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Encyclopédie littéraire: Le vaudeville

Publié le 02/07/2010

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Définition: Le vaudeville est une comédie légère fondée sur une intrigue plaisante, riche en quiproquos et en rebondissements souvent invraisemblables. Ce genre connut son heure de gloire au début du XXe siècle, en peignant une bourgeoisie sans souci et fière d'elle-même, uniquement préoccupée par l'adultère et les intrigues de moeurs. Exemples: - Un Chapeau de paille d'Italie (1851) d'Eugène Labiche. - Occupe-toi d'Amélie (1908) de Georges Feydeau. Remarque: Les pièces de Labiche et de Feydeau sont encore jouées de nos jours, tant sur ' les Boulevards qu'a la Comédie-Française.

 

« L'INFLUENCE DU THÉÂTRE ITALIEN Si la concurrence entre le théâtre français et le théâtre italien a été féroce, elle a également été source d'inspiration: le vaudeville n'a jamais autant progressé que lorsqu'il a été poussé dans ses retranchements par ses congénères tronsolpins .

..--~-~-• La querelle des Bouff ons de 1752, due au fait que les chan teur s italiens avaient exporté leur musique à Paris, fascinant le public par leurs airs nouveaux, a amené une vraie crise du vaudeville.

Pous sé à remettre en cause certains de ses principes, il a alors opéré une véritable séparation avec ce qu'on appelle aujourd 'hui l'opéra-comique.

Les auteurs avaient désormais les coudées franches pour bâtir leurs intrigues, sans être contraints par l'aspect musical.

La commedia dell'arte a été de son côté une source d 'inspiration importante : d'une part , les personnages du type d'Arlequin , moins caricaturaux certes, fleuri ssent dans les vaudevilles ; d'autre part, la gestue lle et l'interprétation des acteurs ont été fortement influencées par la commedia lorsque, à l'époque des foires, les acteurs privés de parole ne pouvaient s'exprimer que par des attitude s explicites .

On retrouve ainsi chez Labiche cette façon d'occuper l'espace: ses personnages sont souvent bourrés de tics, ce qui provoque le comique de répétition.

Et, chez Feydeau, les personnages s'inscrivent dans une logique de mouvement e t d'agitation perpétuels .

et en inventant une série de malentendus Arlequin n'est plus le personnage invraisemblables autour de ce thème, caricatural, démesuré qu'il était chez ils s'ass urent l'adhésion immédiate les Italiens.

Il est le naïf, ou l'amoureux du public.

transi .

L e Dindon Les auteurs doivent surtout éviter d e Feydeou en est l'exe mple parfait : mettant en scène un mari et sa femme jonglant avec leurs amants respectif s, la pièce crée un imbrog lio de situation s où les bons mots font mouche à chaque réplique .

Les dénouements sont d'un comique intense, comme lorsque Pontagnac , le dindon de la farce , résume les événements auxquels les spectateurs ont assisté : « Pincé par un mari que je ne connais pas .

.

.

pour une femme que je ne connais pas ! ...

Pincé par ma femme ...

pour cette même femme que je ne connais pas !.

..

Un divorce chez moi en perspective ! .

..

Un autre d 'inspirer de la pitié à leurs spectateur s par le biais des personnages , sans quoi le mécani sm e du rire ne fonctionnerait plus .

Favart aura de son côté privilégié les idiots , les ingénus de village, comme Nicette et Alain cités plus haut , dont la mode persistera jusqu 'à la fin du XVIII' siècle.

Les personnages mythologiques occupent une grande place, notamment du fait des parodies d'opéras .

À partir du XIX' siècle, les personnages deviennent communs : les jeunes amo ureux sont forcément agréables, leurs fiancées également.

Le domestique est attaché à ses maîtres, et les parents proches ou éloignés sont des obstacles potentiel s à l 'amour.

On retrouve toute cette galerie de personnages dans les nombreuse s œuvres de Scribe , Labi che ou Feydeau .

--------------...-------------1 divorce de la dame que je ne connais pas d'avec le monsieur que je ne connais pas où je vais être impliqué comme complice ! >> Les gestuelles et les intonations comptent évidemment beaucoup dans ces répliques, résurgences de l'époqu e où le vaudeville était chanté .

i!tJUfN!i!N les vaudevilles à la manière de Scribe qui triomphent.

Alfred Hennequin porte aux nues cette façon de procéder , en misant tout sur le quiproquo et en l'amélior ant grâce à une intri gue comp lexe à la mécanique parfaite : il triomphe avec Les Dominos roses (1876), tout comme Victori e n Sardou avec Modome Sons-Gêne .

Le plus célèbre des auteurs de cette période reste Georges Feydeau, qui amène le vaudeville à sa perfection.

C'est en 1892 que l'écrivain perce , avec Monsieur chasse!, s'att irant les critiques enthousiaste s des journa listes et l'admiration d'un public conquis.

Traduit de son vivant en une dizaine de langues , joué partout en Europe, il connaît un succès sans précédent.

Ses pièce s, comme Un fil à la patte (1894 ) ou Le Dindon (1896), poussent à l'extrême la logique de l'absurde avec un brio épous touflant.

l'homme inspire nombr e d'auteurs plutôt versés dans la comédie qui s'essaie nt au vaudevi lle, notamment Tristan Bernard avec Les Jumeaux de Brighton (1908) ou Robert de Flers avec Les Vignes du Seigneur (1923) .

Le boulevard des ltoliens fait florès.

À la mort d e Feydeau, en 1921, les critiques prédisent la mort du genre.

Et pourtant le vaudeville surv it , toujours en raison des goûts d u public , qui cherche après la Première Guerre mondiale des plaisirs immédiats.

Les théâtres se jette nt sur ces productions , mettant en avant des auteurs comme Socho Guitry et ses innombrabl es écrits, Yves Mirande avec son Chasseur de chez Maxim 's (1920) aux réplique s mordantes, Jean de Létraz et son Bichon (1935) ou Loui s Verneuil, gendre de Feydeau, et son Train pour Venise (1937).

Plus près de nous, a lors que le vaudevi lle s'est peu à peu confondu avec le théâtre de boulevard , désignant essentiellemen t une comédie futile et drôle , quelques écrivains ont su exploiter toutes les qualités de ce genre finalement toujour s vivace : Marc Camoletti et son fameux Boeing ­ Boeing (1960), aujourd'hui encore à l'affiche, ou Pyjama pour six (1985 ); Jean Poiret et sa célèbre Cage aux folles (1973), jouée plus de 1 700 fois au théâtre du Palais -Royal à Paris.

DES THÈMES SPÉCIFIQUES LE MÉCANISME DU RIRE Dans Le Rire (1900), Henri Bergson d éfinit ainsi les règles immuables du com ique:« Du mécanique p laqué sur du vivant.

» Et le philosophe Kant parle en ces termes : « Le rire naî t d ' une attente qui se résout subitement en rien.

» Ces deux citations s'app liquent parfaitement au vaudeville , qui plus qu'aucun genre théâtral ou littéraire a su pousser le comique à son extrême .

L e génie d'auteurs tels que Scribe ou Feydeau a été de m ettr e en place des intrigues parfaitement huilée s, à la précision diabolique, prom enant le spectateur d'un quiproquo hilarant à un autre jusqu'au dénouement final, où l a catastroph e attend ue est évitée de façon miraculeu se.

Un critiqu e explique ainsi à propo s des œuvres de Feydeau que, lorsqu 'un chapea u est posé su r une c h aise au début d'une scène, ce n'est certainement pas anodin! Les auteurs choisissent également des situation s prop res à engendrer le rire : e n déto urnan t ce qui ferait pleurer dans la réalité, un mari trompé par exemple, PARODIE ET SATIRE Le succès des vaudevilles tient aussi dans ses débuts à l'utilisation de la parodi e.

l'auteur , qui ne s'éca rte pas des origines du genre, à savoir la chanson moqueuse, tourne en dérision les grands opéras du moment, emp runtant l'histoire en l a galvaudant totalement.

Il établit une connivence immédiate avec le public, qui reprend volontiers les airs avec les acteurs .

Les opéras de Lully , de Rameau, de Gluck ou même les œuvres de Voltaire , qui détestait cela, sont détournés, les paroles transformées à des fins comiques .

La mythologie est source de parodie , tout comme les thèmes orientaux : Lesoge exploitera les deux veines, à l'Instar de Favart .

La satire tient une p lace non négligeab le dans le vaudevill e.

Si elle n'est point virul ente, e lle n ' en demeure pas moins présente chez des auteurs comme Labiche .

Issu d 'un milieu bourgeois, il ne cessera d'en exploiter les traver s, ouvrant la voie à la comédie de mœurs , cousine germaine du vaudeville .

DES PERSONNAGES TYPIQUES Aucun critère de psycho logie n 'est à retenir .

Les auteurs n'ont qu'une idée en tê te, faire rire le publi c.

Les personnages sont donc sans grande épaisseur.

Beaucoup proviennent du théâtre italien , tels qu'Arlequin , Colombine, Scaramouche .

Mais les traits de caractère sont adoucis : EUGÈNE LABICHE (1815-1888) Lobiche oriente vite sa carrière vers le théâtre, mais hésite au début sur le genre à choisir : vaudeville ou drame ? Sa première tentative , M .

de Coy/lin, en 1838, fait pencher la balance vers le vaudeville .

Il se lance et, entre 1837 et 1877.

il produit 173 pièces.

Devenu collaborateur du Théâtre du Palais-Royal, il enchaîne les succès tels qu'Un jeune homme pres sé (1848 ) ou Un chapeau de paille d'Italie (1851 ), où un brave garçon doit éviter à une parfaite inconnue un drame conjugal en trouvant un chapeau de paille identique à celui que son cheval a brouté tandis qu'elle se promenait avec son amant.

l'auteur donne un ton léger et gai à ses pièces , entraînant son public dans un tourbillon d'événements que le cinéma ne se lassera pas de reprend re tout au long du xX' siècle .

Le Voyoge de M .

Perrichon (1860) marque un changement dans l'écriture de Labiche: il s'attache plus à peindre les mœurs, à explorer les caractères des personnages, san s renier pour autant la farce et le comiqu e.

Labich e excelle dans l'enche vê tr emen t de situations absurdes et tire avec ta lent les ficelles de l 'intrigue: tout peut advenir , les personnages sont victimes de quiproquos dont ils parviennent difficilement à s'extraire.

Le comique de répét ition est la r gement employé , laissant libre cours aux d élir es de l'auteur .

GEORGES FEYDEAU (1862-1921) Très jeune , l'homme man ifeste son attirance pour le théâtre : il écrit ses premiers vaudevilles enfant.

et il parvient à faire jouer sa première pièce à 19 ans.

Considér é comme le maitre absolu du genre, Feydeau a poussé l'art du vaudeville à son paroxysme, ne cherchant à produir e que des plaisirs simples pour son public.

Le succès lui vient en 1892 avec Monsieur chasse! Dès lors, Feyd eau s'applique à écrire des pièces dans lesquelles le quiproquo et la rencontre inattendue sont les moteurs de l'act ion.

l'écrivain n'a de cesse de faire se rencontrer deux personnages qui n'auraient jamais dû se croiser , comme l'amant e t le mari tromp é.

Les répliques qui en résultent sont des mod èles d 'humour sans dériver vers des mots d'esprit trop litt éraires , Feydeau voulant des dialogues vivants .

Quant aux effets comiques , ils sont doucement amen és afin de ne pas déran ger la vraisemblance de l'histoire.

l'orig i nalité de Feydeau est d'avo ir emprunté les caractères de ses ___ _.

personnages à son époque , ce qui les inscrit dans une réalité immédiatement compréhensible pour le public.

Très méticuleux , possédant un réel sens scén ique, F eydeau veillait sur tou t : le choix des acteurs comme le décor, primordial, ses personnages ne cessant d'aller et venir dans ses pièces.

Après sa mort , Geor ges Feydeau continuera à faire rire longtemps , les compagnies de théâtre piochant encore dans son répertoir e.

Autres grands succès : La Dam e de chez Maxim , Occupe -toi d'Am é li e !, On purge b ébé, Mais n 't e promène donc pas toute nue.

SACHA GUITRY (1885-1957) Très près de nous, Sacha Guitry a su tirer profit du vaudeville tout au long des 124 pièces de théâtre qu'il a laissées et des 36 films qu'il a réalisés, popu larisant définitiv ement le genre.

Guitry a inventé un style dont la légère t é cache une acuité mordante , où sous la cocasserie perce un humour noir et cynique.

Des pièces comme Quadrille (1938), chassé -croisé amoureux, Désir é (192 7), sur les « gens de maison », autreme nt ....--. .,..,.. ----.

dit les dome stiques , ou Le Mot de Cambronne (1936) comportent tout le talent de Guitry , qui r éussit une fois de plus cette combinaison difficil e entre quiproquo , imbroglio et réplique s comiqu es.

À l'image de Feydeau , qu'il a côtoy é au début du XX' siècle, il s'applique à mettre en scène des personnages proches de la réalité , et à écrire des dialogues spontanés et novateur s.. »

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