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En quoi la mise en scène d'une pièce de théâtre en constitue-t-elle, à sa manière, une interprétation ?

Publié le 02/06/2011

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La mise en place d’une représentation visuelle d’une œuvre classique est le travail du metteur en scène qui expose le message à sa manière au public. En effet, celui-ci à la responsabilité de transcrire l’histoire classique de l’écrivain à un public moderne et exigeant. Phèdre, pièce de théâtre de Racine, fait partie de ces textes difficiles à montrer qui cependant a une grande variété de mises en scène. En quoi la mise en scène d’une pièce de théâtre en constitue-t-elle, à sa manière, une interprétation ? Pour répondre à cette question il faut nécessairement parler de la limite à laquelle doit arriver le metteur en scène avec le texte pour ne point la fossiliser. Dans un premier temps, on étudiera les caractéristiques du texte qui font possible la liberté de la mise en scène, puis les bornes de cette dite liberté et finalement les exigences des temps modernes qui sont importantes au metteur en scène pour un succès complet.  Voyons donc en premier les caractéristiques qui permettent une variété d’interprétations.  D’abord, on observe clairement que le texte de Phèdre ne contient aucune didascalie, aucune spécification sur les mouvements des personnages sur scène ou sur les objets présents. Ceci donne donc une liberté au metteur en scène de jouer avec ses acteurs et avec le décor qu’il utilise sur scène. En effet, c’est le cas de la représentation de Patrice Chéreau. Celui-ci en absence d’indication met en place une mise en scène moderne avec un air tragique et pathétique où le personnage d’Hippolyte brandit on épée hors du fourreau. Un autre exemple serait aussi les costumes que Chéreau décide d’utiliser : vestes simples pas trop élaborées et même un Hippolyte torse nu.

« L’école des femmes de Beuzace n’a pas l’âge qu’elle devrait avoir mais déclame avec toute la naïveté caractéristiquedu personnage.Nous voyons donc que les mises en scène ont une certaine liberté qui est très convenable pour le metteur en scèneet de son interprétation.

Cependant, le texte racinien ne permet pas une si grande ouverture d’interprétations, il ases bornes.Tout d’abord, Racine écrit ses œuvres en étant totalement fiel aux règles de la bienséance et de la vraisemblancede Boileau.

Ces règles insistent sur la sensibilité du spectateur et donc sur aucune attitude qui le perturberait.Chéreau, en restant fiel au texte, surpasse cette liberté, mentionné précédemment, au moment où Phèdre dit «Voilà mon cœur.

C’est là que ta main doit frapper.

», et elle prend une attitude impure et montre son sein.

Ce choixde Chéreau n’est pas adapté ni pour le texte racinien ni pour le public.

D’autre part, un autre exemple, serait ledegré des personnages qui, étant des princes et princesses grecques, adoptent une posture non adéquate à leurrang social.

En effet Aricie, princesse captive, malgré sa condition devrait avoir une posture droite digne de sonsang mais au contraire se voit désarticulée, presque touchant le sol.De plus, ces œuvres classiques sont écrites avec un but, un message qui ne peut pas être perturbé.

Ce messageest transmis par les paroles des personnages et donc les manipuler de manière incorrecte ou les supprimer seraitcontredire l’auteur.

Dans la représentation de Patrice Chéreau, celui-ci décide de couper certaines paroles du texte.Cependant, l’exemple le plus notoire est la représentation du Cid de Thomas le Douarec qui décide de transformercomplètement la fin de l’histoire en changeant donc la critique qu’essaie de faire Corneille.

Le spectateur reçoit doncun mauvais message de l’histoire à cause d’une interprétation fausse du metteur en scène.Finalement, le texte de Racine a une certaine musicalité et élégance qui ne vaut pas la peine de perdre enchangeant le texte.

Cela montre réellement ce qu’étaient les représentations et les déclamations à l’époque deRacine.

Le public devrait s’éduquer à travers cette déclamation qui n’est plus utilisé maintenant.

Le metteur enscène décide de changer cette élégance en ne plus respectant les alexandrins.

En effet, ce Patrice exige auxacteurs de faire de multiples pauses entres les vers pour insister sur le ton tragique de son interprétation.

Cettemanière de déclamer peut donner une différente interprétation de la pièce et non celle de l’auteur.En bref, l’extra limitation du metteur en scène peut arriver à abimer la musicalité et surtout l’esprit d’une œuvreclassique telle que celle-ci.

Le texte a donc ces bornes qui vaut la peine respecter.

Enfin, nous nous demanderonsles exigences de public moderne qui sont nécessaires pour que le texte ne soit pas fossilisé.En effet, le public de ce siècle trop accoutumé aux expériences d’action, trouverait une mise en scène fiel auclassicisme de cette pièce, un spectacle trop ennuyeux.

Le metteur en scène a besoin d’interpréter Racine de lamanière la plus moderne pour ainsi ressusciter la pièce.

En fin de compte, même s’il ne suit pas les règles de labienséance, il doit penser aussi à vendre le plus possible.

Par exemple, Chéreau a besoin de montrer le corpsmartyrisé et sanglant du héros Hippolyte après sa mort tragique, racontée par Théramène.

Le metteur en scène nepouvait pas inspirer l’esprit tragique, pathétique et héroïque de son personnage avec un récit.

Il a dû donc monterce corps sanglant et revendiquer son personnage au complet et assurant en même temps la complète attention deson public.

Ensuite, l’action de sa mise en scène ne pouvait pas finir là.

Chéreau décide donc de montrer une Phèdremourante, empoisonnée de sa propre main, qui avant de donner son dernier soupir, revendique Hippolyte.

Il assureainsi son succès.Par ailleurs, les générations actuelles, n’ayant pas la même culture que celles de l’époque de Racine, ont du mal àcomprendre les alexandrins raciniens.

En raison de ceci, le metteur en scène doit actualiser les paroles de sespersonnages et ainsi intéresser son public qui pourra bien comprendre le message de Racine.

Ceci est bien montrépar une autre mise en scène de Phèdre de *, qui simplifie la diction de ses acteurs en faisant agréable la mise enscène au public qui comprend le récit de Théramène au complet.D’autre part, ce public si exigeant qui n’a pas de grandes connaissances sur les classiques, il espère d’une piècecomme Phèdre une représentation qui s’approcherait plus à une image de princes grecque avec une certaine beautéet une posture digne de leurs personnages.

La représentation de * montre bien ce que le public espère.

On yretrouve un Aricie qui malgré sa condition de captive garde une posture et une élégance de princesse.

Elle n’est pasaffectée par sa condition car elle éprouve un sentiment très fort pout Hippolyte, ce qui la maintien vivante.

EnsuiteHippolyte aussi est représenté par un acteur jeune et beau qui caractérise bien son personnage de prince.

Le publicse sent ainsi plus confortable avec la mise en scène et comprennent bien le message de Racine.Le metteur en scène a donc un autre défi pour que son interprétation soit un succès complet en répondant aupublic de la meilleure manière.En conclusion, un texte classique tel que Phèdre mais aussi d’autres, constituent un vrai défi pour le metteur enscène qui se voit confronté non seulement aux règles de Racine qui évitent de perdre l’esprit de son œuvre maisaussi à sa créativité qui ne peut pas ennuyer son public.

Il assurera ainsi le succès de son interprétation de lapièce.

On peut donc voir qu’il interprète le message de l’auteur, de sa propre manière et essaye de transcrire semessage à son public en mettant un peu à part les règles du classicisme.

Le public interprète donc deux messages :celui du metteur en scène à travers sa représentation et celui de l’auteur.

Est-ce que cette mise en scène peut-elleavoir tant d’interprétations que le message originel de l’auteur n’est plus en vigueur ?. »

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