroger sur l'étymologiede Théocathoclés).

Apparemment stupide, cette tête de linotte déclare : « Moi, je n'ai pas de mémoire », pour. »

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