Marxisme et engagement

« Marxisme et engagement Le marxisme offre la particularité de s'introduire sur trois lignes de force et c'est à trois titres qu'il va marquer la vie intel­ lectuelle en France en ce siècle.

Comme lecture et interprétation de l'histoire, comme matérialisme philosophique, dit dialec­tique, opposé à tous les idéalismes, avec le surcroît de proposer une théorie générale de la production culturelle ; enfin et sur­tout au titre d'une organisation en vue de luttes politiques et sociales pour la prise du pouvoir.

Néanmoins, sa pénétration se fait lentement.

La première traduction complète des œuvres de Marx, par Roy, date de 1938, et les œuvres complètes chez Costes de l'inspecteur d'académie, M.

Molitor, sont postérieures. Georges Politzer (1903-1942) constitue de ce point de vue un témoignage particulièrement édifiant.

Professeur de philosophie né en Autriche-Hongrie, il entreprend une critique de la psycho­ logie et en particulier du bergsonisme, appuyée, en vrac, sur la psychanalyse, le behaviorisme et le gestaltisme ; en gros, des formes supposées de science.

Mais derrière cette polémique surtout universitaire, il vise un symbole : la vie intérieure, dans des termes voisins de Sartre plus tard et, à travers elle, la bourgeoisie et son mode de vie.

Mais là n'est pas son mérite essentiel.

C'est plutôt, qu'à partir de 1932 et en liaison avec ce travail théorique, il participe avec Jacques Decour et Gabriel Péri à la fondation de l'Université ouvrière.

La logique de cette entreprise était de remédier à l'exclusion du savoir à laquelle la société bourgeoise condamnait la classe ouvrière.

Politzer se déterminait donc à aller dans les usines apporter aux travailleurs les bases de la science marxiste pour « leur permettre de comprendre notre temps et guider leur action», dans le domaine technique, politique et social.

Pour cet usage, il écrit les Principes élémentaires de philosophie, qu'il présente non comme un ornement culturel, mais comme une arme en vue d'une lutte de classe.

Politzer sera fusillé par les nazis en 1942, ainsi d'ailleurs que Decour et Péri, et son entreprise d'université parallèle, interrompue pendant la guerre, sera reprise à la Libération, comme une dépendance du parti communiste en plein essor, dans sa politique globale d'emprise sur la culture. On peut être tenté de mettre en regard l'engagement de Simone Weil.

Subissant aussi l'influence du marxisme, mais e~tre beaucoup d'autres et non sans une réserve critique, une des plus précoces et des plus aiguës de ce temps, entretenue par son ami Souvarine, auteur d'une virulente biographie de Staline.

Dès 1932, au cours d'un voyage en Allemagne, des contacts avec les milieux ouvriers lui donnent matière à de surprenantes analyses sur l'attitude des travailleurs et des.... »