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EXPLICATION LINEAIRE "venus anadyomene" de raimbaud

Publié le 19/05/2020

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? Commentaire linéaire « Vénus anadyomène », Rimbaud Introduction Rimbaud est un génie précoce, considéré comme l?un des plus grands et des plus novateurs poètes français. Son ?uvre fulgurante rompt avec le lyrisme romantique pour générer une poésie surprenante, dissonante, et ironique. Son anticonformisme radical l?amène à fonder une beauté dans l?horreur, ainsi que l?esthétique surréaliste. « Vénus anadyomène » est un sonnet en d?alexandrins aux rimes embrassés. Le titre signifie en grec ancien « Vénus sortie des eaux », et désigne un motif artistique convenu et sensuel : la sublime naissance de la déesse de l?amour et de la beauté. Mais Rimbaud joue à briser l?effet d?attente suscité par le titre savant et sensuel : le poème décrit une Vénus cadavérique dans une baignoire. Problématique Nous verrons comment ce poème élabore une novatrice beauté dans l?horreur, dont l?hideuse Vénus est l?allégorie. Plan Dans une première partie (premier quatrain), la tête hideuse de Vénus sort d?une baignoire. Dans une deuxième partie, (deuxième quatrain), l?horrible Vénus émerge jusqu?au cou. Enfin, dans une troisième partie (tercets), l?abominable Vénus sort des eaux. I La tête hideuse de Vénus sort d?une baignoire (Premier quatrain) Le poème s?ouvre sur une comparaison révulsante, introduite par l?adverbe comparatif « Comme ». Cette antéposition du comparant crée un effet d?attente : le lecteur ignore ce qui est semblable à « un cercueil vert en fer blanc ». L?horreur de l?évocation morbide est intensifiée par l?alternance du « e » ouvert et de la voyelle nasale « en » : « vert en fer blanc ». A l?effet de dissonance, s?ajoute le mot « enfer » que l?on enten...

« Le troisième vers prolonge le précédent par un enjambement, et laisse enfin apparaître le verbe d’une phrase jusque-là incomplète : « D’une vieille baignoire émerge ».

La scénette apparaît plus clairement, au présent de description. Rimbaud remobilise le motif artistique de la Vénus sortant des eaux, pour le dégrader : la mer est devenue une banale baignoire bon marché, en zinc, et peinte en vert.

Cette couleur, associée à l’absinthe et à la débauche parmi les milieux décadentistes de la fin du XIXe siècle, pourrait même assimiler la déesse à la figure de la prostituée. L’adjectif « vieille » est oxymorique lorsqu’il s’agit de décrire Vénus naissante.

Rimbaud déploie ainsi une esthétique cruelle qui avilit l’incarnation de la beauté. Ce renversement esthétique est également à l’œuvre dans le choix des adjectifs « lente et bête ».

L’allitération sourde en « t » restitue la pesanteur de la déesse. Ce quatrain liminaire se clôt sur une remarque satirique portant sur la disgrâce physique de Vénus : « Avec des déficits assez mal ravaudés ».

La locution adverbiale « assez peu » constitue une litote insistant sur la beauté perdue du visage de la déesse. Le point-virgule prolonge la phrase, qui énonce une longue, insoutenable et morbide description. II L’horrible Vénus émerge jusqu’au cou (Deuxième quatrain) Le deuxième quatrain dénigre le cou avec la contre-assonance disgracieuse « gras et gris », reprise et inversée dans l’adjectif « larges ».

Le substantif « col » animalise la déesse, dont émergent les omoplates « qui saillent ».

Le rejet insiste sur le dur relief des os, qui s’oppose aux représentations charnues et plantureuses de la déesse.

L’enjambement maintient la brisure des vers, dont l’enchaînement irrégulier représente la laideur bizarre de Vénus.

Vénus est également petite (« le dos court »), ce qui contredit également l’idée de grandeur et d’expansion associées à sa naissance. L’anaphore ternaire en « qui » multiplie les propositions relatives brèves.

Elle ne confère à la déesse aucune grâce, aucune fluidité, quand bien même elle sort des eaux. La déesse est au contraire pesante et grasse.

Cette lourdeur est restituée en une durable allitération en « r », des vers six à huit : « rentre », « ressort », « rondeurs des reins », « prendre essor », « La graisse sous la peau paraît ». Les verbes de perception « sembler » et « paraître » témoignent du regard alerte du poète, sensible à ces détails infâmes.

La déesse traditionnellement lisse, pure et vierge, voit désormais sa peau bosselée par la graisse, la cellulite.

Les « feuilles plates » pourraient également désigner les mauvais (« plates ») poèmes (« feuilles ») ou les tableaux d’éloge à Vénus, auxquels Rimbaud répond ici avec une ironie féroce. III L’abominable Vénus sort des eaux (Tercets) Le premier tercet maintient la dynamique du poème : Vénus sort des eaux de la baignoire.

Le substantif « échine » l’animalise, et le groupe nominal « le tout » la réifie.. »

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