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Étudiez les différentes formes des remarques dans Les Caractères

Publié le 09/08/2014

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Malgré ce qu'il affirme, La Bruyère use parfois de maximes. La remarque DG 55 est un cas particulièrement bref, sans verbe : « Jeunesse du prince, source des bonnes fortunes. « La maxime se présente souvent sous la forme d'une définition. Pour que celle-là soit réussie, il faut que celle-ci soit paradoxale et dévoile quelque chose d'inattendu. On en a un exem­ple dans DC, 85, où la définition réunit deux termes voisins dont l'un éclaire l'autre d'un jour nouveau. La Bruyère commence beaucoup de ses remarques comme des maximes, avec des tournures impersonnelles : « il y a «, « il faut «, « il y a des gens qui «. Il utilise la plu­part du temps des présents de généralisation, des articles définis à valeur généralisante (« l'homme «, « les hommes «), le pronom « on «, des infinitifs sujets (DG, 49), qui sont les marques du discours moral généralisant.

« Au-delà de la maxime Cependant, par certains traits, les remarques échappent à la forme de la maxime.

D'abord, la plupart des remarques sont trop longues pour être des maximes.

La Bruy~n:s)111use par­ fois à commencer une phrase: sur un ton de)QLg.énérale, pour mieux montrer qu'il ne s'agit que d'une loi particulière, et même personnelle : « Il n'y a rien à la cour de si méprisable et de si indigne qu'un homme qui ne peut contribuer en rien à notre fortune[ ...

]» (DC, 23).

La Bruyère s'éloigne de la forme de la maxime parce que, chez lui, le particulier interfère presque toujours avec le général.

Même quand la réflexion est générale, La Bruyère introduit une modalité personnelle: «Je crois pouvoir dire d'un poste éminent et délicat qu'on Y) monte plus aisément qu'on ne s'y conserve» (DC, 33).

1 Ill.

Les autres formes En dehors de la maxime, La Bruyère utilise des formes qui rattachent les remarques à des genres différents.

Les réflexions générales Nombre de remarques constituent des réflexions que le moraliste porte sur la société de cour.

Celles-ci utilisent un vocabulaire intellectuel qui les rattache à une argumentation.

Un cas frappant est celui de DG, 5, où la tournure «on demande» renvoie à l'habitude des universités de !'Ancien Régime de résoudre des questions théologiques (on trouve dans la même remarque les termes d'école« former une question»,« la décider»): La Bruyère feint de s'interroger sur la vie de cour comme sur une question épineuse.

D'où plusieurs essais de définitions (DC, 3 ; DC, 85).

Ewfois aussi, 1-emoraliste expose son raisonuement(DG, 13 : «quand je vois d'une part[ ...

] et que je considère d'autre part[ ...

] je ne suis pas toujours disposé à croire que ...

»).

Les portraits ,1:· Ce sont les éléments des Caractères quel' on cite le plus souvent La question 9 leur est consacrée.

Les descriptions Elles permettent de dépeindre la cour comme un lieu précis, au lieu de s'en tenir à la seule peinture des mœurs.

La plus célèbre est celle de DC, 74, où la cour est décrite comme.im.lieu exotique découvert par quelque explorateur.

Les dialogues Ils créent une variété dans l'énonciation.

La Bruyère, dans DC, 66, reproduit le mono­ logue plein de sagesse d'un courtisan, N**, avant de démentir cette sagesse par la dernière phrase.

Dans DG, 8, le dialogue s'établit entre vous et le moraliste pour aboutir à un éclair­ cissement sur le jugement exprimé par vous.

Dans DC, 57, le moraliste adresse aux « fades courtisans » de fausses questions qui marquent son indignation.

Les narrations Ce ne sont jamais de vraies narrations au passé simple : le passé qu'évoque La Bruyère est toujours soumis au présent.

QÇ~.9.6 offre ainsi un cas de narration au passé composé.

DC, 86 se présente comme une scène de quelques lignes, mélange complexe de narration et de dialogues.

La remarque, chez La Bruyère, ne correspond donc pas à un genre précis, mais peut accueillir tous les genres existants pour aider au tableau de la société.

Sa particularité est d'offrir aussi bien une réflexion générale, caractéristique du discours moral, que des procédés génériques que l'on pourrait trouver dans un roman.

Les romanciers des xrx• et xx• siècles diront d'ailleurs souvent leur dette envers les moralistes du XVII° siècle.. »

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