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Étudiez cette définition du romantisme que Musset met ironiquement dans la bouche d'un clerc d'avoué : «Non, le romantisme, mon cher monsieur, à coup sûr, ce n'est ni le mépris des unités, ni I' alliance du comique et du tragique, ni rien au monde que vous puissiez dire ; vous saisirez vainement l'aile du papillon, la poussière qui le colore vous resterait dans les doigts. Le romantisme, c'est l'étoile qui pleure, c'est le vent qui vagit, c'est la nuit qui frisonne, la fleur qui vole e

Publié le 17/01/2022

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1 Le vrai romantisme est plus sérieux, plus profond, plus douloureux : il souffre des limites de la condition humaine (voir René, XIXe Siècle, p. 51, 1. 38- 47). M usset - sans prendre nécessairement à son compte les paroles du clerc - est assez satisfait de la féerie dont se grise ce dernier. 2 Le vrai romantisme est moins irrationnel : il n\'est pas vrai qu\'on ne puisse le mettre en formules (sens de la liberté en art notamment : voir sujet 21). 3 Le vrai romantisme est plus social et plus humanitaire : surtout, en 1836, la définition du clerc est depuis longtemps dépassée, ou en avance. V ers cette date, les grandes œuvres romantiques s\'appellent Lorenzaccio. Les C hants du crépuscule, Jocelyn, C hatterton, Servitude et grandeur militaires, etc., toutes œuvres où le romantisme apparaît plus comme une prise de conscience des grands problèmes posés à son temps que comme une fuite dans un monde irréel et transcendant. I V La portée de la définition T outefois M usset, peut-être inconsciemment, peut-être en croyant bouffonner, laisse entrevoir des perspectives assez profondes sur le romantisme et surtout sur la littérature moderne. 1 L\'art moderne brise les catégories de la raison : «l\'étoile pleure», «la fleur vole et l\'oiseau enbaume». C e sont déjà les correspondances de Baudelaire, le dérèglement des sens cher à Rimbaud, le dépassement du rationalisme positiviste au profit de cette sur-raison chère aux surréalistes. 2 L\'art moderne prétend saisir directement la vie : «le nu à vif, l\'étreint, l\'embrassé.» Il n\'est pas exagéré de voir dans ces derniers mots l\'amorce d\'une esthétique moderne, en quelque sorte pré-bergsonienne : l\'artiste cherche non pas à organiser son œuvre au nom des lois de l\'art, mais à épouser les mouvements profonds du réel (cf. sujet 20, IV , 1 et 2).

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