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Étudiez le rôle de la nature dans Roméo et Juliette

Publié le 05/12/2019

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C'est en remontant aux origines que Shakespeare dévoile la cause de ces similitudes entre l'homme et la nature, l'un et l'autre sortis des mains du Créateur : « Retourne-toi, sombre glaise, et retrouve ton centre » (II, 1, v. 2), murmure Roméo. Cette objurgation rappelle la création de l'homme par Dieu. Il revient à Frère Laurent de méditer sur le sens de l'univers en établissant une correspondance entre les composantes de la vie. Il discerne « En l'homme comme en ces herbes » (II, 2, v. 28) les deux principes fondamentaux du Bien et du Mal. Comme Baudelaire parle des deux postulations de l'homme, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan, Frère Laurent met en exergue « la révolte et la grâce ». Associée originellement à la pureté, la nature est devenue, à l'image de l'homme, un principe ambivalent.

Shakespeare - Roméo et Juliette

« 28 sein » (II, 2; v.

12), image développée par Agrippa d'Aubigné (1552- 1630) dans son poème Les Tragiques (publ.

1616 ).

Parler de la nature en termes humains, n'est-ce pas comme une tentative de réduire l'altérité, signe d'une éventuelle menace? Des êtres définis à par tir d'élémen ts naturels Suivant une symétrie singulière, les êtres sont dépeints par un ensemble de réf érences aux plantes ou aux animaux, comme si Shakespeare voulait abolir la dis­ tinction entre les règnes.

Il pratique la parodie : ainsi, la Nourrice est brocardée dans une chanson de Mercutio comme «poule faisa ne/p oule faisandée » (II, 3, v.

134 et 138 ).

Dans un registre soutenu et un lexiq ue mélioratif , Roméo est qualifié de« noble tiercelet » (II, 1, v.

205), tandis que Juliette est appelée tendrement « mon tout petit gerfaut » (ibid., v.

21 1).

Pour l'éveil ler, la Nourrice choisit un autre bestiaire : «u n vrai loir», «mon agnelle » (IV , 5).

Une métaphore filée empruntée au monde végétal transcrit le destin de l'héroïne.

De la vie (I, 2) à la mort (IV, 5), un abondant champ lexical dépeint Juliette comme une fleur, à l'image du vers de Malherbe (1555- 1628) : «E t rose, elle a vécu ce que vivent les roses/L' espace d'un matin.

» Ill.

Un espace symbolique De la pure té à l'am bivalence C'est en remontant aux origines que Shakespeare dévoile la cause de ces simil itudes entre l'homme et la nature, l'un et l'autre sortis des mains du Créateur : «R etourne-toi, sombre glaise, et retrouve ton centre » (II, 1, v.

2), murmure Roméo.

Cette objurgation rappelle la création de l'homme par Dieu.

Il revient à Frère Laurent de méditer sur le sens de l'univers en étab lissant une correspondance entre les com­ posantes de la vie.

Il discerne « En l'homme comme en ces herbes » (II, 2, v.

28) les deux principes fo ndamentaux du Bien et du Mal.

Comme Baudelaire parle des deux postulations de l'homme, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan, Frère Laurent met en exergue « la révolte et la grâce ».

Associée originellement à la pureté, la nature est devenue, à l'image de l'homme, un principe ambivalent.

Les tensions mythiques : le monstru eux et le divin Cette interprétation éthique héritée de la métaphysique connaît une extension hyper bolique.

C'est avec l'apothicaire que Shakespeare montre que la nature peut être pervertie par l'homme.

Sa boutique est l'exact témoignage de ce détournement à des fins malsaines : « [ ...

]pendaient une tortue/Un crocodile empaillé et des peaux de pois­ sons/Aux formes inquiétantes [ ...

]» (V, 1, v.

42-44) .

Lieu de dégénérescence, l'of ficine atteint les limites du monstrueux.

À l'opposé, l'amour fait advenir l'idéal.

Juliette, devenue « soleil », va connaître une ascension spirituelle qui fera d'elle « un archange de lumi ère».

La poésie pétrarqu iste la transfigure en une sublimation mythique.

À Vérone, où la civilisation semble parfois régresser jusqu'à la barbarie, où les lois ne peuvent abolir l'instinct, les personnages reviennent à la nature, par l'entremise du langage, comme à une référence.

Si elle n'est plus une entité inconditionnellement positive, elle constitue un contre-pouvoir à l'Histoire.

Idéalisée de l'Antiquité à la Renaissance, dans Roméo et Ju liette la nature se révèle ambivalente.. »

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