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Electre de Giraudoux: ACTE I, SCÈNE 8

Publié le 22/02/2012

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Giraudoux reprend cette situation conflictuelle de manière très personnelle. Électre hait la mère, d'une haine totale, instinctive. Mais à cette haine s'ajoute celle, tout aussi instinctive — conjointe pourrait-on dire — d'Égisthe : « Ce n'est pas que je déteste les hommes, je déteste Égisthe. »
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« l'autre parent un rival dont il souhaite, toujoursinconsciemment, la mort. Giraudoux reprend cette situation conflictuelle demanière très personnelle.

Électre hait la mère, d'unehaine totale, instinctive.

Mais à cette haine s'ajoutecelle, tout aussi instinctive — conjointe pourrait-ondire — d'Égisthe : « Ce n'est pas que je déteste leshommes, je déteste Égisthe.

» À l'opposé de cettedouble haine, il y a l'amour pour le père : « J'aime toutce qui, dans ma naissance revient à mon père ».

Maiss'agit-il seulement d'un amour filial ? Pour le père, lavierge Électre a toutes les complaisances, imaginanttoutes les phases de la conception, jusqu'à lapaternelle « maigreur de neuf mois » opposée à lagrossesse maternelle ! Giraudoux a subverti la théorie freudienne en faisantremonter Électre à ses propres origines.

Le complexed'Électre, c'est une haine farouche pour la rivaleoriginelle.

On ne peut cependant oublier que la jeunefille affirmait : « Je suis la veuve de mon père [...I »(scène 4). Il reste que cette scène, par l'épaisseur de soncontenu, par l'importance des propos, par la relation siparticulière du frère et de la soeur, par l'expressiondes sentiments est un terrain bien tentant pour lespsychanalystes.

L'attachement « vampiresque »d'Électre pour son frère autorise peut-être une lectureoù Oreste est à la fois le père idéalisé, réincarné, et lefrère dérobé à la maternité de Clytemnestre.

Il est lepivot de l'amour et de la haine. Sceur ou Érinye ? Pas une seule fois Électre n'interrogera son frère surson passé.

Elle ne se montrera même pas curieuse dece qu'il a pu faire durant toutes ces armées.

Cettesoeur possessive est surtout un être de passion.

Enretrouvant Oreste, elle trouve une raison d'être,presque un absolu.

« Vingt ans mes mains se sont égarées sur l'ignoble ou sur le médiocre, et voilàqu'elles touchent un frère », dira-t-elle, exprimant unbonheur si intense qu'il en est douloureux.

« Ta paroleet ton regard m'atteignent trop durement, meblessent » sont l'expression même de cette passion.Passion, c'est-à-dire souffrance, c'est-à-direexigence, exacerbation des sentiments. Constamment, dans la scène, la haine se mêle àl'amour.

Constamment, les désirs raisonnables dufrère, son aspiration au bonheur, à la sérénité,s'opposent à l'ardeur, à l'exigence, aux contradictionsde la soeur.

Être de passion, Électre « se déclare »,comme l'avait annoncé le Mendiant.

Elle ne peut plusêtre simplement la soeur aimante.

Elle est régie par lahaine et par la vengeance.

Elle devient une Érinye,c'est-à-dire une des divinités de la vengeance,appelées Euménides par euphémisme. Dans l'Antiquité les Érinyes étaient des puissancesinfernales redoutées.

Leur rôle était de pourchasserimpitoyablement les coupables, de leur inspirer l'effroiet le remords.

« Chantons sur notre victime le chantqui affole, qui égare, qui fait perdre l'esprit, l'hymnedes Érinyes qui enchaîne les âmes », ainsi s'exprimaitle Choeur dans Les Euménides d'Eschyle.

Par son exaltation, Électre ressemble fort aux Érinyes mises en. »

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