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Explication de texte sur « Rêvé pour l'hiver » dans Poésies de Rimbaud

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

rimbaud
La conjonction de coordination qui ouvre la dernière strophe fait le lien dans les jeux. Après le début inauguré par le poète, c'est à la jeune fille de répondre dans un jeu bien orchestré comme le suggère le futur « tu me diras » qui exprime la certitude de ce qui va arriver, les règles étant connues à l'avance. La parole rapportée entre guillemets rend la scène plus vivante. Le jeu éveillé devient plus vrai dans l'esprit du poète. Le verbe souligne bien l'univers enfantin des cours de récréation où les jeux de « cache-cache » sont courants. Le participe présent « en inclinant » suggère la participation pleine de la jeune fille au jeu. C'est une position d'acceptation.
rimbaud

« employé, Rimbaud suggère une invitation au voyage plus qu'un acte réel.

Il s'agit davantage d'un voyage envisagé« rêvé » pour reprendre le titre plutôt qu'effectué même si le poète a effectivement fait ce trajet en train.

Le futurévoque un irréel comme dans les jeux d'enfants « je serai ci » ou « je serai ça ».L'enjambement sur le vers suivant évoque un bien être qui s'étend, d'autant que Rimbaud introduit une autre couleurdite rassurante comme le bleu.

Le poète fait souvent part des couleurs comme dans le poème qui suit avec « lecresson bleu » et les « trous rouges ».

Dans ce sonnet, les couleurs suggèrent un apaisement, une tranquillitéd'esprit.

Le choix de l'hexamètre met l'accent sur le confort de la situation.

Il recentre et intensifie la douceur dulieu.

Le point qui clôt la phrase à la fin du second vers, pratique rare dans un sonnet, clôt la présentation du lieu.L'enfermement ainsi suggéré crée un enferment heureux dans un nid de bonheur.La simplicité syntaxique de « Nous serons bien » suggère le bonheur simple qui est évoqué, la complaisance danslaquelle le narrateur souligne cet état de fait.

L'ensemble de trois syllabes se présente ainsi comme un résumé de lasituation qui refuse toute extension des sentiments se concentrant sur la simplicité des choses.

Le poète joueensuite sur l'expression « nid douillet ».

En effet, en écrivant « nid de baisers », il détourne l'expression tout ensuggérant quand même au lecteur la douceur.

Le nid évoque le réconfort.

Il réactualise l'expression en donnant auxbaisers un aspect vivant, autonome.

L'enjambement sur le vers suivant suggère l'activité débordante de ces baisers.Le rythme créé par des mots monosyllabiques ou de seulement deux syllabes donne à ces deux derniers vers duquatrain une rapidité qui évoque elle aussi l'activité foisonnante des baisers et de la rapidité à laquelle ilss'échangent.

L'intimité de la scène est rendue par l'adjectif « chaque » qui suggère la parfaite connaissance deslieux, le « nous » en ayant pris pleinement possession.

Le système des rimes évoque bien la douceur et le rapportentre chaque couleur et l'ambiance réconfortante puisque chacune d'entre elle rime avec un mot qui évoque ladouceur : « rose » avec « repose » et « bleu » avec « moelleux ».

Il existe donc bien dans l'œuvre de Rimbaud unlien entre les couleurs et le monde.

Chacune est assimilée à une ambiance précise.A la fin de ce 1 er quatrain, Rimbaud a ainsi présenté un lieu confortable dans lequel le « nous » semble s'épanouir.

La douceur suggérée par le décor est alors propice aux rêves, à l'espoir mais également aux mauvais rêves présentsdans le second quatrain.

Second mouvement : une ombre au tableau idylliqueNous observons au début du second quatrain un rythme plus martelé (puisque nous comptons trois virgules), quiindique un suspens de l'envolée des baisers, un temps d'arrêt que suggère la crainte de la nuit.

Le rythmedecrescendo (5-4-3) imite la phase d'endormissement possible suggérée par l'œil qui se ferme.

Le futur change devaleur par rapport à la première strophe.

Il s'agit davantage d'un conseil, voire de conjuration pour ne pas se laisseremporter par la peur nocturne.

Ce vers suggère qu'il faut tourner le dos à la réalité que l'on peut retrouver parl'expression « garder un œil ouvert » et que le poète prend une fois de plus à contre sens.

L'omniprésence dulexique suggérant la vue (œil, voir, glace) montre la nécessité de ne pas faire face au soir et de s'enfuir dans lesommeil ou le rêve.

« par la glace » rappelle le wagon dans lequel se trouvent les deux passagers et invite ainsi auvoyage dans le rêve.Le fait que le verbe « Grimacer » se trouve en début de vers souligne la crainte de cauchemars.

Nous sommes alorsdans le grotesque des figures qui prennent forme par l'imagination.

A l'atmosphère douillette de la 1 èrestrophe s'oppose ainsi une atmosphère qui devient inquiétante pour les passagers.

Le poète fait passer le lecteur d'unsentiment de sérénité à un sentiment de malaise.

Jouant sur les topoi de la littérature fantastique, développée danscette seconde partie de XIXème siècle, Rimbaud transforme le voyage par le train en voyage dans le fantastique.L'article défini « les ombres » suggère que les monstres sont connus, font partie des connaissances communes.

Aux couleurs pastel du début vient le noir suggéré par le mot « soir ».

Nous sommes dans le domaine de l'inquiétantd'autant plus que l'article indéfini « des soirs » laisse penser qu'il s'agit d'un phénomène habituel et connu de tous sans que l'on puisse l'identifier.

Le fait que la phrase reste inachevée marque l'envahissement de l'inquiétude dramatisée.Le déictique « Ces » qui débute le vers 6 dramatise la situation.

La dramatisation est soulignée par la caractérisation des « ombres »qui s'étend sur 9 syllabes dans un ensemble de 12.

Elles envahissent l'esprit et le vers soulignant ainsi leur aspect inquiétant.

Nousnotons toutefois que la caractérisation garde un côté indéterminé, le terme « monstruosités » étant un terme générique.

Les ombressont d'autant plus inquiétantes qu'elles restent indéfinies.L'angoisse prend une dimension encore plus grande par la suite par l'enjambement sur le vers suivant.

Nous avons ainsi l'impressionque les monstres envahissent tout l'espace du wagon comme ils envahissent l'espace du poème.

Le terme péjoratif « populace »renvoie à une réalité sociale.

Les ombres semblent ainsi être les voyageurs qui sont sur les quais dans l'attente du train et auxquelsveut échapper le poète dans sa fuite du domicile familial.Les « démons » évoqués dans le vers 8 semblent alors être ceux de Rimbaud.

Nous notons que le noir suggéré tout d'abord est icirépété par deux fois, insistant alors sur la condamnation du poète.

Les loups renvoient aux contes de l'enfance auxquels Rimbaud veutéchapper en faisant une fugue.

Le domicile familial est alors considéré comme source de danger.

L'assonance en [on]« monstruosités », « démons », ombres » crée un écho fantastique et un lien entre tous ces êtres fantasmés et qui font peur,enrichissant alors la crainte.

La fin de cette strophe suggère un envahissement des menaces qui pèse sur les voyageurs.En contraste avec le 1 er quatrain, la 2de strophe marque un univers inquiétant.

Le voyage semble menacé par l'extérieur que représentent les monstres, signe du refus de Rimbaud de se laisser enfermer à Charleville, d'où la décision de partir.

Le voyage esttout autant concret qu'intime.

Il s'agit alors davantage d'un voyage initiatique qu'un simple voyage en train qui représente lespossibilités de liberté.

Fort d'avoir vaincu ses démons, la fin du poème indique un renversement de situation puisque la menace estpartie.

3ème mouvement : jeux amoureux L'adverbe temporel qui ouvre le 1 er tercet marque une rupture par rapport à l'atmosphère angoissante de ce qui précède.

Il invite à passer à autre chose, à aller de l'avant comme le train.

Le futur exprime tout comme dans uncas précédent une hypothèse d'un jeu enfantin.

Seulement, le jeu n'est pas pour autant agréable comme le soulignel'adjectif « égratignée ».

Le jeu sensuel qui s'instaure est fait de douceur évoquée dans la 1 ère strophe et de douce violence.

L'effet d'écho interne en [ti] (égratignée et sentiras) insiste sur les sensations corporelles du jeu.

Le faitdu verbe pronominal « se sentir » suggère une autonomie, comme si le locuteur s'excluait de toute responsabilitédans ces sensations.

Le jeu s'exprime par les points de suspension qui laissent le temps à la jeune femme de se. »

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