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En quoi l'introduction d'un double jeu entre les personnages sur scène augmente-t-elle l'intérêt et le plaisir du spectateur ?

Publié le 17/01/2022

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Le dispositif scénique du double jeu peut d'abord faire rire le spectateur. En effet, ce dernier connaît en général les tenants et les aboutissants de la scène : il sait qui est caché et pourquoi. La scène 6 de l'acte II des Fourberies de Scapin est d'autant plus drôle qu'elle est destinée à lutter contre l'avarice d'Argante.

« Junie, qui cherche désespérément à lui faire comprendre que Néronles écoute (« Et jamais l'Empereur n'est absent de ces lieux », v.

30), ne sont pas comprises par Britannicus (« Noussommes seuls », v.

25).

De plus, il se condamne en révélant son hostilité à l'Empereur et en suggérant qu'il pourraitprendre sa place (« Chacun semble des yeux approuver mon courroux », v.

37).

Le spectateur s'émeut du sort dece personnage, qu'il sait désormais voué à la mort.

Rosette excite également la compassion dans la scène 3 del'acte III de On ne badine pas avec l'amour: Perdican est acteur et metteur en scène, mais elle ignore qu'il joue unrôle et ne devine pas que s'il parle fort, c'est « de manière que Camille l'entende ».

Elle croit être aimée alors qu'onse moque de ses sentiments.

Le spectateur ne peut que s'émouvoir de son enthousiasme et appréhender le momentoù elle comprendra que l'on s'est joué d'elle. [Conclusion partielle et transition] Ainsi, l'introduction d'un double jeu augmente l'intérêt du spectateur, qui voitl'intrigue progresser et son plaisir augmenter lorsqu'il éprouve des émotions variées.

Le plaisir du spectateur résideaussi dans l'inventivité dont doivent faire preuve metteurs en scène et scénographes lorsqu'ils montent ces scènes. [III — Varier la scénographie] En effet, les scènes de double jeu, dans leur complexité, donnent une grande liberté de mise en scène.

Lespectateur se régale des représentations sans cesse différentes d'une même scène qu'il peut goûter. [A.

Qui montrer ?]Le metteur en scène doit d'abord décider qui il veut montrer au spectateur : doit-il mettre en scène le témoincaché, les personnages qui dialoguent devant ce témoin, ou tous les personnages ? Ne montrer que le témoinpermet de mettre en évidence ses réactions.

Imaginons que nous ne voyions que le visage de Néron : la psychologiedu personnage princi-pal de la pièce s'en trouverait approfondie au fur et à mesure qu'on lirait sur ses traitsperversité et colère.

Au contraire, si ne sont visibles sur scène que Junie et Britannicus, on peut mieux apprécier lestentatives de la jeune fille de faire comprendre à son amant la présence de son rival : tente-t-elle, par son regardfuyant (« Que vois-je ? Vous craignez de rencontrer mes yeux ? », v.

53), de l'avertir du danger ? Enfin, si tous lesprotagonistes sont présents sur scène, le spectateur est libre de s'attacher au personnage de son choix, de passerl'un à l'autre ou de s'arrêter sur l'un d'entre eux. [B.

Comment montrerLe metteur en scène doit également envisager comment mettre en scène un témoin caché, dont un despersonnages ignore parfois la présence, sans que le spectateur l'oublie.

Les possibilités sont alors infinies : on peutimaginer un découpage de l'espace, un jeu d'éclairage...

Ainsi, la scène 7 de l'acte III de Cyrano de Bergeracsuggère que Roxane ne voit pas que Cyrano a pris la place de Christian, qui devient le témoin passif de ladéclaration d'amour que le poète fait en son nom à Roxane, parce que la scène a lieu la nuit et que la jeune femmene quitte pas son balcon.

Un jeu sur les différents niveaux où se tiennent les acteurs et sur les lumières tamiséespermet de représenter le double jeu.

D'autres scènes en revanche laissent une plus grande liberté au scénographe.Ainsi, Musset, qui, après ses premiers échecs, ne souhaitait plus qu'on représente ses pièces, ne guide pas lemetteur en scène.

Celui-ci a donc toute liberté pour mettre en scène la scène 3 de l'acte III de On ne badine pasavec l'amour, et aucune mise en scène ne ressemble à une autre. [Conclusion partielle] Ainsi, les scènes de double jeu fascinent le spectateur parce qu'elles sont sans cesserenouvelées par l'imagination et le savoir-faire de ceux qui les montent. [Conclusion]Pour séduire le spectateur, les dramaturges recourent aux scènes de double jeu qui éveillent l'intérêt et suscitentl'émotion.

Les metteurs en scène s'en emparent pour les rendre uniques et surprendre le public.

Elles sont doncessentielles au plaisir théâtral ce qui explique leur abondance.

Elles rappellent ainsi que le théâtre est un art de lareprésentation plus que de la lecture.. »

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