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Explication linéaire : Le paysan de Paris, Aragon, p 43-44

Publié le 24/07/2012

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aragon

-La phrase suivante est très intéressante, puisque le sujet n'est plus la mort, mais les différents moyens qui révèlent la présence de la mort : en effet, cette phrase est une énumération des moyens qu'a Aragon de voir la mort. L'anaphore de « Tous « en début de phrase la structure : « Tous les subterfuges du monde, tous les artifices qui étendent le pouvoir de mes sens « : on peut noter l'insistance sur la définition des moyens utilisés par Aragon : ce qui est artificiel aiguise les sens , ce qui est nécessaire pour dépasser le réel et pour pouvoir voir et parler à la mort. Ensuite, Aragon énumère ses « artifices « qui permettent de dépasser le réel et les sens.

aragon

« qu'il me faudrait rentrer à la maison, ma bonne ménagère » :l'idée d'oubli est reprise par « sans penser » et est mise en contexte.

L'auteur emploie une image simple dela vie quotidienne pour symboliser la vie et la mort.

En effet, la vie est assimilable à une promenade alors que la mort serait un retour à la maison.

Ainsi, la mortapparaît comme aussi naturelle qu'une mère rappelant ses enfants.

La mort est une nouvelle fois personnifiée, cette fois non plus en « charmante enfant », maisAragon s'adresse à elle en lui disant « ma bonne ménagère » : on voit bien par le déterminant possessif « ma » qu'Aragon a évoqué la Mort surtout pour parler de luiet de sa relation avec elle.

Cette personnification relève une nouvelle fois de l'ironie, la mort n'étant pas plus « bonne » que « charmante ».

On peut aussi noter danscette phrase la répétition de l'expression « à la maison » qui insiste sur cette idée de retour inévitable vers la mort après s'être promené, après avoir vécu.

Cette phraseest ensuite construite avec deux propositions relatives coordonnées par « où » ce qui va nous indiquer ce que la Mort fait en attendant le narrateur.

« où déjà serefroidit la soupe dans les assiettes » : la métaphore filée se poursuit : si la soupe est servie, c'est que le narrateur ne devrait pas tarder à rentrer, l'adverbe « déjà »montrant bien le caractère éphémère, rapide de la vie.

« ou m'attendant tu croques négligemment des radis » : cette image commence à montrer l'impatience de la mortpar rapport à la mort du poète., les « radis », métaphore culinaire, semblent évoquer des personnes insignifiantes que la mort prend, métaphore culinaire qui serareprise trois lignes après par le terme « cacahuètes », désignant les habitants du Passage.

L'impatience de la Mort est alors montrée explicitement par une nouvelleimage de la mort : « et tes phalanges décharnées jouent avec le bord de la nappe ».

On peut noter cette nouvelle image de la Mort, mais cette fois, elle est inquiétanteet normal par rapport à ce que l'on attend de la mort.

Ainsi, Aragon essaie peut-être par l'ironie de montrer qu'il ne craint pas la mort mais qu'il a tout de mêmeconscience de son caractère. -Mais l'ironie revient dès la phrase suivante, avec l'expression « pour aiguiser tes dents mignonnes » qui rappelle les adjectifs « charmante » et « bonne ».

L'auteuressaie de différer son retour à la maison en proposant des cacahuètes à la mort, cacahuètes qui sont en réalité les habitants du Passage. -Pour la dernière phrase de ce passage : « Ne me taquine pas, je viendrai » le futur simple « je viendrai », mis en valeur par les deux-points montre que la narrateurest conscient qu'il lui faudra mourir un jour. Conclusion première partie : Si on s'intéresse à la progression de la première partie, on peut constater qu'Aragon se pose en premier lieu comme simple spectateur dela Mort, avec l'expression « et danse ».

Pourtant, il devient peu à peu un sujet plus important à ses yeux que les habitants du passage qu'ils devaient d'abord évoquer :on le voit lorsqu'il offre à la mort « des cacahuètes, tout un quartier des boulevard »: la Mort est l'occasion d'un retour à soi.

Ainsi, avec l'emploi de la premièrepersonne, d'un sujet souvent traité par la poésie lyrique et les nombreux effets de style, on peut qualifier cet extrait de lyrique.

Pourtant, on peut aussi noter la forteprésence de l'ironie qui a peut-être pour but de rendre la mort moins terrifiante, puisqu'elle est inhérente à toute homme.

La seconde partie semble reprendre là oùAragon s'était arrêté avant son envolée lyrique, c'est-à-dire à la mort promise aux commerçants du passage, pourtant, la mort sera ici évoqué en rapport avec l'amouret le désir de la femme ( on peut relever que les personnifications que fait Aragon à propos de la mort sont exclusivement des figures féminines, ce qui permet aussid'introduire le sujet qu'il veut développer, à savoir le « double jeu de l'amour et de la mort »). II/ La Mort et l'Amour Éphémère -Aragon semble alors reprendre la description du Passage de l'Opéra où il s'était arrêté avant de quitter son « microscope » à la page 42.

« J'oubliais donc de dire quele Passage de l'Opéra est un grand cercueil de verre » : le Passage de l'Opéra est ici présenté comme un lieu où déjà règne la mort, le « grand cercueil de verre »évoquant probablement les multiples vitrines du passage.

L'auteur nous indique qu'il revient donc sur un sujet qu'il n'avait pas encore évoqué, et cela se voit justeaprès la conjonction de coordination, qui semble contraster totalement avec le reste de l'extrait. -En effet, on peut noter l'apparition du vocabulaire mystique jusqu'à la fin du texte, comme par exemple : « déifiée », « adorait », « temple » et « culte ».

Le sujet dece culte semble être « Libido », mise en valeur par sa place à peu près centrale dans le paragraphe et par le fait que le mot est en italique.

Le terme « Libido » estintroduit par une proposition circonstancielle comparative : « et comme la même blancheur déifiée depuis les temps qu'on l'adorait dans les suburbes romainespréside toujours au double jeu de l'amour et de la mort » Ainsi, cette blancheur déifié, c'est-à-dire élevée au rang de déesse, dont le culte était célébré dans lesbanlieues romaines, peut faire penser au culte qu'Aragon fait de la prostitution et de l'amour éphémère, introduit par le désir.

On peut remarquer l'emploi du termeanglais « suburbes » qui veut dire banlieue en anglais et qui se rapproche phonétiquement du nom d'un quartier romain important pour la prostitution, Subure, ce quipeut expliquer l'emploi du terme anglais.

En effet, le sujet du désir et de l'amour éphémère introduit forcement pour Aragon la prostitution, puisqu'il sait que lesprostituées illustrent parfaitement le « double-jeu de l'amour et de la mort », puisque cet amour est éphémère.

Ainsi, Aragon lie définitivement Eros et Thanatos par lacorde de Libido, c'est-à-dire par le désir.

La prostitution est associée à Libido : on voit cette déification de Libido, qui contrairement à Eros et Thanatos, n'était pasune déesse mythologique, déification opéré grâce à la majuscule, l'absence d'article qui en fait un nom propre entre autre.

La Libido, en plus d'être le désir, peut aussiavoir le sens d'énergie créatrice d'un individu, et on comprend mieux ainsi l'importance que lui donne Aragon. -Après cette évocation du passé romain, Aragon va parler de Libido à son époque, l'expression « ces jour-ci » marquant bien la différence avec « depuis les tempsqu'on l'adorait dans les suburbes romaines ». -« Libido qui, ces jours-ci, a élu pour temple les livres de médecine et qui flâne maintenant suivie du petit chien Sigmund Freud » Aragon semble ici exprimer sadéception vis-à-vis de la médecine et de la psychanalyse.

En effet, placer le désir dans des livres de médecine, en faire un simple concept médicinale réduit sapuissance créatrice.

L'attaque est plus sévère à l'encontre de Freud, pour qui la libido a pour but d'assurer la reproduction de l'espèce par le moyen du plaisir sexuel.Les surréalistes, notamment Breton et Aragon, accordait peu d'importance aux travaux de Freud, pour qui la découverte de l'inconscient devait avoir une vertuthérapeutique alors les surréalistes voyaient plutôt dans l'inconscient une source de libération de l'homme.

Ainsi, dans la société moderne, Libido semble avoir perdude ses pouvoirs, comme on peut le voir par l'emploi du verbe « flâner » à propos de Libido : ainsi, elle se promène sans but de nos jours. -La fin de la phrase revient pourtant sur le double jeu de l'amour et de la mort, en effet, la déesse Libido y préside toujours : « on voit dans les galeries à leurschangeantes lueurs » : le terme « galeries » montre que l'on est retourné dans le Passage de l'Opéra, et les « changeants lueurs » montrent bien cette alternance deslumières, qui vont du sombre au clair, pour symboliser la mort et l'amour.

« les changeantes lueurs vont de la clarté du sépulcre à l'ombre de la volupté ».

On a icideux associations d'idées contradictoires ( clarté-sépulcre, ombre-volupté ) qui forment un chiasme par le sens.

Ainsi, par exemple, la « clarté », qui véhicule une idéede lumière, est à la fois associé au terme « sépulcre », qui a une idée de mort, un sépulcre étant un tombeau et aussi à « volupté », qui induit le plaisir sexuel.

On voitalors que la Mort, représentée par « sépulcre » et « ombre », et l'Amour, représenté par « clarté » et « volupté » sont étroitement liés à travers cette figure de style, etreprend donc en insistant au « double jeu de l'amour et de la mort ». -Ce qui est vu dans les galeries, ce sont « délicieuses filles servant l'un et l'autre culte avec de provocants mouvements de hanches et le retroussis aigu du sourire ».Ces « délicieuses filles » peuvent alors être considérer comme les prêtresses qui célèbrent « l'un et l'autre culte », c'est-à-dire l'Amour et la Mort.

On peut donc penserque ces « délicieuses filles » sont des prostituées qui suscitent le désir. -La dernière phrase : « En scène, Mesdemoiselles, en scène, et déshabillez-vous un peu » rappelle la danse de la mort à la ligne 4, mais cette fois-ci, l'amour, bienqu'éphémère, est aussi associé à cette danse.

L'auteur se replace finalement en spectateur conscient que le désir est une puissance aussi bien créatrice quedestructrice. Conclusion 2ème partie : Ainsi, dans cette seconde partie, Aragon s'est servi de ce qu'il a fait dans la première partie pour élargir son propos sur l'amour éphémère,dont les prostitués seraient les prêtresses de ce culte.

L'association d'Eros et Thanatos est classique dans la littérature, mais les surréalistes aiment beaucoup cetteimage, Robert Desnos aurait d'ailleurs dit : « je n'imagine pas d'amour sans que le goût de la mort, dépourvu d'ailleurs de toute sensibilité et de toute tristesse, y soitmêlé » ( cité par Gérard Durozoi et Bernard Lecherbonnier, Le Surréalisme, Paris, Larousse, 1972, p.175). En conclusion, cet extrait est donc une éloge du désir et de l'amour éphémère, incarnée par les prostituées, et introduit le chapitre suivant, qui se concentre sur la. »

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