En quoi la mise en scène d'une oeuvre théâtrale en constitue, à sa manière, une interprétation ?
Publié le 27/12/2012
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A la scène 10 de l'acte III, ce metteur en scène se retrouverait confronté à une réplique de Cyrano :
« C'est vrai, je suis beau, j'oubliais «. Cette dernière, destinée au public puisque c'est un aparté, peut être
prononcée par le comédien de deux manières différentes. Si le régisseur lui demandait de la déclamer
sur un ton ironique, cela résulterait plutôt du registre comique, car il faut savoir que Cyrano incarne un
personnage au physique désavantageux. Au contraire, la réplique pourrait être prononcée sur un ton
désillusionné et triste. Dans ce cas, c'est une tonalité pathétique qui ressortirait. Cette conjecture invoque
bien le fait que le choix des intonations des répliques a une influence sur l'interprétation de l'oeuvre
théâtrale, car cela définit la nature du registre de la scène.
«
une interprétation de la pièce.
Effectivement, les costumes permettent aux spectateurs d'appréhender la
manière dont le metteur en scène voit les personnages, ainsi que les traits de leur caractère qu'il souhaite
faire ressortir.
Ainsi, Daniel Mesguich a mis en scène le Dom Juan de Molière de manière très
personnelle.
Une scène reflète particulièrement la nécessité des costumes dans l'interprétation théâtrale.
Il s'agit de la troisième scène de l'acte IV.
Don Juan, protagoniste éponyme de la pièce, reçoit la visite de
son créancier, Monsieur Dimanche.
Le texte de Molière ne s'attarde en aucun cas sur l'accoutrement de
ce dernier.
Daniel Mesguich a donc pris la liberté de l'interpréter selon sa vision des choses.
Monsieur
Dimanche arrive sur les planches vêtu d'une chemise, assortie d'une cravate, le tout habillé d'une tunique
protégée par une redingote noire.
Il porte plusieurs accessoires comme la kippa ou encore une paire de
lunettes rondes, ce qui accentue son aspect judaïque.
On peut également formuler l'hypothèse que les
torches enflammées présentes dans la mise en scène de ce passage symbolisent les futurs fours
crématoires, en rappel à la Seconde Guerre mondiale.
En plus d'être un anachronisme, puisque cette
guerre n'avait pas encore eu lieu à l'époque à laquelle Molière
a écrit Dom Juan, cette interprétation est extrêmement osée.
D.
Mesguich transforme donc Don Juan en
pré -fasciste, ce qui est un choix personnel de sa part.
Choix qu'il justifie d'ailleurs en prononçant ces mots
« Le théâtre, ce n'est pas montrer ce qui est immédiatement et paresseusement lisible, on n'a pas besoin
de théâtre dans ce cas là.
».
Cet exemple traduit donc de l'importance des costumes au théâtre, car le
public n'aura pas le même ressenti selon la façon dont sont accoutrés les personnages.
I.
c) Enfin, le dernier des choix matériels est celui des décors qui vont ornés la scène.
Cette notion
s'accompagne également des lumières et de la musique que le metteur en scène décidera d'intégrer à la
représentation.
Élément fondamental de la scénographie, le décor peut avoir une fonction uniquement
décorative, et dans ce cas simplement traduire ce que l'auteur de la pièce avait imaginé.
Dans d'autres
cas, il peut être au cœur de l'action, qui dépendra alors de la disposition de ce cadre.
Par exemple, la
pièce de théâtre moderne Nous sommes tous des dictaphones, écrite et mise en scène par François
Chaffin, est une illustration intéressante de cette idée.
Même si dans ce cas précis, l'auteur et le metteur
en scène sont une seule et même personne, François Chaffin a beaucoup joué sur les décors pour que
ressurgisse sa vision personnelle de son travail et pour que chacun des spectateur la perçoive.
Ce
spectacle évoque les médias en général, mais en particulier celui de la télévision.
Les éléments de
décoration sont extrêmement nombreux, on peut voir une télévision, plusieurs écrans où sont projetées
des images, un vélo d'appartement, un banc, le matériel réglant le son et les lumières, lui aussi visible sur
scène.
On peut également entendre des bruits d'ordinateurs.
Le metteur en scène a dont fait le choix
d'étouffer le public sous une multitude d'informations à suivre au même moment.
Cette interprétation a
pour but de rappeler le monde d'aujourd'hui, dans lequel on se noie sous le flot d'actualités qui nous
entourent.
Cet exemple est donc la démonstration du fait que le choix des décors d'une pièce n'est pas
hasardeux, il traduit lui aussi d'une interprétation personnelle du metteur en scène.
Transit° Les choix matériels auxquels le metteur en scène est confronté étant extrêmement importants, il
doit néanmoins accomplir une tâche elle aussi capitale, qui est de guider ses comédiens tout au long des
répétitions pour obtenir le spectacle final qu'il espère.
II.
a) Tout d'abord, pour conduire ses acteurs vers une représentation la plus proche que possible de la
vision qu'il a des différentes scènes, le réalisateur va leur indiquer la disposition qu'ils doivent adopter,
ainsi que les mouvements et les gestes qu'ils ont à intégrer.
En effet, d'un metteur en scène à l'autre,
l'interprétation d'une même scène
peut être faite de manière totalement différente.
Ainsi, le metteur en scène Jacques Lassalle a travaillé en
1993 sur la pièce de Molière, Dom Juan.
De manière générale, il a respecté de manière assez
scrupuleuse les didascalies du dramaturge.
Néanmoins, cela ne l'a pas empêché d'apporter sa vision.
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