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Explication Linéaire De « Ma Bohème » De A. Rimbaud

Publié le 17/01/2022

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rimbaud

 

Arthur Rimbaud est né le 20 octobre 1854 à Charleville. C'était un excellent élève, qui fugua pourtant lorsqu'il avait 15 ans en direction de Paris, où il se fit arrèter. Un professeur avec qui il avait d'excellentes relations le ramena à Charleville puis il fugua  à nouveau à Bruxelles puis à Douai où il recopia plusieurs de ses poèmes. Il arreta d'écrire à 20 ans. Ce jeune poète eut une liaison avec Verlaine et voyagea beaucoup. Il   mourut des suites d'une maladie le 10 Novembre 1891 à l'hôpital. Il a écrit ce poème quand il avait  15 ou 16 ans, surement lors d'une des ses fugues. Ce  sonnet en alexandrins est plein de fantaisie et représente bien ses errances adolescentes, son envie de liberté et d'amour, ainsi que son rejet de la société. 

 

Le titre ma bohème peut, après lecture du poème, nous faire penser aux longs voyages d'errance que font les bohémiens, mais aussi à la vie insouciante et libre des artistes. Le fait que le poète utilise l'adjectif possessif « ma « exprime dès le début le fait que ce texte parle de lui, de sa vie, de ses sentiments. Rimbaud a également choisi de mettre un sous titre qui est « fantaisie «. Dans le contexte, le mot représente une errance insouciante et l'imagination du poète qui divague à plusieurs moments du poème (« ombres fantastiques «). Il symbolise aussi la liberté du sonnet, qui a un rythme particulier à cause des rejets (vers 6-7), des enjambements entre des strophes...,et la liberté de son vocabulaire parfois un peu familier « crevées «, « patelot « et des rimes insolites « crevées/ rêvées «, « trou/ frou-frou «.

Dès les premiers mots, on voit que ce poème traite d'un voyage « je m'en allais « mais on ne sait pas où ni pourquoi. Il semble être une sorte de révolte, comme le montre le fait que l'auteur utilise le mot « poings «, qui inspire la violence. L'adjectif suivant est familier : « crevées «, ce qui confirme cette idée de rejet de la société, de révolte. Dans le vers suivant, il nous peint une image de lui en vagabond, avec son « patelot « (qui est une sorte de manteau) qui est presque devenu une idée, c'est-à-dire qu'il est très usé. On retrouve cette idée du vagabond peu présentable lorsqu'il parle de ses poches « crevées «. Pourtant, on peut interpréter le mot « idéal «comme sa vision des choses, qui s'embellit avec le charme du vagabondage. Il est satisfait du peu qu'il possède, et est fier de se montrer démuni. En outre, les mots « j'allais sous le ciel «, au vers suivant, refont référence à un voyage, un sentiment de liberté et d'espace : il n'a pas de toit ou de barrière qui l'empêchent de gouter pleinement à la grandeur de la nature. La « Muse « est la déesse qui inspire le poète, et il dit « j'étais ton féal « ( ton fidèle serviteur). Avec ce vers, on commence à comprendre le sens de son voyage : il est guidé par l'inspiration, la suit aveuglément. Son évocation « d'amours splendides « au vers 4, peut être interprété de diverses manières : tout d'abord, cela peut être une métaphore qui symbolise la relation du poète avec son inspiration, qu'il rêve de trouver (« j'ai rêvées «) et avec laquelle il souhaite être en harmonie. Mais cela peut aussi symboliser son besoin d'amour car il est seul et n'a que la nature avec lui.

Dans la strophe suivante, Rimbaud accentue encore son image de vagabond en insistant sur la pauvreté de son habillement « mon unique culotte avait un large trou «. Une culotte est déjà un vêtement léger, auquel s'ajoute l'adjectif unique, puis la précision qu'elle comporte une béance considérable; il est pratiquement nu. Le poète se compare au Petit-Poucet qu'il qualifie de « rêveur «. Cette métaphore illustre bien l'image qui se dépeint de lui, car le petit poucet était pauvre, mais rêveur comme un poète. Ce personnage de contes semait des graines pour retrouver son chemin. L'auteur, lui, sème « des rimes «, groupe de mots qu'il met en valeur par un rejet. Ceci est bien sur une autre métaphore, le poète s'aidant de ses écrits comme du petit poucet de ses cailloux, pour retrouver sa trace. Il parle aussi de « course «, qui nous renvoie encore à un  voyage, ou du moins un trajet effectué. « j'égrenais dans ma course / Des rimes « représente un mouvement, qui va vers l'inspiration et le poème achevé. Cela rejoint l'idée de la Muse dont il est le féal : il marche en suivant son inspiration. Ce rêveur solitaire dort à la belle étoile comme le montre la métaphore « Mon auberge était à la Grande Ourse «. Il est parfaitement libre. De plus, Rimbaud semble s'approprier la nature : il emploie à deux reprises des adjectifs possessifs « Mon auberge «, « Mes étoiles «. Son rapport avec la nature ressemble à une relation affective; il la qualifie de « doux «, puis plus tard évoque des « bons « soirs, au vers 10. Elle est bienveillante et protectrice envers cet orphelin; la Grande Ourse est comparée à une « auberge «(vers 7), la rosée à un « vin de vigueur « (vers 11). « Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou « est une métaphore qui montre l'image du poète qui a accès à ce que les autres ne voient pas, il est supérieur, car il peut entendre le bruissement des étoiles. Le bruit du frou-frou a une connotation légèrement féminine, ce qui renvoit à cette idée de relation avec la nature.

Par ailleurs, on constate un enjambement entre la deuxième et la troisième strophe, qui casse le rythme habituel du sonnet. Le poète est assis « au bord des routes «. Pour commencer, on peut noter que route est au pluriel, c'est-à-dire qu'il a déjà vu plusieurs routes. Son voyage ne vient pas de commencer, comme le montre aussi l'emploi de l'imparfait (qui est utilisé pour une action qui n'est pas définie dans le temps) « je les écoutais «, « j'égrenais «... Les soirs de septembre dont il parle renvoient surement à sa fugue, lorsqu'il avait 15 ans, et qui fut un symbole de son rejet de la société, des règles imposées, et de son envie de liberté. Il compare les gouttes de rosées à un « vin de vigueur «, ce qui va dans cette idée qu'il préfère la nature aux hommes, car c'est elle qui l'aide à se sentir vigoureux. Le fait qu'il ait des gouttes de rosée sur le front montre encore une fois qu'il dors dehors, les gouttes se déposant pendant la nuit sur sa tête que l'on imagine posée dans l'herbe.

Enfin, la dernière strophe commence elle aussi par un enjambement, la phrase se poursuivant sur 5 vers. Il associe « rimant « à « ces bons soirs de septembre «, ce qui peut laisser envisager qu'il écrivait ses poèmes à cette époque, durant sa fugue. Son imagination est particulièrement soudoyée dans ces 3 vers, lorsqu'il parle d' « ombre fantastiques « et qu'il transforme des élastiques de ses chaussures en lyre. Il aime allier le concret et l'abstrait dans tout le poème : patelot et idéal, égrener des rimes, et enfin élastiques et lyre. C'est sa manière d'exprimer sa liberté : il peut jouer comme il le souhaite avec les mots et lier imaginaire et réalité. Il mélange également dans tout le poème un lexique très poétique et un lexique familier : « Muse «, « Lyre «, « étoiles «, « ciel «, « féal «, « amours splendides « qui s'opposent à « culotte «, « crevées «, « large trou «, « patelot «, « Oh! Là! Là! «... Ce fossé entre les deux lexiques explique aussi en partie le sous titre, mais montre qu'il veut se révolter, sans pour autant passer pour un illettré, tout en parodiant les schémas classiques de la poésie. Pour finir, il porte des « souliers blessés « ce qui veut dire qu'il a déjà fait une marche longue. Il termine le poème avec ces étranges mots « un pied près de mon cœur ! «, que l'on peut interpréter comme une ultime provocation envers la société, car cela est complètement abstrait.

 

Pour conclure, ce poème a été écrit par Rimbaud lors de sa fugue, et celui-ci évoque son envie de liberté, d'amour, son rejet de la société et sa fierté d'être un vagabond aidé par la nature. Il se laisse guider à travers ce poème dans un agréable voyage afin de rechercher l'inspiration, dont il rêve volontiers.

 

rimbaud

« Ma Bohème 1 59 SITUATION DU TEXTE Ce poème clôt l'ensemble écrit ou recopié à Douai en octobre 1870 et fait partie, comme «Le Dormeur du val», du recueil adressé à Paul Demcny dans l'espoir d'être imprimé à Paris.

Il figure, pour la première fois, dans La Revue indépendante Uanvier-février 1889) avec trois autres poèmes encore inédits : «Le Mal», «A la musique», «Sen­ sation», en illustration d'une étude de Rodolphe Darzens qui avait su récupérer le fameux Cahier de Douai.

S'il est lié à l'expérience personnelle par son thème, il est aussi inscrit dans un débat poétique qui oppose Rimbaud, petit provincial certain d'être poète, frondeur ct critique, à ceux qui furent ses modèles comme Théodore de Banville; le sous-titre «Fantaisie» peut ainsi conduire à lire ce texte comme une réécriture parodique.

THÈME PRINCIPAL DU TEXTE «Ma Bohème», comme «La Matine» ou «Au cabaret vert, cinq heures du soir», évoque les fugues et la liberté adoles­ cente toute fraîche, mais à la différence des poèmes cités, l'image des choses vues est tenue à distance, subordonnée au jeu sur les échos et les polysémies, et à une allégorie du Poète-enfant, ivre d'idéal, porté par son étoile, délibérément en marge.

(Lire aussi «Sensation».) DES BOHÉMIENS À LA BOHÈME Le thème des bohémiens, des saltimbanques, du voyage marginal nourrit bien des œuvres romantiques et Rimbaud dans «Sensation», lorsqu'il évoque magnifiquement l'errance, rencontre déjà la figure du «bohémien».

Le xxc siècle, avec Apollinaire, Reverdy, Picasso, hérite de ce topos.

Les petits comédiens de «Enfance» (III) dans les Illuminations, les forains de «Parade>> appartiennent à la même famille.

Rejeton de 1 'homme sauvage du Moyen Age, le « bohé-. »

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