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ÉTUDE DE LA JALOUSIE (p. 108 à 179) dans Un amour de Swann de Proust

Publié le 14/09/2018

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amour

aiguise sa curiosité. Sa passion devient passion de savoir. Il se fait historien. La métaphore essentielle du texte est celle du déchiffrement. La fenêtre éclairée dans la nuit, motif répété à plusieurs reprises dans le roman, propose un texte enfin lisible de la vie d'Odette. Elle a pour exact symétrique le \"vitrage\" de la lettre à travers lequel Swann déchiffre le billet adressé à Forcheville. La lumière métaphorise cette vérité que Swann cherche à atteindre.

 

Mais la quête de l'amant est condamnée d'avance car la vérité des êtres nous est inaccessible ; elle est irrécupérable dans sa totalité comme la vérité perdue de l'Histoire. Swann ne possède que des fragments ; la fenêtre et le billet (déchiffré d'ailleurs mot à mot, malaisément) ne permettent de reconstituer qu'un instant (« ce moment de cinq heures du soir ») de la vie d'Odette. La souffrance de l'amant et son drame viennent de ce qu'il doit reconstruire la totalité à partir de ces seuls indices ; Swann voudrait tout connaître pour tout posséder : \"les actions d'Odette, ses relations, ses projets, son passé\" . Comme un détail surpris dans l'attitude d'Odette lui permettait de reconstituer la fresque de Botticelli, un indice sert de base à l'élaboration du puzzle. Ainsi, le travail de l'amant historien s'apparente à celui de l'artiste proustien faisant surgir la totalité d'un monde et d'un passé à partir d'une réminiscence fragmentaire : dans le célèbre épisode de la madeleine, un simple biscuit trempé dans une tasse de thé était capable de faire renaître tout le passé de Combray.

 

Un travail de l'intelligence

 

La vérité que Swann cherche avec passion paraît doublement inaccessible : de la vie d'Odette, il ne possède que des fragments à partir desquels brode son imagination amoureuse ou celle, jalouse, qui les inverse et lui substitue un rival (\"Les sourires qu'elle avait eus, railleurs en parlant de tel ou tel autre, et tendres pour lui\", « raill(ent) maintenant Swann et se charg(ent) d'amour pour un autre », p. 121 ).

L'entrée dans le temps du délire jaloux : comme l'amant, le jaloux reconstruit par l'imagination la femme aimée à partir de ses obsessions et de ses fantasmes ; mais là où l'amant inventait des perfections imaginaires, il invente la tromperie et la perversité. Ainsi, le travail de représentation de la jalousie ne fait que prolonger celui de l'amour. La jalousie ne se sépare pas de l'amour ; elle en est l'envers ou, pour reprendre la belle image de Proust : « l'ombre ». Elle écarte Swann du mondeet du temps réels. Le texte nousfaitentrer dans un long et douloureux monologue, signe de sa folie.

 

C'est dans l'étude de la jalousie que Proust développe avec le plus d'insistance la métaphore de la maladie. Elle est sous jacente à l'ensemble du texte. L'image de la tumeur ou de la gangrène illustre sans doute le plus clairement cette altération progressive et en apparence irréversible des facultés du jaloux.

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