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ENGAGEMENT EN LITTERATURE

Publié le 17/01/2019

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ENGAGEMENT. Le verbe « engager », sous sa forme réfléchie s'engager, connaît deux régimes dont l'un est spatial et l'autre temporel : s'engager dans, s'engager à. On peut s'engager dans une rue ou, quand on devance l'appel, dans une armée. C'est-à-dire qu'on pénètre dans une structure d’accueil préexistante. Celui qui s'engage ainsi, le fait généralement moyennant des gages qu'il escompte de son adhésion. Métaphoriquement, quelqu'un s'engagera dans une voie qui peut être jugée dangereuse, méprisable, commune. Selon cette acception, le sujet prend, du fait de son initiative, la responsabilité d’une série éventuelle de conséquences qu'il n'est probablement pas à même d'expliciter, mais qu'il devra assumer dans la mesure où elles découlent du choix qu'il vient de faire. Cette difficulté à se reprendre, à revenir sur la décision prise, l'irréversibilité du choix est encore plus nette lorsqu'on parle de s'engager à. Il n'est plus question ici de recevoir des gages, mais de se donner soi-même en gage, littéralement : de payer de sa personne. S'engager à, par conséquent, implique un rapport beaucoup plus actif avec la temporalité que ne le fait la simple adhésion. On promet que la réalité de demain sera conforme aux paroles qu'on prononce aujourd'hui ; on se joue sur cette promesse : il y a, dans le concept d’engagement, dans cette manière de se mettre en jeu totalement dans les décisions que l'on prend, un caractère faus-tien indéniable.

 

La fortune qu'a connue la problématique de l'engagement date, en gros, des années 30. Elle est liée, au premier chef, à la levée de boucliers qu'a suscitée

 

l'image du clerc, telle que Benda la redorait dans ses essais, dont la Trahison des clercs (1927) reste le plus célèbre. Bergson, la première cible de ses pamphlets, disait que seul un être vivant peut connaître ce qu'est la vie ; la connaissance biologique implique que le sujet connaissant soit engagé dans l'objet qu'il étudie. Benda lui oppose qu'une pensée qui se respecte (qui se respecte jusqu'à l'abstraction inhumaine) n'est pas « dans la vie », ignore ce qui se passe « dans la vie » ou dans le siècle. Le propos de Benda vise ainsi à la réhabilitation du clerc régulier, celui qui vivait à l'écart du monde, face à l'étemel dans la paix des monastères : non pas qu'il demande à tout intellectuel de faire la même chose (il reconnaît sans difficulté l'utilité d'un clergé séculier et militant), mais du moins chacun devrait-il, pour mériter le titre d'intellectuel, le respecter d'une vénération humble, ce qui est loin d'être acquis dans une époque qui n'admet pas qu'une pensée puisse être inactive sans rien avoir à se reprocher.

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