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Etude linéaire - Prologue, Juste la Fin du Monde, Lagarce

Publié le 27/02/2022

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« Si Jean-Luc Lagarce - qui est à la fois dramaturge, comédien, metteur en scène, directeur de troupe - s’est autant nourri, passionnément, de lectures de l’Antiquité, notamment grecque, c’est bien qu’elles rencontraient un très fort écho en lui ; sa première pièce personnelle a même été écrite à partir d’une lecture d’Homère (Elles disent… L’Odyssée, 1978).

Son destin personnel - le fait de se savoir atteint, en 1988, du sida et d’être condamné, sous peu, à une mort certaine (en 1995, à l’âge de 38 ans seulement) lui semblait entrer en résonance avec la tragédie grecque, essentiellement, elle qui mettait en scène les familles maudites qu’étaient les Atrides et les Labdacides.

L’univers de la famille y est fréquemment en crise ; la famille est souvent le lieu où il est le plus difficile de parler et de se faire entendre.

Beaucoup de héros antiques sont pris entre cris et silence, un silence somme toute assourdissant, plus criant que le cri lui-même (cf.

les propos du choryphée dans l’Antigone de Sophocle : « Un trop grand silence me paraît plus lourd de menaces qu’une explosion de cris inutiles »).

Ce silence autour de lui, l’auteur l’a également ressenti de son vivant car il a été ignoré en tant que dramaturge, dans un premier temps ; à présent, c’est un auteur reconnu (il fait même partie des auteurs les plus joués en France) ; Juste la fin du monde (1990) est considérée comme une pièce testamentaire, très souvent montée, en France et à l’étranger ; elle est inscrite au répertoire de la Comédie-française depuis 2008.

Le prologue de la pièce, soumis à notre étude, est un monologue de Louis, le personnage principal, qui explique sa décision de retourner voir sa famille pour lui annoncer sa mort prochaine. Nous pourrions nous demander en quoi ce prologue est annonciateur de la tragédie à venir. Le titre et la didascalie initiale – que nous examinerons en premier lieu - nous livrent déjà quelques clefs de compréhension du texte.

Le premier mouvement du prologue s’articule autour de l’ « année d’après » et consiste en l’annonce par Louis de sa mort imminente ; le second mouvement fait état de la décision qu’il a prise de revenir dans sa famille. titre : deux éléments semblent contradictoires : une dimension absolue et définitive « la fin du monde » et une dimension réduite « juste », ne faut pas « en faire un drame ».

certaine ironie affirmation tragique (« la fin du monde ») réfutation simultanée Le titre énigmatique pas d’indication de personnages ni d’action horizon d’attente très ouvert questionne l’idée de fin et de l’universalité monde en général ou monde en particulier ? didascalie initiale : apparition des personnages dans un ordre particulier, sans cohérence par rapport à leur âge qui importance capitale mentionner, à chaque fois.

Louis premier à être nommé et sa sœur Suzanne directement rattachée (« sa sœur »).

la Mère n’a pas d’identité, de nom se réduit à sa fonction dans la famille mention de l’espace dramatique : « Cela se passe dans la maison de la Mère et de Suzanne » distribution des personnages par rapport aux lieux : Suzanne et la Mère // Antoine et Catherine, isole Louis. Ce début, est un après : pas seulement après l’événement tabou, mais surtout après le drame représenté. II.

Premier mouvement : « l’année d’après » ; l’annonce de la mort imminente, jusqu’à « vous détruirait aussitôt » Le prologue s’ouvre sur un groupe adverbial qui annonce un futur (il s’agit là d’une prolepse, à l’image de celles que pouvait faire le choeur dans les tragédies grecques) = Louis se projette dans le futur) : « Plus tard, l’année d’après » et s’oppose au présent d’énonciation qui suit : « j’ai près de trente-quatre ans », brouillant les repères temporels. Ainsi, si les mentions temporelles sont nombreuses dès l’ouverture de la pièce, elles instaurent pourtant le flou.

On apprend, en lisant la dernière pièce de Lagarce, écrite après celle-ci, Le Pays lointain (1999), que l’expression « l’année d’après » renvoie en réalité à l’année suivant la mort de son amant.

Voici ces éléments (juste à lire) : LOUIS.

– Plus tard, l’année d’après. L’AMANT, MORT DEJA.

– Une année après que je meurs, que je suis mort ? LOUIS.

– Exactement ça. L’année d’après,. »

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