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En quoi l'autobiographie est elle une « entreprise » de la sincérité et de la vérité ?

Publié le 29/11/2011

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Mais, il faut aussi préciser que lors de la lecture d'une autobiographie, le lecteur ne doit pas se demander sans cesse quelle est la part de réel du texte. Il s'agit en effet avant tout d'un récit plaisant. Le lecteur ne doit pas le lire dans une démarche « d'enquêteur «. En effet, une autobiographie a surtout une valeur artistique : l'auteur ne se contente pas de dévoiler sa vie mais fait un véritable effort de style, au même titre que lors de la rédaction d'un roman. Un des exemples les plus probant est le livre Les Vrilles de la Vigne, de Colette. Elle y évoque sa vie de façon métaphorique et poétique par l'image du rossignol, dans la vigne : « Cassantes, tenaces, les vrilles d’une vigne amère m’avaient liée, tandis que dans mon printemps je dormais d’un somme heureux et sans défiance. «. Cette idée de transformation poétique atteint son paroxysme lors des auto-fictions par exemple....

« plaisant.

Cette idée est parfaitement illustrée par Rousseau lui-même, qui, malgré sa volonté de vérité complèteexplique dans le début de ses Confessions qu'il lui est arrivé d' «employer quelques ornements indifférents […] pourremplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire.».

Il ne précise cependant pas quelle est la part d'ornement,et on peut donc suppose que certains faits sont amplifiés, modifiés, voir même inventés. B) Une volonté de se protéger, de garder certains de ses secrets.Il peut aussi arriver que l'auteur ressente un besoin de se grandir, de se peindre sous un meilleur jour que celui quiest vraiment.

C'est le cas par exemple de Chateaubriand, qui précise dans ses Mémoires d'outre-tombe que : « Jen'entretiendrai pas non plus la postérité du détail de mes faiblesses ; je ne dirai de moi que ce qui est convenable àma dignité d'homme et, j'ose le dire, à l'élévation de mon cœur.

Il ne faut présenter au monde que ce qui est beau ;ce n'est pas mentir à Dieu que de ne découvrir de sa vie que ce qui peut porter nos pareils à des sentiments nobleset généreux.» Certains auteurs ne ressentent aussi pas le besoin impérieux de rendre un compte exact de leur passé: certaines choses privées doivent le rester.

L'auteur n'est donc pas alors dans une démarche de confession totale.Paul Valéry va même plus loin en déclarant que : « Qui se confesse ment, et fuit le véritable vrai, lequel est nul, ouinforme, et, en général, indistinct.

Mais la confidence toujours songe à la gloire, au scandale, à l'excuse, à lapropagande.

».

En disant cela il considère donc que la vérité complète est impossible, et que la démarche deconfession en elle même pousse au mensonge car révéler ses secrets au public induit forcément d'avoir réfléchi auxconséquences, et donc d'avoir arrangé cette vérité pour qu'elle ai l'effet escompté.

L'arrangement ornementalévoqué plus haut peut donc aller jusqu'à taire des faits pour imposer une certaine idée de l'auteur.Ainsi, lors d'une autobiographie, la vérité totale n'est effectivement pas envisageable.

Certains faits sont passéssous silence, d'autres se doivent d'être amplifiés, exagérés, transformés.

Mais ces transformations ne sont en aucuncas la preuve d'une mauvaise foi de l'auteur, car ils aboutissent bien souvent à la vérité. III- Une œuvre où la vérité complète se doit d'être liée au mensonge pour aboutir à une vérité artistiqueA) Une distanciation qui transforme les événement vécusDans une autobiographie, il faut séparer deux personnages qui pourtant se confondent : l'auteur, et donc lenarrateur est différent du personnage.

C'est la même personne mais un stade différent de la vie.

Ce sont ces deuxentités que Phillippe Lejeune défini comme le « je narré », c'est à dire le personnage, et le « je narrant », c'est àdire l'auteur, le narrateur.

Cette distanciation induit un certain mensonge mais qui aboutit à une vérité complète :l'auteur ne peut pas seulement retranscrire les événements de façon plate, il doit prendre parti, donner son avis,expliquer au lecteur en quoi ce s'est passé à pu changer sa vision.

Pour cela il inclut dans son récit des incursionsdu « je narrant ».

C'est en comparant les événements avec ce qu'il en pense après coup qu'on peut vraiment saisirl'entière vérité de l'auteur.

Par exemple, les Mémoires d'une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir illustrent biencette idée car elle porte un regard amusé et ironique sur celle qu'elle était.

Cette distanciation pousse donc àtransformer les événements par rapport à la réalité, tout en étant gage de sincérité. B) Un texte où la vérité importe peuMais, il faut aussi préciser que lors de la lecture d'une autobiographie, le lecteur ne doit pas se demander sanscesse quelle est la part de réel du texte.

Il s'agit en effet avant tout d'un récit plaisant.

Le lecteur ne doit pas le liredans une démarche « d'enquêteur ».

En effet, une autobiographie a surtout une valeur artistique : l'auteur ne secontente pas de dévoiler sa vie mais fait un véritable effort de style, au même titre que lors de la rédaction d'unroman.

Un des exemples les plus probant est le livre Les Vrilles de la Vigne, de Colette.

Elle y évoque sa vie de façonmétaphorique et poétique par l'image du rossignol, dans la vigne : « Cassantes, tenaces, les vrilles d'une vigneamère m'avaient liée, tandis que dans mon printemps je dormais d'un somme heureux et sans défiance.

».

Cette idéede transformation poétique atteint son paroxysme lors des auto-fictions par exemple : on sait alors que l'auteur,bien qu'il se base sur des faits réels tirés de sa propre vie, exagère, transforme, ajoute des faits.

Il ne s'en cachepas, mais le fait de savoir qu'une part du récit est réelle ajoute en quelque sorte une certaine force au texte.

Parexemple dans Métaphysique des tubes, Amélie Nothomb fait le pari d'écrire son « autobiographie de zéro à troisans ».

C'est bien entendu impossible, mais attribuant les faits racontés à sa personne, elle se dote d'une certainegrandeur et bâtit ainsi son personnage.SavammentCONCLUSION :Ainsi, si lors de la lecture d'une autobiographie le lecteur est poussé à croire sans réserve l'auteur, il est vrai que laretranscription exacte des souvenirs est forcément faussée ou inexacte.

Cependant, ce n'est bien entendu pas lepoint important de l'œuvre et il ne s'agit ni de juger, ni de vérifier les dires de l'écrivain.

On peut comparer ce typed'œuvres à des tableaux réalistes : ils sont à contempler et non à comparer avec le modèle.

On ne jugera jamais unpeintre pour avoir commis des inexactitudes lors d'un portait car c'est le propre de l'art : transformer, améliorer,grandir pour aboutir à une vérité plus large.

De la même façons, les « mensonges » d'un auteur ne sont pascondamnables, car ils poussent à une vision plus complète de la réalité.. »

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