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Electre de Giraudoux: Structure de l'œuvre

Publié le 31/12/2019

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je remets ce mariage par égard pour toi, Électre, et pour le souvenir de ton père. » (11,7). Elle rappelle la nature douce et insouciante, aimant les animaux, de son enfance ; et laisse fuser sa haine enfin pour ce mari trop beau, trop fat, qu'elle trompait en esprit avec l'univers entier.

La dernière image est celle à la fois d'une grande criminelle et d'une femme sombrant dans la mort, appelant sa fille cadette : « tout est sensible et mortel dans une mère, même indigne. »

Égisthe (5 scènes)

« Tous les tragiques s'accordent à peindre Égisthe comme un efféminé, un lâche, un voluptueux, un homme à femmes, arrivant par les femmes, et qui ne connaît, en fait d'armes et de combats, que ceux d'Aphrodite. » (J. P.Vernant, p. 134). De fait, traditionnellement, après la mort du roi légitime, « il partage désormais avec la reine un trône auquel il accède par mariage, à travers sa femme. »

Chez Giraudoux, rien de tel : il n'est que régent, son mariage avec Clytemnestre est toujours différé par la reine ; mais il est son amant caché.

Or nous allons assister, tout au long de la pièce, à la réhabilitation d'Égisthe, mieux, à sa « déclaration » ; malgré tout, il sera rattrapé par son destin, tout en méritant mieux.

On remarquera que dans la scène 1,1, les petites Euménides ne « récitent » pas Égisthe ; il est mentionné par le jardinier dans la scène suivante comme la source du pouvoir : c'est lui qui ordonne son mariage avec Électre.

Royal sans être roi, il apparaît dans la scène 1,3, sur son trône, avec sa suite, en même temps que le mendiant sur son escabeau, pour présider aux noces d'Électre. Il s'occupe de l'accueil du mendiant, peut-être Jupiter en personne, s'oppose au président sur ce mariage, avant de faire une longue profession de foi sur ses croyances et leurs conséquences politiques ; prudent (« Je crois aux dieux. Ou plutôt je crois que je crois aux dieux »), il pèse l'intervention des dieux dans la vie humaine et celle des cités, et la nécessité d'empêcher ses sujets de « faire signe aux dieux ». D'où une politique autoritaire qui cherche à intégrer les rêveurs et les intellectuels de force par le mariage, et par une justice inflexible, mais discrète : il « crucifie au fond des vallées »...

Son triste sort débouche sur un mariage avec le jardinier, alors que c'est « la plus belle fille d'Argos », « l'intelligence même », la « mémoire surtout » (1,2). Pourquoi tout cela ? son seul tort est « d'être là », d'aller chaque nuit sur la tombe de son père. Elle réveille chez autrui le sentiment de leur fautes, passées ou futures, elle aime la justice, la vérité. Tel est le portrait fait par le président et Agathe.

Égisthe y ajoute un élément plus important : elle menace la prospérité de la ville, parce qu'elle « fait signe aux dieux » (1,3), comme les philosophes, les poètes, les désespérés, en somme parce qu’elle « se sépare de la troupe. »

Que faire d'Électre ? Les sentiments d'Égisthe à son égard sont ambigus : « c'est sa nièce chérie » selon le président. Or il veut la marier à un humble jardinier, ou, selon le mendiant, il veut même la tuer.

Un nouvel élément du caractère de la jeune fille se découvre ensuite, son « veuvage » de son père, sa haine pour sa mère Clytemnestre : « pas une parole qui ne soit perfidie ou insinuation », dit-elle de sa fille (1,4). La violente dispute sur la chute d'Oreste ne fait qu'illustrer jusqu'à la caricalture ces rapports familiaux.

L'arrivée d'Oreste va la révéler à elle même : réticente devant celui qu'elle prend pour un étranger, elle se prend d'une subite passion pour celui qu'elle attend depuis toujours. Elle pousse l'insolence jusqu'à l'avouer pour mari devant Clytemnestre, jouant l'inceste pour la choquer.

Sa volonté de puissance va alors se découvrir peu à peu : Oreste est un faible, sans passé, sans personnalité ; elle peut le façonner à sa guise, l'enfanter presque : « Prends de moi ta vie, Oreste, et non de ta mère ! » (1,8) Mais c’est par lui qu'elle prend conscience de la cause de sa haine pour sa mère.

À partir de là elle « prend la piste », sans savoir encore où elle va. En attendant elle va confronter sa féminité de jeune fille avec celle de sa mère vieillissante. Or cette jeune vierge si fermée sur elle-même a été, selon sa mère, de tout temps rongée de désirs : c'est en voulant embrasser son frère qu’elle l'a fait tomber !

Le mendiant va lui donner sa véritable dimension : pendant le sommeil d’Oreste, elle le tient « aussi serré qu’au-dessus d'un abîme » : c'est qu'« elle

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« ~· 1 pièce, des développements de pensée, des monologues, des récits, des rêves qui font corps avec l'action, la précisent et l'expliquent.

» Mais ces développements brouillent un peu les lignes pures de l'action antique.

Acte I : le désir de sortir du mensonge Les trois premières scènes forment une triple exposition : Scènes 1 à 3 : une fois mises en place les données indispensables, le mariage d'Électre et l'arrivée d'Oreste sont les éléments déclanchants de l'action, qui se réduit pour l'instant à la question : Électre épousera-t-elle le jardinier ?(1) Non, répondent les Théocathoclès, parce qu'Électre est une «femme à histoires » : ainsi apparaît le thème essentiel de l'œuvre.

(2) Oui, reprend Égisthe (3), pour la même raison, mais dans un contexte non plus familial mais politique.

Mais le mariage d'Électre peut-il conjurer le destin? Scène 4: la dispute mère-fille à propos d'Oreste ne fait pas avancer l'action ; elle montre simplement une haine ancienne et inexpliquée.

Scènes 5 à 11 : les six scènes suivantes, courtes et rapides, sont centrées sur Oreste, qui prend la place du jardinier auprès d'Électre (5), se fait reconnaître par elle (6), puis progressivement par Clytemnestre, mais seulement de façon déclarée dans la troisième entrevue, brièvememnt idyllique; (7, 9, 11) ; le sommet de ces scènes est le dialogue du frère et de la soeur, d'Électre qui recrée son frère, et l'initie à sa haine pour sa mère (8).

Scène 12 : la parenthèse du jeu des Euménides donne un première « solution » au conflit familial : qu'Oreste tue Électre au lieu de Cl yternnestre.

: Scène 13 : le monologue du mendiant récapitule l'ensemble, pèse les qaractères de la mère et de la fille.

Une indication pour l'action : «C'est le premier repos d'Électre ! [ ...

] C'est le dernier repos d'Oreste ! »Oreste va donc passer à l'action.. »

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